L’industrie cosmétique opère une mue importante avec le numérique
L’industrie de la cosmétique vient de lancer une application gratuite pour décrypter la composition de ses produits et rassurer les consommateurs. Les préoccupations de ces derniers, qui rejettent des ingrédients controversés, poussent le marché à opérer une mue importante.
Comme un goût de contre-offensive… Ce mois de novembre, une nouvelle application gratuite pour mobile, Claire, a été lancée. Objectif : décrypter la composition des produits cosmétiques. L’application a été lancée par la Febea (Fédération des entreprises de la beauté), le syndicat professionnel des entreprises de beauté et de bien-être, qui rassemble plus de 350 entreprises, dont 82% de TPE et PME. En fait, Claire est loin d’être la seule application dans ce domaine. Elle en rejoint d’autres, comme INCI Beauty, Clean Beauty, et surtout Yuka, qui revendique 20 millions d’utilisateurs dans le monde. Cette dernière application, née en 2017, avait débuté par les produits alimentaires et commencé, l’année suivante, à évaluer aussi les produits de beauté. Et les notes qu’elle attribue, en fonction de la dangerosité estimée du produit pour la santé, ont de quoi faire trembler les marques… Le point rouge qui s’affiche, lorsque le produit est jugé nocif en raison des ingrédients qu’il contient, conduit neuf utilisateurs sur dix à le reposer sur le rayon, d’après Yuka. Contre-feu, l’application Claire entend donc « fournir des réponses claires, précises et vérifiées aux questions des consommateurs sur les ingrédients cosmétiques (…). L’application n’a pas pour objectif de classer le produit dans une catégorie “bonne” ou “mauvaise”, car une telle classification n’a pas de base scientifique : elle suppose un algorithme et donc des partis pris.(…) : un produit de protection solaire est souvent classé comme “mauvais” ou “risqué” pour la simple raison qu’il existe des polémiques sur certains filtres solaires, sans avis scientifique tranché », précise la Febea, dans un communiqué.
Un changement complet
En toile de fond, de cette bataille des applications, la préoccupation croissante des Français quant à l’impact de leurs produits du quotidien sur la santé, qui s’est étendue de l’alimentation aux produits de la salle de bain. Les conséquences de cette attente a un effet sur les ventes, qui est très loin d’être anecdotique : en matière de produits d’hygiène beauté, en 2019, le chiffre d’affaires des produits bio et naturel en grande distribution a cru de 38%, pour atteindre 680 millions d’euros, d’après le panéliste Iri. Résultat, les plus grands groupes du secteur, comme L’Oréal ou Henkel, ont récemment créé des marques bio, La Provençale pour le premier, N.A.E pour le second. Mais, surtout, ils ont entamé une reformulation de l’ensemble de leurs produits, retirant des substances controversées, comme le paraben, ou augmentant le pourcentage d’ingrédients naturels. Au programme, également, une révision des packagings (plastique recyclable, produits rechargeables), destinée à répondre aux préoccupations environnementales des consommateurs.
La tendance est aussi porteuse pour de nouvelles petites marques. À l’image de Lamazuna, entreprise pionnière du zéro déchet, initialement distribuée dans des circuits alternatifs, comme les boutiques bio. Elle propose, par exemple, des shampoings solides, à base d’ingrédients naturels. Cette année, son chiffre d’affaires a dépassé les 10 millions d’euros. Signe de l’ampleur du mouvement qui bouleverse le secteur, elle vient de lancer une nouvelle marque, The Green Emporium, pour la grande distribution.