Les jeunes diplômés invités à découvrir les entreprises françaises
Le gouvernement invente le Volontariat territorial en entreprise (VTE). Objectif : inciter les jeunes diplômés à découvrir les PME industrielles du territoire. Un pari destiné à pallier les difficultés de recrutement que rencontrent ces sociétés.
Le Sud-Alsace ou le Berry, aussi attrayants que Singapour et
San Francisco aux yeux des générations Y et Z ? C’est le pari que va devoir
tenir le VTE. Calqué sur le modèle du Volontariat international en entreprise
(VIE), créé en 2000, qui permet aux jeunes de réaliser une première expérience
professionnelle dans des sociétés françaises implantées à l’étranger, ce
nouveau dispositif vise à les inciter à orienter leur carrière vers les PME et
ETI industrielles en France. C’est le 23 mai dernier, lors du Conseil national
de l’industrie que Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des finances, et
Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, banque publique
d’investissement, ont lancé l’opération. Pierre angulaire, le site Internet
dédié (www.vte-france.fr) joue le rôle d’interface entre les étudiants et
jeunes diplômés qui peuvent candidater, et les PME et les ETI, lesquelles
déposent des annonces.
Parmi ces entreprises, nombreuses sont celles implantées dans les Territoires d’industrie, ces zones qui font l’objet d’une politique spécifique de développement, lancée en novembre 2018 par le Premier ministre, Édouard Philippe. Pour les candidats, le VTE offre « une possibilité d’immersion dans la vie d’une PME en exerçant immédiatement des responsabilités importantes aux côtés du ou de la dirigeant(e) », promet Bpifrance dans un communiqué. D’après l’établissement, l’opération devrait être bénéfique pour les deux parties. Le volontaire profite d’une expérience professionnelle enrichissante. Pour le chef d’entreprise, c’est l’occasion d’essayer de conserver ces nouveaux talents, potentiellement séduits par l’expérience. Concrètement, le dispositif VTE s’adresse aux étudiants et jeunes diplômés de niveau bac +2 à bac +5. Il consistera en une expérience d’au moins un an, rémunérée par l’entreprise, et qui pourra prendre différentes formes : contrat d’apprentissage pour les étudiants, CDD ou CDI classique pour les jeunes diplômés.
Neuf PME sur dix ont du mal à recruter
Pour rendre le dispositif effectif, le gouvernement s’est
tourné vers les établissements d’enseignement supérieur, dont certains se sont
déjà engagés à promouvoir l’opération auprès de leurs étudiants, comme l’emlyon
business school, les écoles de l’institut Mines Télécom, Hautes Études Sorbonne
Art et métiers et l’Université de technologie de Belfort-Montbéliard.
Quant à Bpifrance, la banque publique entend se mobiliser
auprès des entreprises qu’elle accompagne, pour les inciter à recruter en VTE.
Le gouvernement compte également sur les Territoires d’industrie pour
promouvoir ce dispositif auprès de leurs entreprises et des collectivités
territoriales, ces dernières pouvant simplifier la vie des VTE en favorisant
leur mobilité et leur accès au logement.
C’est dès la rentrée prochaine que la première promotion va
démarrer, avec un objectif d’une centaine de contrats signés. Après cette
première expérimentation, le gouvernement cible un objectif de 2 000 VTE par
an. L’enjeu est de taille : près de neuf PME et ETI sur dix connaissent des
difficultés à recruter, et ce, à tous les niveaux de qualification et à tous
les postes, souligne le Lab Bpifrance, en référence à l’une de ses études
publiées en novembre 2017. Près de la moitié des entreprises vont même jusqu’à
qualifier ces difficultés de sérieuses, à savoir fréquentes ou ayant
potentiellement un impact sensible sur la progression de leur chiffre
d’affaires.
Autre souci, la fidélisation des salariés : 42% des
répondants font face, ponctuellement ou régulièrement, à des départs de
salariés-clés, d’après l’étude. Par ailleurs, le sentiment de manquer de
talents augmente avec la taille et le rythme de développement.