Penser l’adaptation climatique à travers une démarche artistique

Le projet Archipel entend aborder de façon positive la question de l’adaptation au dérèglement climatique. Avant le Beauvaisis, le Pays d’Opale (62) a été se lancer.

Le Pays d’Opale regroupe 115 communes et compte quelques 26 000 habitants. (@Mélanie Huguet)
Le Pays d’Opale regroupe 115 communes et compte quelques 26 000 habitants. (@Mélanie Huguet)

Malgré les rapports successifs du GIEC et des événements climatiques de plus en plus intenses et récurrents, l’adaptation au changement climatique peine à s’imposer comme un sujet urgent. Et pourtant, rien qu’en Hauts-de-France, 63 % des communes sont déjà confrontées à des risques météorologiques. « Nous n’imaginons pas l’ampleur de l’adaptation que nous allons devoir mettre en œuvre », pointe Emmanuel Bertin, président du Centre de ressources et de développement durable (Cerdd). Ce 25 juin à Beauvais, le Cerdd a lancé localement une démarche innovante sur ce sujet, Archipel.

La structure, créée en 2021 et installée à Loos-en-Gohelle, a pour vocation d’accompagner les acteurs régionaux à s’engager vers de nouveaux modèles sociétaux en prenant en compte les enjeux environnementaux, économiques mais aussi sociétaux. « Tout l’enjeu est de parler d’adaptation tout en continuant à avancer. Pour cela, il est nécessaire de faire un pas de côté, de ne pas être dans le pessimisme », ajoute Emmanuel Bertin.

L’émotion pour parler d’adaptation

C’est ainsi qu’est né le projet Archipel, une initiative inédite qui propose aux acteurs locaux de coconstruire, notamment avec l’aide d’artistes, des récits positifs et concrets autour de l’adaptation. « L’idée est de passer par l’émotion. Grâce à ce procédé, il est possible d’embarquer la population, de la faire parler, participer », observe Elise Debergue, chargée de mission adaptation au changement climatique au Cerdd.

Cette approche originale s’appuie sur l’intervention de photographes, d’acteurs, ou encore de spécialistes du son et de la radio. « Pendant six à huit mois, nous organisons aussi des rencontres avec les élus, les habitants, les agents chargés de la gestion et de la protection des espaces naturels pour créer une dynamique et les faire s’interroger sur ce qu’ils veulent pour demain » complète Lylia Frances, chargée de récit de l’adaptation au changement climatique au Cerdd.

L’exemple du Pays d’Opale

Bruno Demilly est venu à Beauvais pour témoigner de son expérience. (@Aletheia press/DLP)

Avant de s’installer sur le territoire du Beauvaisis, Archipel s’est invité au Pays d’Opale, dans le Pas-de-Calais. « Nous avons eu un premier contact avec les équipes du Cerdd début 2023. Au départ, je ne voyais pas trop ce qu’était l’adaptation », confie Bruno Demilly, vice-président de la communauté de communes du Pays d’Opale en charge de l’environnement, de la lutte contre les inondations, les nuisibles et de l’hydraulique du territoire. À partir de juin 2023, des réunions ont permis d’échanger sur les spécificités du territoire. « Beaucoup ont parlé des inondations de 2006 » pointe-t-il.

Si Archipel devait se poursuivre à l’automne 2023, le secteur a été durement touché par une nouvelle vague d’inondations. « C’était assez dramatique d’arriver dans ce contexte. Mais avec du recul, c’était une porte d’entrée intéressante pour entamer un questionnement sur l’adaptation » observe Lionel Pralus, photographe qui a participé au projet Archipel dans le Pas-de-Calais et qui s’apprête à découvrir le Beauvaisis. « Aujourd’hui, le mot adaptation résonne forcément différemment. Il ne faut pas attendre une catastrophe pour agir » assure Bruno Demilly.

Pour Aletheia Press, DLP