Les entreprises se préparent à un hiver de résistance en Hauts-de-France
Les Assises régionales de l’économie se sont déroulées, comme tant d’autres manifestations dans la région, via un Webinar. Derrière leurs écrans, le président de la CCI Hauts-de-France, Philippe Hourdain, Kathie Werquin-Wattebled, directrice régionale de la Banque de France, et des témoins entrepreneurs face à une situation qui déroute bon nombre d’entreprises.
« L’économie, c’est la confiance », n’a cessé de marteler Philippe Hourdain, mettant en garde contre le pessimisme ambiant face à une situation inédite et incertaine ? « C’est vrai qu’on a l’impression d’être dans un tunnel dont on ne voit pas le bout. Les entrepreneurs fatiguent même s’ils sont soutenus par leurs équipes et les dispositifs d’aide. Nous sommes dans une hyper crise. S’il y avait du scepticisme lors de la première vague, je sens surtout la détermination de s’en sortir chez les entrepreneurs », affirme-t-il encore.
Le premier des patrons de la région travaille d’ailleurs avec des médecins pour imaginer des confinements différents, tient pour acquis que les élections régionales seront reportées « afin de ne pas refaire l’erreur des municipales », et saisit les opportunités que la crise peut déclencher. « On a réussi à mobiliser 600 millions pour la Rev3, dans la transition énergétique. Oui, la Covid-19 est un accélérateur de tendance », analyse-t-il encore. Priorité absolue : « passer la crise ». La situation économique des Hauts-de-France est en effet inquiétante. L’enquête du troisième trimestre de la CCI Hauts-de-France indique une perte de 39% du chiffre d’affaires des entreprises. La situation est aussi paradoxale : si la perte de richesse au niveau national comme au niveau régional est substantielle, des indicateurs plus détaillés montrent une disparité.
Des liquidités libérées
Le tableau de bord de l’Insee indique, par tendance uniquement, que l’emploi est en baisse, sauf l’intérim, lors du deuxième trimestre de cette année. Au troisième trimestre, les créations d’entreprise sont en hausse tandis que les défaillances (cumulées depuis le début de l’année) sont en forte chute. Dans son relevé mensuel, la Banque de France fait le même constat et reste lucide : « Dans le contexte de la crise sanitaire de l’épidémie de la Covid-19, au moment où l’activité économique se trouve brutalement ralentie, mettant en difficulté un grand nombre d’entreprises, le nombre de défaillances d’entreprises est paradoxalement en forte baisse. Ceci s’explique à la fois par la période de confinement qui a affecté le fonctionnement des juridictions commerciales, et par l’adaptation de la réglementation qui accorde temporairement des délais supplémentaires, tant pour apprécier l’état de cessation de paiements que pour le déclarer. » Nous ne voyons donc pas encore concrètement l’impact de la crise dans les défaillances.
Les liquidités mises en circulation dans l’économie et les pauses fiscales ont gelé une large partie des trésoreries des entreprises. Les Prêts garantis par l’État tournent toujours à plein régime. Les banques jouent globalement le jeu : à taux compris entre 0,4 et 2,2%. « On ne peut pas contraindre les banques à prêter. Mais la réglementation sur leurs fonds propres a été allégée. Elles ne pourront pas dire qu’elles ne peuvent pas prêter. Il n’y a pas de freins sur les liquidités. L’enveloppe est très large : 122 milliards d’euros. Le taux de refus de prêt est de 2% », égrène Kathie Werquin-Wattebled, directrice régionale de la Banque de France. Entre les deux confinements, les entreprises ont rebondi, se sont adaptées et ont repris confiance.
Prudence, prudence…
Depuis le deuxième confinement, c’est la prudence qui joue à plein. Cela se voit dans les choix financiers avec des dettes qui ont augmenté et des trésoreries qui ont suivi le même mouvement avant de décroître très récemment. « D’une part, certaines entreprises ont sans doute eu un comportement de précaution en utilisant leurs possibilités d’emprunt pour se constituer un coussin supplémentaire de trésorerie. À cet égard, le dernier baromètre trimestriel sur la trésorerie, l’investissement et la croissance des PME publié par BPI France (septembre 2020) indique que le PGE a essentiellement été affecté au financement du besoin en fonds de roulement des PME/TPE et la trésorerie courante (58% des entreprises). 23% des entreprises interrogées en ont utilisé une partie pour rembourser des dettes préexistantes et 11% seulement l’ont utilisé pour financer des investissements. Enfin, 68% des entreprises interrogées affirment conserver une part importante du PGE en liquidité. Au total, une partie non négligeable de la dette levée par les SNF depuis mars 2020 est restée en trésorerie. »