Musée Somme 1916 : un souterrain dédié à la bataille de la Somme
Cet été, Picardie La Gazette vous propose une série de reportages sur les lieux touristiques de la région. Sixième étape dans la Somme avec le musée Somme 1916 d'Albert. Créé en 1992, celui-ci retrace l'histoire de la bataille de la Somme, l'une des plus meurtrières de la Première Guerre mondiale. Entièrement souterrain, il a été construit dans un abri anti-aérien de la guerre 1939-1945.
Fusils, pistolets, canons, lanceflammes, casques, obus, gamelles, effets personnels ayant appartenu aux soldats… Le musée Somme 1916, situé à deux pas de la basilique d’Albert, offre une plongée dans l’histoire de la bataille de la Somme via un souterrain long de 250 mètres et profond de 10 mètres, où la fraîcheur contraste avec la chaleur estivale. Il accueille chaque année 53 000 visiteurs, dont une majorité d’Anglo- Saxons. « Chez eux le devoir de mémoire est plus fort : ils n’oublient pas, ils ont la culture du recueillement. Il y a une dizaine d’années, un Néo-Zélandais de 25 ans cherchait le village de Dernancourt pour aller sur la tombe d’un de ses ancêtres. Je l’y ai conduit en voiture et, arrivé sur place, il a fondu en larmes », se souvient, encore ému, Thierry Gourlin, directeur du musée.
Directeur « par hasard »
Le musée Somme 1916 a vu le jour grâce à la volonté de la municipalité de faire de cet ancien abri anti-aérien un lieu dédié à la mémoire. « Au XIIe-XIIIe siècle, ce souterrain servait à se protéger contre les invasions normandes et espagnoles. Ensuite, à l’approche de la Seconde Guerre mondiale, la mairie a décidé de se le réapproprier pour abriter la population civile.A cette époque, l’usine d’Henri Potez, fleuron de l’aéronautique devenue Aerolia, était la plus grande usine d’Europe », poursuit Thierry Gourlin. Le directeur et cofondateur du musée est très attaché à ce lieu qu’il connaît sur le bout des doigts. Il n’est pourtant pas historien et reconnaît être arrivé là « un peu par hasard ». Abbevillois d’origine, ce pompier professionnel a longtemps travaillé à Péronne avant d’être nommé responsable du centre de secours d’Albert. « J’ai été contacté par la municipalité en 1991 pour encadrer un chantier d’insertion de RMistes. » L’opération, qui a duré six mois, consistait à rendre le souterrain accessible au public. Le musée a ouvert le 1er juillet 1992. Thierry Gourlin en devint le directeur, parallèlement à son activité. « On se prend vite de passion pour un lieu comme celui-ci et pour l’histoire qu’il raconte. Maintenant je suis à la retraite, c’est plus facile à gérer, je peux être là tous les jours. »
Trois guides polyglottes
Le musée emploie neuf personnes, dont trois guides polyglottes. Récemment, Thierry Gourlin a fait construire une extension pour pouvoir accueillir des groupes d’écoliers autour d’ateliers pédagogiques. « Nous sommes une association. Nous ne recevons aucune subvention, sauf pour l’extension. » Le directeur est fier de faire fonctionner cette machine à revenir dans le temps de manière autonome, grâce aux dons généreux de collectionneurs passionnés et au soutien de la municipalité. « Dominique Zanardi est un Picard féru d’histoire. Au moment de l’ouverture, il nous a donné de nombreux objets de sa collection et nous a aidés pour la reconstitution des scènes. Nous lui devons beaucoup. »