L’éolien entre deux vents
Le député européen de la circonscription Nord-Ouest, Gilles Pargneaux, est venu à la rencontre des professionnels de l’éolien lundi 17 octobre dans les locaux de H2air à Amiens.
De qui se moque-t-on ? » Gilles Pargneaux, député européen du Nord-Ouest, ne mâche pas ses mots à l’égard du président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand. La scène a tout du règlement de comptes ce lundi 17 octobre dans les locaux de H2air à Amiens. En cause, les propos tenus par Xavier Bertrand sur Twitter le 13 octobre (voir photo) mais aussi la lettre à un industriel de l’éolien de Philippe Rapeneau, vice-président de la région en charge du Développement durable. Ce dernier dans une missive du 11 juillet, cité par Gilles Pargneaux, y écrit : « Notre région a très largement contribué aux efforts à consentir en matière de nouvelles implantations d’éoliennes. » Le rapporteur du parlement européen pour la COP21 affiche une colère froide face à cette fin de non-recevoir quant aux questions du professionnel et étaye ses propos en conséquence : « Prenons l’exemple de la Basse-Saxe qui a de fortes ressemblances avec les Hautsde-France. Dans ce Länder, c’est 0,12 éolienne par km2 alors que chez nous ce n’est que seulement 0,04 éolienne par km2. Il y a 0,7 éolienne pour 1 000 habitants alors que dans les Hauts-deFrance, il y en 0,2 pour 1 000 habitants. Ils se moquent du monde », assène le député venu prendre le pouls des industriels avant de se rendre à la COP22 au Maroc du 7 au 18 novembre.
Une filière en expansion À ses côtés, Roy Mahfouz, président de H2air, Pauline Le Bertre, déléguée générale de France énergie éolienne (FEE) et Ralf Grass, délégué région Nord de FEE et président d’EnergieTeam sont moins agressifs. Loin d’être à la recherche d’une confrontation, les professionnels de l’éolien préfèrent s’en tenir à tous les apports bénéfiques du secteur pour les Hauts-de-France. Il y a tout d’abord le WindLab situé à Amiens. « C’est la meilleure formation française en éolien. Le taux de placement est proche de 100% et chacune des personnes formées a reçu une proposition à la fin de son apprentissage », vante Ralf Grass. La deuxième région, derrière celle l’Île-de-France, en termes d’emplois éoliens est amené à en créer d’autres. « Pour la seule année 2015, il y a eu13% d’emploi nouveau pour la seule région des Hauts-de-France », explique Gilles Pargneaux. Dans une région où le taux de chômage flirte avec les 12%, soit 2,4 points au-dessus de la moyenne nationale, l’argument fait mouche. Le rôle joué par la filière sur le territoire n’est pas uniquement dans ce domaine.
Un acteur économique « Nous sommes des acteurs économiques avec des objectifs fixés par la loi de transition énergétique », rappelle Pauline Le Bertre. L’arrêté du 24 avril 2016 relatif aux objectifs de développement des énergies renouvelables signé par Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, de l’énergie et de la mer souhaite doubler le nombre d’éoliennes sur le territoire. Au-delà de la dimension écologique, cela aura un impact sur les ressources des collectivités territoriales accueillant des parcs éoliens. « Nous avons payé 33 millions d’euros en 2016 d’impôts locaux sur la région. À partir de 2020, 59 millions d’euros par an seront versés profitant ainsi aux communes, aux communautés de communes, aux départements et à la région », relève Ralf Grass. Une manne financière non-négligeable pour des collectivités en souffrance face à la baisse des dotations. Pour pouvoir poursuivre cette croissance, « le président de région donne une impulsion politique », explique Pauline Le Bertre. Cela passe notamment par le nouveau Schéma régional climat, air, environnement (SRCAE) défini par le conseil régional. Une réunion est prévue avec les professionnels de l’éolien courant novembre. « L’atout de notre région, c’est le vent. Il faut le prendre comme un véritable atout industriel », conclut Ralf Grass. La balle est désormais dans le camp de Xavier Bertrand.