Méthanisation agricole : dans l'Oise, la filière se construit
La Préfecture et la Chambre d'agriculture de l'Oise ont signé une charte de mise en place d'une « stratégie départementale d'accompagnement de la filière méthanisation agricole dans l'Oise », le 6 décembre, avec l'appui de la Draaf et de la Dreal. L'objectif ? Accompagner et aider les agriculteurs dans l'élaboration de leur projet tout en le faisant accepter par les collectivités et les citoyens. Filière d'avenir, la méthanisation agricole s'implante de plus en plus sur le territoire.
L'Oise est une
terre agricole propice au développement de la méthanisation
agricole, ce procédé de production d'énergie renouvelable (gaz ou
électricité) à partir de déchets organiques. Et nombreux
de ces projets ont vu le jour : en septembre
2021, la Chambre d'agriculture de l'Oise recense 13 unités de
méthanisation agricole sur les 15 unités en fonctionnement sur le terrtioire, les
deux plus gros étant la Ferti Oise, à
Coudun, et Valois énergie, à Senlis. Et déjà 32 autres projets
sont en cours d'élaboration.
Le
bilan de ces unités impacte déjà sur l'environnement :
l'ensemble des méthaniseurs représente une puissance totale d'un
plus de 30MW, dont 28 MW sont d'origine agricole, soit 20 000
logements approvisionnés en biogaz.
« La méthanisation est un moyen pour participer à la
transition énergétique et c'est une ressource dont on a besoin,
souligne Corinne Orzechowski, préfète de l'Oise. C'est
aussi une source de diversification pour les agriculteurs. »
C'est donc pour accompagner les agriculteur qu'une stratégie départementale a été mise en place - par la préfecture et la Chambre d'agriculture de l'Oise - structurant ainsi les projets et mettant en lien les différents acteurs jusqu'aux habitants. Cette stratégie est réfléchie depuis 2019, impulsé par la direction départementale des territoires, en lien avec la Draaf (Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt) et la Dreal (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement) et un comité de pilotage a travaillé, entre septembre 2019 et mai 2020, sur les axes à adopter pour l'avenir. Fin 2021, la stratégie est prête pour cadrer cette filière d'avenir, de plus en plus dynamisée par les agriculteurs, dont le but est de réinjecter le biogaz dans les réseaux locaux.
Quatre axes
Cette stratégie pense les projets en profondeur pour ancrer la méthanisation dans les mœurs, à travers quatre axes. Elle prévoit la promotion du dialogue territorial entre les porteurs de projets et les habitants ; la promotion des pratiques culturales vertueuses de CIVE (culture intermédiaire à vocation énergétique) qui sont utilisées pour la méthanisation ainsi que la valorisation des biodéchets ; la facilitation de la compréhension des procédures administratives et, enfin, l'accompagnement au financement pour rendre le modèle économique durable, notamment avec la création de collectifs et avec les financements participatifs grâce à l'Ademe et le fond régional d'amplification de la troisième révolution industrielle (Fra-Tri).
L'accompagnement des porteurs de projet passe aussi par le dialogue territorial. En ce sens, un guichet unique des énergies renouvelables est instauré depuis un an (guichet-unique-energies.ddt-60@equipement-agriculture.gouv.fr) grâce auxquels des outils et des méthodes sont proposés, l'idée étant de faire participer les citoyens tout en faisant participer les collectivités et tous les acteurs « pour faire accepter les projets et les expliquer », précise Hervé Ancellin, président de la Chambre d'agriculture de l'Oise.
CIVE et biodéchets : deux enjeux majeurs
À
travers cette stratégie, l'enjeu est aussi de maîtriser la culture
des intrants des méthaniseurs. Dans l'Oise, la production d'énergie
de ces unités en projet se base essentiellement sur les CIVE - mode
de valorisation d'une partie de la biomasse cultivée, placée
entre deux cultures principales -, cette stratégie permettra donc
d'éviter la spécialisation des systèmes de culture via une charte.
Les CIVE sont aussi un sujet de préoccupation chez les habitants
mais la préfecture et la Chambre d'agriculture de l'Oise rassurent :
la consommation et les potentielles pollutions de l'eau seront
particulièrement regardés. « Il
y a aussi des côtés positifs dans la CIVE,
note Hervé Ancellin. Elle
protège les sols ou limite les ruissellements. C'est aussi un
système basé sur des circuits courts. Ce n'est pas qu'une
sur-exploitation des sols. »
Ces
cultures ne seront pas les seuls intrants des méthaniseurs. Pour
l'avenir, un partenariat est en cours de réflexion avec la SMDO
(Syndicat mixte du département de l'Oise) – qui gère la
valorisation des déchets - pour intégrer les biodéchets,
c'est-à-dire la revalorisation des invendus des grandes surfaces,
des déchets des cantines, des déchets verts communaux ou encore des
coopératives. « Il
faut un effort collectif. C'est un travail sur le long terme »,
précise la préfète de l'Oise. Pour l'avenir également, la
participation des habitants est aussi primordiale prévue dans la loi
de transition énergique. Cette dernière prévoit « le
développement du tri à la source des déchets organiques, jusqu'à
la généralisation pour tous les producteurs de déchets d'ici 2025,
pour que chaque citoyen ait à sa disposition une solution lui
permettant de ne pas jeter ses biodéchets dans les ordures ménagères
résiduelles. »
Nouvelle opportunité pour les agriculteurs, transformation du modèle de revalorisation des déchets, nouvelles cultures et nouveaux ancrages territoriaux.... la stratégie de développement de la méthanisation agricole dans l'Oise impulse aussi un cercle vertueux, au-delà même de la transition énergique qu'elle implique.