Picardie Investissement : la durabilité, un sujet en passe de devenir incontournable pour lever des fonds
Créé en 1985, Picardie Investissement accompagne les entreprises du territoire dans leur projet de développement. Si l’organisme avait lancé un fonds dédié aux projets durables, il a aujourd’hui disparu pour irriguer chaque dossier traité.
Fonds d’investissement régional, Picardie Investissement s’engage aux côtés des dirigeants en apportant des fonds propres afin de financer un projet de développement. Généraliste, l’organisme s’adresse à tous les secteurs d’activités. « Nos interventions sont le reflet du dynamisme économique du territoire. Nous sommes présents aussi bien dans l’industrie agroalimentaire, que la santé, l’intelligence artificielle, le machinisme ou la mécanique générale », énumère Éléonore Calandre, Directrice générale déléguée de Picardie Investissement.
L’environnement, un sujet clé
Il y a quelques années, pour coller aux besoins des acteurs économiques, Picardie Investissement a créé un fonds spécifique baptisé "Énergie et développement durable". « Nous avions plusieurs gros sujets qui justifiaient le lancement de cet outil qui répondait véritablement à une stratégie de territoire », se souvient la Directrice générale déléguée. Ce fonds a finalement été intégré au fonds général de l’organisme labellisé France Relance, qui induit l’adoption d’une démarche responsable dans tous les projets.
« Cette
thématique est totalement inscrite notre approche financière. C’est
un sujet qui est systématiquement abordé en entretien avec les
entreprises, c’est incontournable »,
assure Éléonore Calandre. Celle-ci va même plus loin :
« Nous-mêmes,
pour lever des fonds auprès d’institutions bancaires ou
assurantielles, nous devrons répondre à des critères très précis.
Si nous ne nous préoccupons pas de la question de l’environnement,
nous n’aurons plus de ressources financières à disposition. » Si actuellement
l’heure est toujours à l’incitation, la Directrice générale
déléguée en est persuadée, les mesures se feront de plus en plus
précises. « La
prise de conscience est là, l’environnement est devenu un sujet
ouvert et classique dans les entreprises »,
souligne-t-elle.
D'un point de vue pratique, chaque partenariat naît autour d’un projet d’entreprise. Le dirigeant explique à l’équipe de Picardie Investissement sa stratégie et comment il souhaite la déployer sur le long terme. « Si nous partageons sa vision, nous entrons dans une phase d’instruction plus approfondie avant que le dossier ne soit présenté en comité d’investissement. Il faut compter en moyenne quatre mois, entre le dépôt du dossier et le déploiement de l’investissement », détaille Éléonore Calandre qui souligne qu’il s’agit d’un réel engagement de la part de l’entreprise puisqu’il s’agit de dettes.
« Le déroulé de notre partenariat est détaillé dans un pacte d’actionnaires où sont inscrites les grandes lignes de notre association et la façon dont nous allons fonctionner », poursuit-elle. En moyenne, Picardie Investissement accompagne les entreprises durant huit ans. La structure peut également suivre plusieurs projets. « Depuis sept ans, nous accompagnons une entreprise qui se lance dans un projet tous les deux ans. Nous sommes présents à ses côtés à chaque fois. Notre action est très liée au dynamisme du dirigeant », pointe Éléonore Calandre. Picardie Investissement finance une croissance interne ou externe, comme l’acquisition d’une autre entité pour gagner des parts de marché, se diversifier ou s’implanter sur d’autres territoires. Mais quelle que soit la situation, « Nous sommes toujours minoritaires, nous ne sommes pas dans une situation de prise de contrôle. Notre rôle est véritablement d’apporter des ressources durables », conclut Éléonore Calandre.
Les Obligations relance (OR) de nouveaux déployées
Dans le cadre du Plan de relance, Picardie Investissement distribue des Obligations relance, un dispositif de garantie de l’État qui ont pour objectif de renforcer le bilan et la situation financière des entreprises. « Cela permet de financer des projets et de les rembourser huit ans plus tard, quand ceux-ci ont fait leur preuve et sont devenus rentables. C’est un outil rapide qui peut être mis en place sous un délai d’un mois », explique Éléonore Calandre.
Seule difficulté, le ticket d’entrée a été fixé à 2 millions d’euros. « Nous nous adressons donc plus à des PME et des ETI. Mais la première enveloppe a rencontré un très grand succès puisque nous avons déployé 33 millions d’euros en un an sur le territoire », se réjouit-elle. La seconde enveloppe sera disponible très prochainement et sera ouverte jusqu’à la fin de l’année. « C’est maintenant qu’il faut nous solliciter sur ce produit non dilutif. Ce n’est pas du tout réservé aux grands groupes, cela peut vraiment être intéressant pour les PME. En plus, le taux peut être bonifié si l’on prend des Engagements environnementaux sociaux et de gouvernance (ESG) », pointe Eléonore Calandre.