Protection de l’environnement : les entreprises s’impliquent davantage
Les dépenses pour protéger l’environnement repartent à la hausse, selon l’Insee (+11%). Les entreprises du secteur industriel ont consacré 1,5 milliard d’euros en 2018 à la réalisation d’investissements ou d’études destinés à protéger l’écosystème.
La courbe s’inverse : après une baisse continue depuis 2012, les dépenses de l’industrie destinées à la protection de l’environnement ont augmenté de 11% en 2018, selon les dernières données de l’enquête annuelle de l’Insee sur le sujet, publiée le 10 juin dernier. Alors que 27% seulement des structures qui emploient entre 20 et 49 salariés consacrent un budget pour des investissements et des études antipollution, les grands établissements employant plus de 500 salariés sont toujours plus enclins à s’engager, soit 89% d’entre eux en 2018.
Avec 1,2 milliard d’euros, leurs investissements en la matière représentent 78% de la dépense totale, soit une progression de 10% par rapport à 2017. Par ailleurs, les dépenses allouées aux études liées aux enjeux environnementaux ont également augmenté, de 14% en 2018 par rapport à 2017, avec un montant de 331 millions d’euros. Cette hausse concerne aussi bien les études de financement des projets de dépollution, que les analyses réglementaires, qui incluent notamment, l’étude de l’impact de l’activité industrielle sur l’environnement, les audits et dossiers ICPE (Installations classées pour la protection de l’environnement).
Dépenses antipollution
Les dépenses destinées aux investissements et aux études sont toujours plus élevées dans les secteurs susceptibles d’avoir les activités les plus polluantes. Quatre concentrent à eux seuls 69% des moyens engagés. L’énergie arrive nettement en tête avec 458 millions d’euros, suivie par la chimie qui a déboursé 253 millions d’euros, puis l’agroalimentaire (218 millions d’euros, + 18%) et enfin la métallurgie qui a investi 114 millions d’euros. Le secteur de l’énergie finance aussi à lui seul la moitié des dépenses d’études réalisées au sein des entreprises industrielles.
Au niveau du type d’investissements par domaine, l’enquête révèle que l’essentiel de la dépense revient aux investissements antipollution (46%), ayant pour objectif d’éviter ou de limiter les effets de l’activité sur la qualité de l’air (313 millions d’euros) ou sur l’équilibre du climat, via les émissions de gaz à effet de serre (234 millions d’euros). Mais cet effort s’inscrit dans le cadre de la loi de transition énergétique de 2015 visant à diminuer de 40% les émissions de gaz à effet de serre de la France d’ici 2030, par rapport au niveau de 1990, rappelle l’Institut de statistique. En outre, le traitement des eaux usées (180 millions d’euros), la dépollution des sols (170 millions d’euros), la biodiversité et la protection des paysages (107 millions d’euros) ainsi que la gestion des déchets (101millions d’euros, hors déchets radioactifs) constituent les autres sources de dépenses les plus importantes.
Plus en détail, les investissements dits « spécifiques », qui recouvrent l’achat de matériels intégralement dédiés à la protection de l’environnement ont représenté 88% des montants engagés, contre 12% seulement pour les investissements dits « intégrés », correspondant aux surcoûts liés à l’intégration dans l’outil de production de produits ou de procédés moins polluants. Pour l’Insee, le recul constant depuis 2013 enregistrés par ce dernier type d’investissement peut s’expliquer par la diminution de l’offre des produits les plus polluants.
Par ailleurs, 47% des dépenses dites « spécifiques » (soit 489 millions d’euros) étaient destinées au prétraitement, au traitement ou à l’élimination de la pollution, tandis que 41% (soit 429 millions d’euros) ont été dédiées à la prévention. Pour sa part, le segment recyclage tri valorisation n’a pesé que moins de 100 millions d’euros.
De manière globale, les efforts consentis par les entreprises industrielles françaises illustrent leur volonté d’agir en amont du processus de production et témoignent d’une implication de plus en plus forte en matière de protection de l’environnement. Reste à convaincre davantage les TPE-PME, c’est l’objectif du plan gouvernemental de 250 millions d’euros, présenté début juin, destiné à booster leur transition énergétique.
Jihane MANDLI et B.L