Les Hauts-de-France se rêvent terre de gaz verts
Tous les deux ans, les acteurs du territoire se rassemblent pour la journée Metha’Morphose. Cette année, cap à Gosnay (62), pour faire le point sur le sujet.
Face au dérèglement climatique, la France s’est donné une mission : réduire ses émissions de gaz à effet de serre à hauteur de 50% d’ici 2030. Dans cette optique, la région Hauts-de-France s’est engagée, avec la démarche Rev3, à devenir le premier territoire en production de biométhane injecté d’Europe. Une ambition portée par le Corbi (comité opérationnel régional du biométhane injecté) qui organise tous les deux ans la journée Métha’Morphose. Un rendez-vous qui s’est déroulé le 7 décembre dernier à la Chartreuse de Gosnay.
Accélérer la filière biométhane
Ateliers d’échanges, tables rondes… Cette journée était l’occasion de dresser un état des lieux du gaz vert régional. Actuellement, 90 unités de biométhanisation sont déployées sur le territoire, avec une capacité de 2 Térawattheures. Ce qui évite le rejet de 400 000 tonnes de dioxyde de carbone par an. «Nous avons un fort potentiel de production de par l’activité agricole intense sur le territoire», explique Etienne Goudal, chef de projet nouveaux gaz verts de la GRDF. Ce dernier préconise aussi le développement d’autres gaz bio via la pyrogazéification. « Cette méthode consiste à bruler des déchets et à récupérer le gaz. Ce sont des filières qui ont aussi de l’avenir dans la région. »
La région espère accroître ces usines vertes d’ici 2025. «Contrairement au réseau du transport d’électricité, les investissements pour adapter les infrastructures gazières sont moindres. Soit 10 milliards contre 200 à 300 milliards pour les réseaux électriques», compare Etienne Goudal. Et pour accélérer les projets de méthanisation, l’Ademe propose jusqu’à 700 000€ de subvention. «Nous travaillons aussi avec la BPI avec des prêts sous forme de crédits», ajoute Simon Karleskind, directeur régional Hauts-de-France de l’Ademe.
Lever des freins
Métha’Morphose était aussi l’occasion d’échanger avec les élus. «Il faudrait mettre en place une aide énergie renouvelable ou bien des zones d’accélération pour ces énergies vertes», envisage Franck Meurillon, vice-président SIECF, élu de la ville de Nieppe. Cette année, des textes réglementaires ont apporté des changements sur la revalorisation des tarifs d’achat concernant les nouveaux projets. Ils ont aussi permis d'augmenter la capacité de production pour les producteurs de gaz vert. «Il reste encore beaucoup de freins à lever. Pour cela, nous préparons une feuille de route qui accélérera le biométhane», souligne Jean-Gabriel Delacroy, secrétaire général pour les affaires régionales auprès du préfet de la région Hauts-de-France. Il ne reste plus qu’à identifier les collectivités qui ont des besoins.
«Il faudra aussi communiquer avec la population qui a encore beaucoup de préjugés sur la méthanisation», détaille Franck Meurillon. C’est dans cette visée que le Corbi a remis, dans le cadre du challenge Méth'Agri Camps, le prix régional du jury aux lycéennes du Campus agro-environnemental 62 de Tilloy-lès-Mofflaines. Risque d’explosions, mauvaises odeurs, chute du prix de l’immobilier… L’équipe «La métha à savoir» porte un projet de dessin animé pour tout comprendre sur la méthanisation. «Nous voulons lutter contre l’agribashing de manière ludique et sensibiliser les jeunes générations avec un court-métrage animé», décrivent les lycéennes de Tilloy-lès-Mofflaines.
Le public a aussi décerné un prix coup de cœur aux lycéens de l'établissement agricole privé Sainte-Marie à Aire-sur-la-Lys. Leur objectif : faire participer financièrement les communautés de communes et ses habitants pour monter une unité de méthanisation. Deux projets qui pourront être concrétisés avec une aide de la région de 3 500€.