POUR UN MEILLEUR RENDEMENT DE LA BETTERAVE

POUR UN MEILLEUR RENDEMENT DE LA BETTERAVE

Le semencier Florimond Desprez et l’Institut technique de la betterave (ITB) ont présenté le projet Aker Betterave 2020 courant juin dans une ferme de Curchy, à l’est de la Somme, choisie pour l’homogénéité de son sol. Aker vise à améliorer la compétitivité de la betterave à l’horizon 2020 en doublant le rythme de croissance annuelle de son rendement en sucre à l’hectare.

La France est le premier producteur mondial de sucre de betteraves. En 1811, un hectare produisait 750 kilos de sucre brut, en 2017, ce sont 14 800 kilos. Les composantes du rendement en sucre sont les semis tôt dans l’année, la résistance au froid, à la sécheresse et aux maladies. Donc un semis très précoce va permettre de voir rapidement la montée en graine et éliminer les espèces sensibles. Le semencier fait une expérience sur deux plates-formes situées sur la Côte d’Opale, Sangatte et Escalles. Bruno Desprez, président de l’entreprise Florimond Desprez, deuxième semencier français et 13e mondial, basé à La Capelle-en-Pévèle (Nord) a présenté le projet Aker 2020 en présence des propriétaires de la ferme de Curchy, Laurence et Gauthier Cockenpot, et de spécialistes de la betterave. « Nous avons élaboré il y a six ans un matériel génétique, aujourd’hui expérimenté. Nous sommes dans le respect des réglementations, pas d’OGM, et abandon des néonicotinoïdes [ndlr, un produit phytosanitaire qui tue les abeilles]. Nous voulons produire localement un sucre encore plus qualitatif afin d’augmenter la compétitivité face à la canne à sucre. »

DIFFÉRENTES ÉTAPES

La première étape du programme 2012-2013 a consisté à obtenir 15 plantes de référence à partir de 10 000 ressources génétiques collectées. La seconde étape 2014-2016 a elle permis de mettre en œuvre les croisements des références avec du matériel élite pour obtenir de nouvelles variétés. La troisième étape, en 2017, s’est attachée à l’obtention et à la multiplication de ces nouvelles variétés, et en 2018-2019, il faudra les évaluer en fonction du climat de l’année et du lieu. À partir de 2020, le programme aboutira à la sélection de nouvelles variétés plus performantes, en intégrant davantage de diversité génétique. L’ITB a la responsabilité du packaging sur le phénotypage, autrement dit, des différents caractères sélectionnés, en estimant pouvoir en récupérer 50%. Il s’agit d’évaluer les 3 000 génotypes sur la base de certains critères de sélection. La conservation de la betterave après son arrachage, et avant sa transformation en sucrerie est aussi au programme. Florimond Desprez conduit les essais rendements sur six plates-formes réparties dans la Somme, le Nord-Pas-de-Calais, la Marne et l’Eure. Chaque plate-forme comprend environ 6 000 parcelles de 10 m² chacune. Celle de Curchy s’étend sur huit hectares, où quatre séquences de mesures ont lieu de mai à juillet de cette année. Il peut estimer le taux de couverture, la surface foliaire, les maladies de la feuille de la betterave, le taux de chlorophylle et la quantité d’azote dans les feuilles. Le drone surveille 6 000 parcelles en une heure trente, 60 à 80 d’entre elles sont récoltées en une heure. Un kit piéton avec une caméra très sophistiquée est à l’étude, elle permettra de mesurer précisément en fonction de l’avancement de la croissance de la plante, sa hauteur, celle des feuilles et sa teneur en azote. À terme, elle sera embarquée sur le drone et sera plus simple d’utilisation. Un arrachage spécifique a été mis au point pour récolter les essais, lavés immédiatement dans la machine, puis pesés. Cette arracheuse est unique en France. Doubler le rythme de croissance annuelle du rendement est un objectif assuré à partir de 2020, les rendements en sucre ont déjà doublé durant les dernières années. Un objectif également au programme Aker : baisser les coûts de production grâce à la sélection des variétés.

NOUVEAU MATÉRIEL GÉNÉTIQUE

Bernard Florimond Desprez a insisté sur l’objectif du projet Aker : « Il vise l’innovation compétitive, c’est un booster. Il va apporter du matériel génétique remarquable qui va venir irriguer les nouvelles variétés et ce pour longtemps. La recherche et les innovations apportées iront bien au-delà de la betterave. » Aker va également apporter aux agriculteurs betteraviers un conseil personnalisé, un accompagnement agronomique et des outils d’aides à la décision : l’agriculteur pourra par exemple mesurer lui-même et en direct, grâce à une sonde miniaturisée, la teneur en sucre de ses betteraves. Le résultat final du projet Aker sera publié lors d’un colloque organisé à Lille en juin 2020. Les chambres d’agriculture des Hauts-de-France, les pôles de compétitivité et le Conseil régional suivent régulièrement l’avancement du projet, tout comme les sucreries.