Les tiers-lieux, triplement vertueux

Zéro carbone, zéro exclusion et zéro pauvreté : les tiers-lieux auraient-ils un rôle à jouer pour atteindre ces objectifs ? Le 5 septembre, à Paris se tenait la 15ème édition du Forum mondial Convergences 3 Zéro, consacré à la recherche de nouvelles voies économiques et sociétales. Lors d'une table-ronde, plusieurs représentants de tiers-lieux – situés à la ville et à la campagne- ont illustré combien ces espaces et projets peuvent contribuer à tendre vers le « 3Zéro ». Sous des formes diverses, les tiers-lieux ont « en commun de mutualiser des espaces et des compétences, hybrider des activités et réunir un collectif citoyen engagé, favorisant la coopération pour répondre aux enjeux de leur territoire », d'après l’association France Tiers-lieux.

Parmi les témoignages, celui de Jean Karinthi, l'un des fondateurs de l'Hermitage, tiers-lieu situé en milieu rural, et également engagé dans le mouvement 3Zéro. Depuis six ans, l'Hermitage est implanté à la frontière de l'Aisne et de l'Oise, sur la friche d'un hôpital abandonné qui avait lui même été implanté sur le site d'un ancien domaine agricole – betteraves à sucre et pommes de terres.

Aujourd'hui, l'Hermitage accueille entreprises qui souhaitent développer leurs projets, mais aussi ONG, formateurs, particuliers....dans le souci de développer des projets locaux et inclusifs. « Nous avons créé un tiers-lieu d'innovation rurale et citoyenne, intégré dans le territoire » résume Jean Karinthi. Côté ville, Plateau Urbain, une coopérative, s'est lancée en 2013 dans « l'urbanisme transitoire », explique Simon Laisney son fondateur et directeur général. Le constat de départ : la coexistence d'un grand nombre de mètres carrés vacants et d'une multitudes d'associations et de microentreprises qui ne trouvent pas à se loger dans la Capitale.

La clé d'entrée : un lieu pour se loger ou travailler

Plateau Urbain se glisse dans « l'interstice de temps » disponible avant qu'un bâtiment change de destination, pour en obtenir l'usage à titre gracieux. « Nous utilisons des espaces déjà bâtis et nous permettons à des activités de retrouver leur place dans la ville dont ils étaient exclus à cause des prix de l'immobilier », synthétise Simon Laisney. Autre facette du projet, l' « hybridation » des lieux qui réunissent une communauté éclectique d'usagers durant 24 à 36 mois. Plateau Urbain a monté un projet avec l'association Aurore, qui héberge des personnes en grande précarité, pour constituer un lieu mariant activités, ouverture au public et logement pour les plus démunis.

C'est à partir de ce point de départ qu'Habitat et Humanisme aborde la thématique des tiers-lieux. Depuis 35 ans, cette fédération est spécialisée dans le « logement accompagné » pour divers publics en difficulté (personnes âgées, en situation de pauvreté, réfugiés... ). Sa spécificité réside précisément dans l'accompagnement systématique des personnes auxquelles elle fournit un logement. Dans ce cadre, « nos tiers-lieux solidaires sont des lieux ouverts, mais ils sont avant tout une forme d'accompagnement. Il s'agit de développer des liens, de recréer du lien social », explique Jean-Baptiste Lesort, responsable innovation chez Habitat et Humanisme. Ainsi, ces espaces proposent des activités comme de la formation ou des loisirs. À la ville ou à la campagne, partant des besoins de logement ou d'activité, les tiers-lieux participent d'une logique de mixité des usages et des populations ancrées dans les territoires...