LES GRANDES SURFACES PRENNENT LE PAS DANS LA RÉGION
L’Insee Hauts-de-France vient de publier son étude sur l’emploi commercial dans la région. 14 000 emplois commerciaux ont été créés entre 2006 et 2015. Le secteur du commerce se porte donc bien, même si l’institut observe une mutation des commerces de villes-centres vers la périphérie.
Alors que l’emploi total est à la baisse dans la région (-0,1% par an), l’Insee Hauts-de-France montre dans sa dernière étude que le secteur du commerce continue sa croissance. Entre 2006 et 2015, les emplois commerciaux ont augmenté à un rythme proche de la moyenne nationale (respectivement +0,5% et +0,6%). Avec 321 200 emplois, le commerce représente 15% de l’emploi total en Hauts-de-France. Un cinquième de ces emplois relève de “commerces non spécialisés”, c’est-à-dire les grandes surfaces.
DISPARITION DES COMMERCES EN VILLES-CENTRES
En 2015, 150 hypermarchés et 1 200 supermarchés concentraient 21% de l’emploi commercial régional (contre 19,3% en 2006). La population assiste à une disparition des commerces en villes-centres (-2,2 points depuis 2006) au profit des périphéries (+1,9% par an) et des banlieues (+1,1%). Cette mutation correspond à une stratégie privilégiant les grands espaces et les parkings gratuits pour accueillir les clients. Le développement des grandes surfaces se fait au détriment des commerces de petite taille. Le nombre de supérettes a baissé de 0,8% en dix ans, générant 1,9% d’emplois en moins chaque année. Les commerces spécialisés dans l’alimentaire s’implantent par conséquent moins vite dans la région (+0,4% par an entre 2006 et 2015). L’Insee constate que de nombreux poissonniers et primeurs mettent la clé sous la porte (respectivement -4,2% et -0,7% par an). Les consommateurs privilégient les grandes surfaces qui présentent des prix plus attractifs pour ces produits. L’artisanat commercial, dont les boulangeries-pâtisseries, souffrent également du phénomène (-2% entre 2006 et 2015).
LA MOITIÉ DES COMMERÇANTS SONT DES FEMMES
Le commerce de culture et de loisirs bénéficie quant à lui d’une croissance annuelle moyenne de l’emploi de 1,9%. Ce grâce à l’installation d’enseignes de vente d’articles de sport dans la région. Mais le secteur commercial qui progresse le plus est celui des soins de la personne (soins de beauté, coiffure…), avec une multiplication des établissements (+4,3%) et une forte création d’emplois (+2,8%). La mise en place du statut d’auto-entrepreneur en 2009 a particulièrement favorisé cette activité. Une fois de plus, cette tendance est plus forte en banlieues qu’en villes-centres. Quatre emplois sur cinq dans le secteur des soins de la personne et de l’équipement (habillement, maroquinerie) sont d’ailleurs occupés par des femmes. 43% d’entre-elles exerce son activité à temps non complet (contre 17,3% chez les hommes).
82,2% DES SALARIÉS EN CDI
Ces contrats à temps non complet sont aussi fréquents dans la restauration (44,6% des contrats dans le domaine). Cette branche d’activité survit dans les villes-centres et crée des emplois à hauteur de 1,5% par an. Mais c’est la restauration rapide qui porte cette croissance, tandis que la restauration traditionnelle se contracte (-0,5%). En 2015, 82,2% des salariés du secteur commercial étaient en Contrat à durée indéterminée (CDI) dans la région. Cette proportion est légèrement supérieure à celle observée dans l’emploi salarié total (80,7%). Le secteur de l’automobile se démarque avec 90% des salariés en CDI. Ce sont également plus souvent des temps complets.
L’EST DE LA RÉGION EN PERTE DE VITESSE
L’aire urbaine de Lille concentre 30% des emplois commerciaux, soit 84 400 emplois dans les Hauts-de-France, avec une progression de 1,4% par an. La partie régionale de l’aire urbaine de Paris, attractive pour sa proximité avec l’Île-de-France, connaît une croissance similaire (+1,3%). À l’instar de la répartition de la population sur le territoire régional, neuf emplois commerciaux sur dix se situent dans les grandes aires urbaines. À l’inverse, un ralentissement de la croissance démographique entraine une diminution de la création d’emplois commerciaux. C’est le cas dans les aires de Maubeuge et de Valenciennes, dans le Nord, et de celles de Saint-Quentin et de Laon dans l’Aisne. Seules les aires urbaines de Berck et Abbeville bénéficient d’un dynamisme, sauvé par le tourisme.