Naissances et conséquences en Picardie
Selon l'Insee, le nombre de naissances en France est en légère diminution. La Picardie n'échappe pas à cette tendance, même si on observe quelques spécificités. Une démographie aux innombrables impacts sur l'économie.
En 2013, 811 510 bébés ont vu le jour sur le territoire français selon l’Insee. Si on se penche plus spécifiquement sur la métropole, 781 621 naissances ont été enregistrées l’année dernière, dont 24 116 dans notre région. À l’échelle nationale, on constate une diminution de 9 500 naissances par rapport à 2012. Une légère baisse qu’on retrouve en Picardie puisque la région a observé 423 naissance de moins par rapport à l’année précédente. Douzième région de France, la Picardie comptait 1 924 700 habitants début janvier 2013. La population picarde a connu ces dernières années une hausse continue, augmentant de 0,2% par an entre 2006 et 2013, un taux de croissance nettement inférieur au rythme national (+0,5% par an) mais cohérent comparé à celui des régions voisines (Haute-Normandie +0,3% et Nord- Pas-de-Calais +0,1%). Malgré tout, cette croissance picarde s’essouffle puisqu’elle était de 0,25% entre 1999 et 2010 et n’est plus que de 0,17% en 2011 et 2012. Un ralentissement similaire s’observe au plan national où le rythme de hausse est passé de 0,62% à 0,47%.
Comment naissent les petits picards
En France, alors que l’âge moyen à l’accouchement était de 26 ans dans les années 70, il atteint 30,3 ans en moyenne en 2013. À noter ainsi que près des deux tiers des nouveau-nés ont une mère âgée de 25 à 34 ans et seuls 14% ont une maman de moins de 25 ans dans l’Hexagone. En Picardie, les femmes sont en général plus précoces puisque 33% d’entre elles ont un enfant entre 25 et 29 ans. Phénomène davantage marqué encore dans l’Aisne où près d’un quart des femmes ont moins de 25 ans lorsque leur enfant vient au monde. Ainsi, on constate que la part des mères axonnaises âgées de moins de 20 ans est deux fois supérieure à celle des mères françaises de la même tranche d’âge (3,8% contre 1,8%). Au chapitre des bonnes nouvelles, il faut souligner que le taux de mortalité infantile est un peu moins élevé en Picardie qu’au niveau national : 3,4% contre 3,5% en 2012, une première.
Une tendance notable prend de l’ampleur aussi bien au niveau national que local : les naissances d’enfants hors mariage. Parmi les bébés ayant vu le jour en 2013, 57% sont nés hors mariage, une part qui progresse fortement depuis le milieu des années 1970. Ce mouvement se confirme et s’amplifie même en Picardie, parmi les 24 116 bébés nés en 2013, 63% le sont hors mariage. Au-delà de la donnée, ce chiffre révèle une véritable évolution sociétale et montre le nouveau visage des foyers d’aujourd’hui.
Un marché porteur
Bien qu’en léger ralentissement, cette démographie dynamique donne un véritable moteur de croissance structurel au marché du bébé, qui résiste dans un climat économique morose. Ainsi, on estime qu’il représente 3,8 milliards d’euros par an, soit une dépense à l’année et par enfant évaluée à 4 560 euros. Pour preuve, selon Baby Adgency (agence de communication spécialisée dans le ciblage des jeunes parents), 73% des jeunes parents contracteraient même un crédit à la consommation pour faire face aux dépenses liées à l’arrivée d’un nourisson.
Certains experts vont jusqu’à évoquer une “fièvre acheteuse” de ces jeunes parents lors de l’arrivée de leur bébé. Sans en venir à ces comportements, il est clair que le changement qu’implique l’agrandissement du foyer change les habitudes de consommation, ne serait-ce que pour faire face aux besoins du nouveau-né.
Ainsi, la section puériculture de la Fédération française des industries jouet puériculture (FJP) a fait réaliser une étude par le Credoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) précisément afin de mieux comprendre le processus d’achat des articles de puériculture. Il en ressort que les parents avant d’acheter mènent d’intenses recherches et leur choix va vers les marques. De surcroît, l’enquête du Credoc montre que les magasins spécialisés restent la première source d’informations. En effet, celui-ci est considéré par les mamans et futures mamans comme le lieu de conseil et d’expertise par excellence. On comprend mieux pourquoi la vente sur Internet reste peu importante sur ce marché, comme le souligne l’étude. Ce marché spécifique devrait en attirer plus d’un avec sa croissance structurelle, son dynamisme et la faible concurrence d’Internet.
Autour de Bébé, l’œil de l’expert
Depuis dix ans, le magasin Autour de Bébé au pôle Jules Verne à Longueau (Somme) propose une vaste gamme pour les jeunes enfants, de la naissance jusqu’à huit ans. « Notre cœur de métier ce sont les produits pour les deux premières années du bébé », souligne Benoît Richard, responsable du magasin depuis deux ans, après avoir été vendeur. « Il faut avoir une véritable connaissance pour travailler dans ce domaine. Nous conseillons les jeunes parents qui attendent leur premier enfant, mais pas que sur les produits, aussi sur l’allaitement, etc », explique ce dernier, à la tête d’une équipe de cinq personnes. Cette expertise, c’est le principal atout du magasin face à ses concurrents les plus féroces : Internet et le marché de l’occasion. L’établissement a un chiffre d’affaires situé entre 1,2 et 1,7 millions d’euros malgré la crise, « il faut suivre les tendances, rester vigilant », souligne Benoît Richard. En 2015, le magasin proposera tous les deux mois une opération commerciale sur une famille de produits, toujours doublée de précieux conseils pour les jeunes parents.
1, 2, 3 ma nounou est là, au service des parents
Ancienne directrice d’un centre aéré, Julie Baudin est aussi mère de deux enfants. Elle s’est appuyée sur son expérience pour fonder sa société à Chauny : « Je connais la galère pour pouvoir faire garder ses enfants et j’avais envie d’entreprendre dans ce secteur ». En novembre 2008, elle crée 1,2,3, ma nounou est là, un système de garde d’enfants, de deux mois et demi jusqu’à dix ans, au domicile des particuliers. « Généralement ce sont des parents aux horaires difficiles, il y avait un vrai manque à Chauny ». L’entrepreneuse va poursuivre avec une première micro-crèche Loustics & Cie en octobre 2011 et une seconde en avril dernier. « Il y a une réelle demande aujourd’hui », souligne la chef d’entreprise qui a également fondé un dépôt-vente pour le matériel de puériculture, Les trésors des Loustics, et un espace éveil Le repaire des Loustics. Toutes ces structures rassemblent 25 salariés, « il faut gérer l’ensemble et ce n’est pas une sinécure », confie Julie Baudin.