Quel avenir pour la forêt de Compiègne ?
À l'occasion des Rendez-vous du compiégnois - une association présidée par Thierry Méresse - Bernard Debarque, fondateur de Arbre à bulles.pro, a présenté les enjeux de l'avenir de la forêt de Compiègne, troisième forêt domaniale française. Une introduction de son livre de 230 pages, « La forêt dans tous ses états ». Une forêt en pleine mutation dont l'avenir préoccupe.
« Il y a cinq ans, on n'en parlait pas », explique Bernard Debargue, en préambule de sa conférence « Quelle forêt de Compiègne voulons-nous ? », pour évoquer l'avenir de la forêt. Une conférence donnée dans le cadre des Rendez-vous du compiègnois, à l'ESCOM, dont l'unique objectif est de proposer ce genre d'événement, « avec écoute et bienveillance », rappelle Thierry Méresse, le président de l'association. Cette fois, l'environnement a été au centre des débats, avec un univers bien connu des isariens, la forêt. Et particulièrement celle de Compiègne, « car nous avons des raisons de nous préoccuper », note encore Bernard Debargue, qui a mené un important travail de recherche. C'est au travers de dix questions que l'auteur de La forêt dans tous ses états a su rendre vivantes ses recherches et surtout a su impulser une réflexion grâce à des données concrètes, avec une vision passionnée et engagée.
Parce
que les forets sont un écosystème qui régularise le régime des
eaux, qui rassemble de nombreuses espèces, et qui héberge 80%
de toute la biodiversité terrestre, elles sont vitales et
indispensables à la nature et à la survie de l'Homme.
Dans
un rapport, l'Office
National des forêts (ONF) recense dans les forêts de France
métropolitaine, 138 espèces d'arbres, 73 espèces de mammifères,
120 espèces d'oiseaux et près de 30 000 espèces de champignons et
autant d'insectes. L'ONF précise également, qu'en
France, avec près de 70 millions de tonnes de dioxyde de carbone
stockés et piégés chaque année dans l’atmosphère, la forêt
participe activement à la lutte contre le réchauffement climatique.
Et à
Compiègne, cette forêt, principalement constituée de hêtres (à
41%) et de chênes (3000 hectares plantés aux 18e
et 19e
siècles), participe à ce fabuleux travail naturel : si un hectare
de hêtraie consomme de 2 000 à 5 000 tonnes d’eau par
an, elle en restitue 2 000 par évaporation ; un chêne
adulte pompe près de 200 litres d’eau par jour à une hauteur
d’une trentaine de mètres.
« Une course contre la montre »
Étendue sur 14 485 hectares, la forêt de Compiègne forme avec les forêts de Laigue et de Retz, un ensemble de 32 000 hectares. Cette hêtrie-chênaie est la troisième forêt domaniale française (appartenant à l’État et gérer par l'ONF – 75% des forêts en France sont domaniales) après celle d’Orléans et de Fontainebleau. Et pour Bernard Debargue, « la forêt va nous survivre, elle va inévitablement changer » avec « une perte d'arbres anciens, de nouvelle espèces qui vont apparaître ». Et tout l'enjeu est de préparer l'avenir de la forêt sans l’abîmer. « Les collectivités, les élus, les citoyens, tout le monde doit participer », appelle-t-il, précisant que « c'est une course contre la montre ». Il préconise en ce sens des actions de protection.
Durant
sa conférence, cet engagé environnemental a retracé la belle
histoire de la forêt de Compiègne, 40% plus grande que la ville de
Paris, avec une superficie quasiment identique à celle de 1673. Les
zones des Beaux-Monts et du Mont du Tremble font d'ailleurs partie
des zones les plus sensibles et les plus à protéger de la forêt,
avec la zone des Grands Monts définie comme réserve de biodiversité
intégrale.
Cependant, si une course est engagée pour sa protection, le territoire agit en sa faveur : le Grand Compiégnois a mis en place une stratégie (2022-2026) résultant de 30 actions de préservation. Et cette année, de nombreuses actions vont être organisées, en partenariat avec des associations environnementales locales. De la prise de conscience à l'action, il n'y a qu'un pas.