Politique de la ville : huit “quartiers d'intérêt national” en Picardie
La loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine, qui a été publiée le 21 février, commence seulement à se dessiner en cette fin d’année à l’échelle régionale. Deux programmes vont être mis en place dans les mois à venir pour rénover les zones picardes les plus en difficulté : le NPNRU et le Contrat de ville.
Alexandre Barlot
Deux cents quartiers ont été désignés en France dont huit en Picardie. Amiens (Étouvie, quartier Nord), Saint- Quentin (Europe), Beauvais (Argentine, Saint-Lucien), Compiègne (Clos des roses, La victoire) et Creil (Les Hauts de Creil, Plateau Rouher) sont les cinq villes à pouvoir bénéficier d’une aide. « La politique de la Ville, ça remonte à peu près à trente ans », rappelle judicieusement Hubert Delarue, le vice-président d’Amiens Métropole en charge de la politique de la Ville. Le Nouveau programme de renouvellement urbain est donc bien à ranger au rang du petit frère du Programme national de renouvellement urbain (PNRU). Cette première version avait été lancée en 2003 par Jean-Louis Borloo, ministre délégué à la Ville et à la rénovation urbaine dans le gouvernement Raffarin II sous la présidence de Jacques Chirac.
Depuis, les préoccupations des gouvernements successifs en faveur des quartiers défavorisés n’ont pas cessé. Le 21 février dernier, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault faisait adopter une nouvelle loi en faveur des zones les plus pauvres des grandes aires urbaines. Une nouvelle fois cette politique sera menée par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), avec une enveloppe de 4 milliards d’euros pour financer les différents projets. Il ne restait plus qu’à désigner les quartiers éligibles. C’est chose faite depuis le 15 décembre et le CA de l’Anru.
Deux programmes qui se chevauchent…
« Le NPNRU, comme le PNRU, se concentrent sur l’aspect infrastructure ; c’est à dire les logements, les équipements et les aménagements urbains dans les quartiers déclarés “d’intérêts national” », rappelle Denis Harlé le directeur général des services de la région. Ces deux programmes qui se ressemblent de prime abord vont devoir également se chevaucher durant quelques mois. « On n’a pas vraiment commencé sur le NPNRU. Mais l’on interviendra sur la partie aide aux logements comme on le faisait auparavant plutôt que sur du neuf », développe Denis Harlé. Hubert Delarue pour la ville d’Amiens est sur la même longueur d’onde : « En ce qui concerne le NPNRU, on en est plutôt à terminer le PNRU. L’avenant de sortie de ce dernier n’a été signé qu’à la fin du mois de juin 2014. » Le temps que les projets soient validés, les fonds débloqués, les travaux engagés, plusieurs années vont s’écouler.
Le nouveau programme s’il est voté et existant, n’est pas encore mis en place. « Le NPNRU ne sera signé qu’en 2016. On a commencé à travailler dessus, on a des idées mais pour le moment, il n’est qu’à l’état de projet », rappelle Hubert Delarue. Les autres collectivités à l’échelle régionale se trouvent également dans ce cas de figure. Les projets sont encore dans les cartons mais cela n’empêche pas de connaître les nouveautés apportées par ce plan. Selon le ministère de la Ville, quatre principes distinguent le PNRU et le NPNRU. Désormais, le portage des projets se fait à l’échelle de l’agglomération et marque une volonté de rendre le pouvoir décisionnel aux villes. Cette idée est à rapprocher d’autres nouveautés. La première est d’inclure les citoyens dans la prise de décision. Le véritable changement se trouve donc dans la place prise par les habitants dans la réhabilitation et la mixité de leur quartier. Enfin, le gouvernement a une ambition pour une ville durable au travers une démarche qualité environnementale, en faveur de la transition énergétique et de la constitution d’écoquartiers.
Mais ce NPNRU n’est pas la seule nouveauté qui découle de la loi du 21 février en matière de politique de la Ville.
… et différents du Contrat de ville
« Le Contrat de ville vient succéder au Contrat urbain de cohésion social (Cucs) qui était en place depuis huit ans et qui a pris fin au 31 décembre 2014 », explique Hubert Delarue. Ce qui le différencie du Nouveau programme national de renouvellement urbain c’est qu’il « porte sur l’entièreté de l’agglomération et traite l’ensemble de ses problématiques. Le cadre géographique s’étend sur toute la ville et s’articule autour de trois thématiques que sont la cohésion sociale, le cadre de vie et le renouvellement urbain. Enfin, il portera sur le développement de l’activité économique et de l’emploi », poursuit Denis Harlé. Hubert Delarue y va également de sa petite description : « La nouveauté avec cette loi, c’est d’associer plus de partenaires, on se veut désormais au plus près des citoyens avec la mise en place de Conseils citoyens. » Surtout, le Contrat de ville permet d’aller encore plus loin en prenant en compte des zones géographiques en difficultés qui n’ont pas été désignées comme quartiers prioritaires. La liste concernant ces zones en difficultés a été communiquée le 17 juin dernier. 1 300 ont été désignées en France et cela concerne 23 communes picardes dont neuf dans l’Aisne (Saint-Quentin, Laon, Soissons, Tergnier, Chauny, Château-Thierry, La Fère, Hirson, Villers-Cotterêts), douze dans l’Oise (Nogent-sur-Oise, Creil, Montataire, Villers-Saint-Paul, Compiègne, Beauvais, Pont-Sainte-Maxence, Méru, Clermont, Liancourt, Crépy-en-Valois, Noyon) et deux dans la Somme (Amiens, Abbeville).
Des villes auprès desquelles la région « va intervenir comme un partenaire financier autour de trois axes prioritaires. L’action réussite éducative, l’entrepreneuriat dans les zones en difficultés ainsi que les aménagements urbains », comme l’explique Denis Harlé. En ce qui concerne la manière, si « Amiens est la première métropole de France à mettre le Contrat de ville en place dès ce mois de janvier », selon Hubert Delarue, les autres communautés d’agglomérations et de communes devront le faire dans le courant du premier semestre de l’année 2015.