PME : faut-il nourrir des ambitions à l'export ?
L'appétence des consommateurs étrangers pour le Made in France est décuplée par l'effet image des Jeux Olympiques. Cela suffira-t-il pour atteindre les objectifs du plan "Osez l'export" qui vise 200 000 entreprises exportatrices en 2030 ?
Anachronique ?
Un débat était consacré à "PME
à l’international : réussir son développement à l’export
d’ici 2030",
dans le cadre de Impact PME, salon annuel organisé par la Confédération des petites
et moyennes
entreprises (CPME). Le thème pourrait étonner à l'heure où les tensions
géopolitiques s'aggravent et le monde se hérisse de barrières
douanières. Mais à y regarder de plus près, «travailler
sur un seul pays est très risqué. Se lancer à l’international,
cela revient à dé-risquer»,
mieux
répartir les risques,
argumente
Alain di Crescenzo, président de CCI France. Le réseau des chambres
de commerce et d'industrie participe à Team France Export, coalition
d'acteurs publics au service de l'export.
Autre
argument, le moment est particulièrement favorable à l'export. «Les Jeux Olympiques ont accru l'envie de consommer des produits
français. Nous avons une fenêtre de deux ans assez
extraordinaire»,
poursuit Alain di Crescenzo. En effet, les
étrangers sont très nombreux à vouloir consommer plus de produits
français : 74% des Allemands, 96% des Chinois, 78% des
Américains et 74% des Italiens, selon un sondage réalisé en
novembre 2024
par Opinion Way pour CCI France. «Le
Made in France a une très bonne image, de
qualité, de technologie de haut de gamme et d'innovation, auprès
des consommateurs étrangers»,
révèle Alain di Crescenzo.
En outre, l'expérience d'entreprises,
dont les représentants sont venus témoigner lors de la table-ronde,
confirme le fait que l'export peut se révéler une stratégie très
fructueuse. C'est le cas de Septodont, ETI spécialisée dans
l'anesthésie dentaire (362 millions d'euros de chiffre d'affaires en
2022) et de Gys
(150
millions
d'euros de chiffre d'affaires en 2023), industriel spécialiste des
équipements de soudage, de chargeurs de batteries et de systèmes de
réparation carrosserie. Tous deux réalisent l'essentiel de leur
chiffre
d'affaires
à l’international.
La stratégie de l'escargot
La
préconisation de
Bruno
Bouygues, président de Gys,
pour réussir à exporter ? Adopter une «stratégie
de l'escargot qui consiste à tourner autour de la France».
En bref, commencer par ce qui est plus facile et moins coûteux. À
rebours, le chef d'entreprise a souligné les difficultés
potentielles qui attendent l'exportateur au delà de l'Europe, les
barrières mises en place par les pays. Elles peuvent évoluer vite
et prendre des formes très diverses selon les zones géographiques
(augmentation des taxes douanières, mise en place de barrières non
tarifaires matérialisées par des règlements complexes ... ).
Où
qu'ils se déroulent, les projets d'export nécessitent aussi de
«bien
évaluer les financements nécessaires»,
met en garde Olivier Schiller, président de Septodont. «Il
ne peut pas y avoir de développement à l'international sans
durée»,
complète Alain di Crescenzo qui préconise de recourir aux
accompagnements proposés par l’État.
Ce
dernier a fixé le cap de
200 000 entreprises exportatrices d’ici 2030, dans le cadre du
plan « Osez
l'export »,
annoncé en août 2023, par Olivier Becht,
alors
ministre
délégué chargé du Commerce extérieur.
Actuellement, l'Hexagone compte 160 000 entreprises exportatrices, moins que l'Allemagne et l'Italie. En 2018, elles n'étaient que 125 000. «Ce n'est pas suffisant, mais c'est une belle dynamique», estime Alain di Crescenzo. Au delà de l'objectif d'augmentation du nombre d'entreprises exportatrices, il entend aussi accroître l'activité de celles déjà actives. Mais en dépit des perspectives offertes par les JO et la bonne image du MIF à l'étranger, Olivier Schiller s'avoue peu « optimiste », vu le contexte très incertain. Pour lui, «si nous n'arrivons pas à être sereins pour investir en France, j'ai peur que nous ne pourrons pas atteindre l'objectif de 2030».