Défense et aéronautique
Pyromeral investit 10 millions d’euros à Barbery
L’entreprise, basée à Barbery, développe sa production de pièces composites à matrices céramiques pour les secteurs de la défense et de l’aéronautique.
C’est une belle façon pour Pyromeral, basée à Barbery, de fêter ses 40 ans. « Nous sommes lauréats de l’appel à projets « Première usine » pour notre projet d’extension de notre site de production de pièces composites à matrices céramiques », se réjouit Guillaume Jandin, dirigeant de l’entreprise. En ligne de mire : le secteur de la défense et de l'aéronautique. Cet agrandissement est prévu en deux étapes, pour un total de 10 millions d’euros, dont deux millions d’euros de subvention.
« La première tranche d'investissement, d’environ 3,5 M€, est en cours de finalisation ». Dans le courant de l'année prochaine, la seconde tranche d’un montant de 6,5 M€, devrait être lancée. L’entreprise a fait l’acquisition d’un bâtiment connexe à ses locaux de quelque 1 000 m2 et devrait s’agrandir encore de 1 500 à 2 000 m². L’effectif actuel de 60 personnes, dont dix en recherche et développement, devrait être porté entre 70 et 80 collaborateurs.
Du nucléaire à la défense
Initialement spécialisée dans la filtration de l'air chaud pour les centrales nucléaires françaises et pour l'industrie pharmaceutique (dont le site de production est à Pont-Sainte-Maxence), la PME a su se diversifier rapidement. « A la fin des années 1990, Michel Davidovics, président et fondateur de la société, a inventé des matériaux composites qui résistent aux hautes températures qui peuvent aller jusqu’à 1 400 degrés Celsius », développe Guillaume Jandin. Très vite, des applications sont trouvées dans le domaine de la Formule 1. « Nos technologies composites remplacent le métal dans les zones chaudes des véhicules haute performance pour économiser du poids » détaille le chef d’entreprise. Ces matériaux (des tissus carbones ou en carbure de silicium) servent ainsi de protection thermique, par exemple, autour des systèmes de freinage.
Avec un Time to market (temps de développement et de construction d’un produit) de 6 à 12 mois, la réactivité est impérative. « Mais ce marché n'est pas pérenne sur le moyen et long terme puisqu’ il y a des changements de réglementation qui nous affectent », constate Guillaume Jandin. C’est pour cette raison, qu’il y a 12 ans, Pyromeral s’est tourné vers la défense, participant, par exemple, à des programmes concernant les missiles.
Sans oublier les taxis volants
Un autre domaine intéresse également l’entreprise depuis trois ans, l’aéronautique avec les nouvelles mobilités. « Il s’agit des taxis volants électriques, appelés également eVTOL (aéronefs à décollage et atterrissage verticaux électriques, ndlr) qui est un marché américain et européen pour l’instant » poursuit le dirigeant. Ces appareils sont équipés de batteries au lithium qui peuvent prendre feu. « Nous développons des boîtiers de de protection pour contenir les incendies en cas de d'emballement thermique des cellules », détaille l’entrepreneur. Défense ou eVTOL, dans ces deux cas, le time to Market a l’avantage d’être plus long.
« Jusqu'à l'année dernière, c'était la compétition automobile qui était notre plus gros marché. Désormais, elle s’équilibre avec la défense », rebondit Guillaume Jandin. En ce qui concerne les nouvelles mobilités, l’entreprise observe un démarrage d’activité avec 10 000 euros de chiffres d’affaires en 2023, tandis que « cette année, nous serons à plusieurs centaines de milliers d'euros ». De quoi voir grand. En 2023, le chiffre d’affaires s’est élevé à 9 M€, un résultat qui devrait être légèrement dépassé cette année.
« Nous avons quelques fois frôlé, sans l’atteindre, les 10 M€ de chiffre d'affaires, Dans les toutes prochaines années, nous aimerions dépasser ce montant », confie Guillaume Jandin. Une fois les agrandissements pleinement opérationnels, et les derniers matériaux composites développés arrivés à maturité, le chef d’entreprise compte faire, comme les eVTOL, sur un décollage vertical pour atteindre les 50 M€.
Eléonore Chombart et Laetitia Brémont