Débriefing du CES : quoi de neuf dans le futur?
Voiture de demain, développement durable… Au CES (Consumer Electronics Show) de Las Vegas, les propositions réellement porteuses de changement côtoient les solutions « feel good », révèle un rapport rédigé… à l’aide de l’intelligence artificielle.
« Las Vegas n’est pas une ville faite pour prêcher la vertu. Encore moins l’écologie: il y avait quelque chose d’absurde à entendre les protestations ‘vertes’ de plus de 100 000 professionnels, tous venus en avion pour quatre ou cinq jours », décrit le rapport « CES report 2023 », publié par Qant (newsletter tech éditée par l’intelligence artificielle) et AxiCom, agence de communication spécialisée dans les technologies. En janvier dernier, l’édition 2023 de ce salon mondial du numérique a rassemblé plus de 115 000 visiteurs et 3 320 exposants. Parmi les tendances marquantes, celle de « l’impératif soutenable », souligne le rapport. « Toutes les entreprises d’une certaine taille ont communiqué sur la date à laquelle elles atteindront le zéro émission carbone, ce qui implique une réflexion sur le ré-ingeniering des process, la green IT, les émissions des data centers. Mais cette réflexion se double d’annonces ‘feel good’, voire de ‘green washing’ », observe Jean Rognetta co-auteur du rapport, lors de sa présentation (accessible sur Linkedin).
Au CES, les entreprises ont présenté des innovations dans les domaines de la décarbonation, la réduction de la consommation d’énergie, la préservation des ressources, ou encore la réduction et le recyclage des déchets… A ce sujet, par exemple, Samsung a exposé sa démarche consistant à réutiliser des filets de pêche abandonnés en mer - et comme tels, nuisibles - pour les réincorporer dans des smartphones. Une société hollandaise, Orbisk, elle, présentait une solution potentiellement plus prometteuse en impact : une poubelle pour les professionnels de la restauration, destinée à les aider à réduire leurs déchets. Une caméra scanne les aliments jetés et enregistre différentes informations (type d’ingrédient, support de provenance…). Une autre société, française, Acwa Robotics, exposait un robot qui pourrait éviter bien des gaspillages en eau : autonome, l’outil peut naviguer dans les canalisations, afin d’évaluer l’état des infrastructures et identifier les sections de conduites à remplacer. Autre exemple encore, dans un autre domaine, celui de la mobilité : les pneus Metl increvables . Présentés par The Smart Tire Company, ils ont gagné deux prix : Sustainability, Eco-Design & Smart Energy et Vehicle Tech & Advanced Mobility.
Voiture émotionnelle et journaliste robot ?
La « mobilité incertaine » figure aussi parmi les tendances majeures identifiées par le rapport. Car le CES est devenu le « salon de la nouvelle auto », explique Jean Rognetta. Mais pour lui, cette édition laisse un sentiment de « déjà vu. (…) Chaque année, on décale l’arrivée du véhicule autonome de deux ans… ». Les véritable changements? Ils sont du côté des « Software-defined véhicules », où la valeur ajoutée se concentre dans la partie logiciel, sans cesse accrue, et du basculement dans le tout électrique… rollers compris ( à 25 km/h) : c’est ce que proposait AtmosGear, une start-up française. Côté constructeurs, Mercedes-Benz présentait une infrastructure mondiale de recharge à haute puissance et Peugeot un nouveau concept car électrique. Celui de BMW s’appelait « i Vision Dee » (comme Digital emotional experience). Le véhicule est supposé offrir une « expérience émotionnelle numérique ». Il est par exemple équipée d’un affichage tête haute qui s’étend sur toute la largeur du pare-brise associé à un dispositif de réalité mixte, pour servir de commande centrale du véhicule. Sa carrosserie peut changer de couleur (32 options)…
Les possibles ouverts par l’IA, intelligence artificielle, étaient également présents au CES. Et le rapport de Qant en donne une illustration concrète. En effet, « il a été écrit non pas par, mais avec des robots », explique Jean Rognetta. Il s’agit de ChatGPT et DaVinci3 (GPT 3.5) pour les textes, Stable Diffusion, Dall-E et Midjourney pour les illustrations. Concrètement, « le robot est très utile pour rédiger des fiches. Il est capable de résumer une très grande quantité de données. Toutefois, il n’est pas en mesure de réaliser une synthèse . Nous avons réalisé le choix des tendances que nous voulions mettre en avant, sélectionné les entreprises. Et nous avons également vérifié les informations », explique Maurice de Rambuteau, co-auteur du rapport. L’intelligence artificielle va-t-elle faire disparaître le travail journalistique ? « Je n’y crois pas un instant. Les robots seuls ne sont pas capables de produire des articles. Il existe une part non robotisable du travail journalistique », estime Jean Rognetta. En revanche, le métier promet de se transformer : à la capacité de hiérarchiser l’information, de la vérifier, et de réaliser des choix éditoriaux, va s’ajouter celle d’obtenir des robots des informations utiles…