Mettre des mots sur le stress et le burn-out
Arrivée en décembre 2015 à Amiens, Jeanne Muvira, chercheur indépendant, spécialiste du stress et du burn-out ainsi que des comportements neuroassociatifs, vient de lancer son activité de coaching, accompagnée par BGE.
En 1988, Jeanne Muvira obtient son diplôme de pharmacienne et commence à exercer son métier au Burundi. Rapidement, vendre des médicaments qui « traitent les symptômes mais pas la cause » la pousse à écouter ses clients, à trouver avec eux des solutions. Une méthode qui l’oppose directement à son associée et qui entraîne sa démission. « Cela ne faisait pas sens à mes yeux, j’ai donc décidé de reprendre des études à Paris en parasitologie », explique-t-elle. Une formation qui ne lui convient pas. Elle s’oriente alors vers un cursus en pharmacie humanitaire à Caen qui se solde également par un échec. Finalement, Jeanne Muvira postule à Bruxelles au sein de la Commission européenne où elle travaille sur les maladies liées à la pauvreté (paludisme, tuberculose et malaria). Elle fait le lien entre des chercheurs européens et des chercheurs africains. « Je ne me sentais toujours pas à ma place et j’ai fait un burnout. Rien n’avait de sens pour moi, on traitait toujours les symptômes, mais jamais les causes », ajoute-t-elle. Elle démissionne et retourne au Burundi pour réfléchir. Là, par un heureux hasard, elle devient correspondante pour France télévision.
Transmettre et partager
Au fil de ses reportages, elle se rend compte que les personnalités politiques ou économiques qu’elle rencontre sont mal à l’aise devant la caméra. Jeanne Muvira a donc l’idée d’enseigner aux leaders de son pays comment vaincre le stress. « Encore une fois j’ai décidé de me former en suivant un cursus de Programmation neuro-linguistique, toujours à Paris. Pour la première fois, je me suis sentie à ma place. Devenir coach était une évidence, aider les autres à se poser les bonnes questions, tout avait du sens ». Rentrée au Burundi, elle poursuit ses recherches pendant quatre ans. Elle acquiert alors la certitude que le stress et le burnout proviennent de l’adrénaline émise par le corps et développe alors une méthode pour redonner confiance en soi. « Il faut rendre le pouvoir aux gens. Pour cela, il faut qu’ils comprennent la situation, qu’ils reprennent le contrôle et fassent des choix pour enfin donner un sens à leur vie », poursuit Jeanne Muvira qui associe ce cheminement à une « empreinte unique ». Au Burundi et au Rwanda, elle forme quelque 800 personnes parmi lesquelles des cadres, des chefs d’entreprises mais également deux chefs d’État. Elle développe un programme baptisé Génération génie jeune à destination des 15/19 ans ainsi qu’un second appelé Femmes d’excellence. Mais la guerre éclate au Burundi et Jeanne Muvira est obligée de fuir vers le Canada avant de rejoindre la France.
Mettre des mots sur son mal-être
En décembre 2015, elle arrive à Amiens où elle est hébergée chez une amie. Sans aucune ressource, elle décide cependant de créer son entreprise et de poursuivre le développement de ses activités. Un conseiller Pôle emploi lui indique BGE et en octobre 2016, Jeanne Muvira, également soutenue par l’Adie, entre en couveuse. « À ce jour j’ai déjà suivi deux personnes et deux adolescents. Mon site Internet est en cours de construction et mon programme en ligne sera bientôt disponible », assure-t-elle. Cette entrepreneuse passionnée souhaite s’adresser aux entreprises et à leurs leaders d’abord entre Amiens et Paris avant de s’étendre vers le Luxembourg et la Belgique.