Qui seront les lycéens picards de demain ?
C'est la question à laquelle tente de répondre l'étude de l'Insee intitulée "Les lycéens en Picardie : état des lieux et perspectives d’ici 2040", fruit d'une collaboration entre différentes structures.
Fruit du partenariat mené entre le Rectorat de l’académie d’Amiens, le Conseil régional de Picardie et l’Insee Picardie, cette étude vise à mieux connaître l’effectif des lycéens et les disparités territoriales qui pourraient naître. Le rectorat de l’académie d’Amiens et le conseil régional de Picardie ont souhaité pouvoir connaître à l’horizon 2025, puis 2040, l’évolution du nombre de lycéens. L’objectif est clair : avec les résultats de l’étude, les politiques publiques en faveur de la jeunesse pourront mieux répondre aux fluctuations des effectifs des lycées d’ici à 2040. L’action de ces politiques pourra aussi rapidement s’adapter aux fluctuations du nombre de lycéens pour les accompagner efficacement. Et pour cause, la Picardie souhaite plus que jamais combler son retard en matière de résultats éducatifs. L’analyse de l’Insee offre la possibilité de mesurer l’impact qu’aurait une évolution des taux de scolarisation sur la population lycéenne, en particulier en cas de réduction importante du taux de “décrocheurs”.
état des lieux et scénarios
La Picardie est une région jeune. En 2013, 25,9% de ses habitants ont moins de 20 ans, contre seulement 24,6% au niveau national. Côté lycée, quels sont les effectifs ? Lors de la rentrée de l’année dernière, 72 505 jeunes âgés de 14 à 22 ans et résidant en Picardie étaient scolarisés dans les 133 lycées que compte la région selon la répartition suivante : l’enseignement général et technologique rassemble 65,7% des lycéens picards, l’enseignement professionnel 28,9% et l’enseignement agricole 5,4%. Comment se projeter pour connaître l’évolution du nombre de lycéens à court et moyen terme ? Cette donnée dépend, entre autres, des hypothèses faites sur le taux de scolarisation par âge, la fécondité, les comportements migratoires et l’espérance de vie.
Le scénario central (voir tableau cicontre) de l’étude se base sur l’hypothèse du maintien de la fécondité observée en 2007, des comportements migratoires observés entre 2000 et 2008, du taux de scolarisation par âge et de la progression de l’espérance de vie au même rythme que ces dernières années. Ainsi, si ces tendances démographiques récentes se prolongent, la population lycéenne picarde potentielle progresserait de 4000 élèves entre 2013 et 2025. Contrastées, les évolutions par zone s’expliqueraient par le dynamisme des naissances vers 2010.
Des possibilités et des disparités
La Picardie est la troisième région la plus féconde de France en 2012 avec 2,08 enfants par femme en 2012 contre 2,01 dans l’Hexagone. Cependant, cette natalité picarde est freinée par la baisse du nombre de femmes en âge de procréer et cette diminution est quatre fois plus rapide que dans le reste du pays… Cette hémorragie est due à deux facteurs principaux : le vieillissement de la population et le déficit migratoire de la région. À l’horizon 2040, le nombre de lycéens retrouverait son niveau de 2013 si les comportements démographiques actuels se maintenaient, mais pourrait varier de + 7 600 élèves à – 6 400 élèves selon les hypothèses retenues de natalité et de migrations. Une fourchette plutôt large prouvant que les évolutions locales de la démographie lycéenne dépendent du nombre de femmes en âge de procréer. Enfin, autre facteur à prendre en compte et précédemment évoqué, une diminution progressive de moitié du décrochage scolaire à l’horizon 2040. Le phénomène accroîtrait alors la hausse de la population scolaire de 1 400 lycéens entre 2013 et 2040. Néanmoins, des disparités existent selon les territoires. Elles s’expliquent tout logiquement par l’évolution de la natalité locale. Les zones d’Albert-Doullens, du nord de Beauvais, de Senlis par exemple, ont connu une augmentation plus forte des naissances entre 1996 et 1998, correspondant aux jeunes lycéens en 2013, ainsi qu’en 2008-2010 (lycéens de 2025). Ces zones devraient donc connaître les plus fortes croissances de la démographie lycéenne. Ces territoires sont souvent des territoires périurbains dans lesquels s’installent de jeunes adultes de catégories socioprofessionnelles plutôt favorisées et exprimant une demande éducative plus élevée. Les communes centres d’Amiens et de Beauvais, en revanche, verraient leur population lycéenne stagner à l’horizon 2025.
L’étude “Les lycéens en Picardie : état des lieux et perspectives d’ici 2040” permet de tracer à grands traits le visage de la jeunesse picarde d’ici à 25 ans, même si les scénarios envisagés par l’Insee varient grandement et peuvent bien sûr évoluer.