Le projet du barreau Roissy-Picardie en danger
Samedi 24 juin, la Région Hauts-de-France, la Ville d’Amiens, Amiens Métropole, la ville de Creil et les Départements de la Somme et de l’Oise se sont réunis pour dénoncer l’échec de la candidature portée par SNCF Réseau et l’État au mécanisme pour l’interconnexion en Europe. Dans l'Oise, ce barreau permettrait de relier Creil à l’aéroport.
Le
barreau Roissy-Picardie ne figure pas parmi les 107 projets
d’infrastructures prochainement financés par la Commission
Européenne. Aujourd’hui le financement du projet reste par
conséquent en suspens. Les élus de la
Région Hauts-de-France, de la Ville d’Amiens, d'Amiens Métropole,
de la ville de Creil ainsi que des Départements de la Somme et de
l’Oise ont donc tenu à s'exprimer dès samedi 24 juin afin de
réagir à cette nouvelle. « Permettant
de rallier la ville d’Amiens, au réseau à grande vitesse
national, et de connecter le sud de la Région Hauts-de-France au
bassin d’emploi de Roissy, le barreau Roissy-Picardie représente
un projet ambitieux et clé pour la décarbonation des transports de
notre territoire », a
souligné Alain
Gest, président d’Amiens Métropole qui avec
Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France, Brigitte
Fouré, maire d’Amiens, Jean-Claude Villemain, maire de Creil, président de la Communauté d’Agglomération Creil Sud Oise,
Stéphane Haussoulier, président du Conseil départemental de la
Somme
et, par téléphone, Nadège
Lefebvre,
la présidente du Conseil départemental de l’Oise,
ont exprimé leurs craintes.
Le projet, qui est passé de 350 millions d'euros en 2017 à 570 millions d'euros aujourd'hui, devait voir le jour fin 2025. Cependant, le 22 juin, l'Union européenne a refusé une deuxième fois de participer au projet. « Je n’en veux pas du tout à l’Europe qui nous soutient quant au projet du canal Seine-Nord. C’est un enjeu d’intérêt régional, mais aussi national », a affirmé Xavier Bertrand qui a prévu des rencontres avec la présidente du Val-d’Oise Marie-Christine Cavecchi et la présidente d’Île-de-France Valérie Pécresse. Pour que « tout le monde joue le jeu » de Picardie-Roissy, poursuit Xavier Bertrand : « C’est aussi dans l’intérêt du Grand Paris ».
Un
projet pourtant essentiel
« Nous alertons sur le devenir du barreau TGV Picardie-Roissy, projet essentiel pour la Somme. L’heure est grave et nécessite que chacun doit assumer ses responsabilités. Le Département de la Somme, en tant que collectivité de proximité, répond présent. Le Président de la République s’est engagé sans détour en venant à Amiens en 2021, sa parole doit être respectée, notamment par SNCF Réseau. Nous écrirons la semaine prochaine au Chef de l’État pour demander la mise en place d’un comité de pilotage avec des garanties, notamment sur le soutien financier de l’État et la tenue du calendrier. Il en va de l’attractivité de notre territoire », a informé Stéphane Haussoulier, président du Conseil départemental de la Somme.
Crainte justifiée car il manque près de 80 millions d’euros pour que le barreau Creil-Picardie-Roissy ne voie le jour. « L’heure est grave en effet » pour Brigitte Fouré, la maire d’Amiens. « Nous nous sommes réunis pour dénoncer l’échec de la candidature portée par SNCF Réseau et l’État au mécanisme pour l’interconnexion en Europe. » Le barreau ferroviaire doit relier l’aéroport de Roissy à Amiens, grâce à la construction de six kilomètres de ligne nouvelle. Ce qui permettrait de relier Creil à l’aéroport. « La commission européenne n’a pas souhaité accompagner le projet à hauteur de 80 millions. Face à ce désengagement inattendu nous sommes inquiets quant à la pérennité du projet. Les collectivités ne peuvent pas prendre en charge ce surcoût. L’état français qui portait ce dossier au niveau européen a été recalé par deux fois. Nous demandons fermement que l’état prenne ses responsabilités. Un comité de pilotage doit être organisé sous la présidence du ministre pour confirmer le projet, son financement et le calendrier. Le Président de la république a affirmé son soutien et sa volonté d’accompagner ce projet. Il lui appartient aujourd’hui de donner les directives claires. L’importance de ce barreau est majeure. Il va irriguer l’ensemble de la Picardie, répond aux impératifs liés aux impacts climatiques et soutien le pouvoir d’achat des futurs usagers », assure Jean-Claude Villemain, président de l'agglomération Creil Sud Oise
Un projet sur les rails depuis 1994
En 2017, le Premier ministre Bernard Cazeneuve s’était même engagé lors de sa venue à Amiens à ce que ce barreau, évoqué depuis de longues années, soit mené à bien. Il ne s’agit, en effet, que de 6,5 km de voies qui permettront de relier directement Creil à Roissy. Et donc l’ex-capitale régionale au réseau TGV, sans avoir à passer par la gare du Nord de Paris.
Les collectivités territoriales ont elles aussi mis la main à la poche afin de renforcer les chances de concrétisation de ce projet. « De nombreux habitants de région parisienne s’intéressent aux villes à une heure de Paris, pour y habiter, voire y travailler. Mais ce barreau sera aussi un atout pour le confort des habitants de notre agglomération, par exemple pour les vacances », rappelle Alain Gest. De plus, « les TGV et TER arriveront à Amiens dans un quartier en pleine renaissance, Gare-la-Vallée. » Ce barreau présente aussi des vertus sanitaire, sociale, économique et environnementale, en réduisant le recours aux voitures.