Pour une gestion durablede la grande forêt de Retz
Le plan de gestion des 13 000 hectares du massif de Retz appartenant à l’Etat s’achève cette année. L’ONF a donc rendu public un nouveau plan de gestion qui court de 2013 à 2032. Il s’agit de façonner une forêt résistante aux aléas climatiques, de la régénérer de façon naturelle et, sur un sol très fertile,d’y développer une sylviculture dynamique du hêtre selon un cycle de croissance de 80 à 100 ans. La forêt de Retz fournit chaque année quelque 140 000 m3 de bois à la filière économique du bois.
Alexandre Dumas père (1802-1870), qui naquit à Villers-Cotterêts, au beau milieu de la grande forêt de Retz, la surnommait « ma forêt maternelle » et, l’ayant maintes fois parcourue pour y chasser et y braconner, avait mesuré qu’elle était en son temps aussi vaste que Paris intra-muros. Son massif forestier couvre aujourd’hui 13 000 hectares dans l’Aisne, sur les territoires de 30 communes. C’est auprès de leurs maires que l’ONF, gestionnaire de la forêt de Retz, détaille à cette époque de l’année le nouveau plan de gestion du massif, lequel s’appliquera entre 2013 et 2030. Sur des sols limoneux et très fertiles (80 % de la surface du massif est très sensible), la forêt de Retz, dont les orées sont très découpées, est essentiellement peuplée de hêtres (61 %) et de chênes (22 %).
Les ingénieurs et techniciens de l’ONF expliquent que « les diamètres sont équilibrés » dans cette immense forêt, c’est-à-dire que les populations de vieux arbres et de jeunes arbres s’y équilibrent assez bien. Mais ils ont constaté aussi que dans les hêtraies, les vieux arbres de plus de cent ans sont fragiles.
Renouvellement de 135 hectares par an
De fait, la forêt de Retz est caractérisée par « une surcharge de capital d’arbres », capital auquel il faudra dans l’avenir donner plus de lumière en éclaircissant. « Or, la filière bois veut du bois blanc et tendre, explique Eva Simon, responsable à l’ONF de l’aménagement de la forêt de Retz. Elle veut du bois poussé rapidement, du bois qui n’est pas nerveux, du bois qui n’a pas ondulé pour aller chercher la lumière. »
Quand les gestionnaires d’une forêt domaniale parlent de bois ayant poussé rapidement, ils évoquent un temps de croissance de moins de cent ans. Le nouveau plan de gestion de la forêt de Retz qu’ils vont appliquer dès l’année prochaine prévoit de recourir à la régénération naturelle des essences, tout en façonnant un massif résistant aux aléas climatiques et résilient face aux chocs environnementaux. Le nouveau plan doit permettre de maintenir en place une sylviculture dynamique du hêtre sur des sols très fertiles et poursuivant un cycle de croissance de 80 à 100 ans. Le plan prévoit donc un renouvellement de la forêt sur 2 700 hectares durant les 20 ans à venir, soit le renouvellement de 135 hectares par an (soit encore 1 % de la forêt de Retz par an). La régénération naturelle concernera 91 % de ce renouvellement dont deux tiers en hêtres et un tiers en chênes. Mais « dans le cas probable d’échec sur 9 % du renouvellement », le nouveau plan de gestion prévoit alors dans les parties en échec un renouvellement de 60 % en chênes et de 40 % résineux.
L’an passé, l’ONF a fait extraire de la forêt de Retz, par des entreprises privées de débardage, 140 000 m3 de bois. « C’est une forêt très rentable, souligne Pierre-Jean Morel, directeur de l’agence régionale de l’ONF en Picardie. On y relève plus de 8 m3 par hectare et par an alors que la moyenne nationale est plutôt de 6 m3. »
Une grande forêt très rentable
Le chiffre d’affaires de l’ONF dans la forêt de Retz est estimé entre 3 et 5 M€ selon les années. L’ONF a calculé que 500 m3 de bois extrait de cette forêt correspondaient à un emploi de la filière bois. Chacun conçoit aisément que le nouveau plan de gestion 2012- 2032 de la forêt de Retz doive satisfaire les besoins à venir de la filière bois en Picardie. Celle-ci recense 1 500 entreprises (première et seconde transformation du bois), principalement artisanales.
« Mais si les sols limoneux de la forêt de Retz sont fertiles et productifs, ils sont aussi fragiles et sensibles aux tassements, précise l’ONF. Un des enjeux des vingt ans à venir sera de renforcer la desserte forestière par la création de routes empierrées afin de réduire les distances de débardage et donc les ornières. Il s’agira aussi d’adapter la localisation des stockages des bois en les éloignant des zones d’accueil du public pour limiter les conflits d’usage. »