Rejoué donne une seconde vie aux jouets
Pour certains enfants, c'est la seule chance d'avoir un cadeau à Noël... L'association Rejoué donne une deuxième vie aux jouets, évitant aussi un gaspillage écologique. Avec d'autres associations, elle vient de fonder le réseau Rejouons solidaire, dans la perspective de la mise en place de la filière de recyclage de ces produits. Trois questions à Gabrielle Pinho, responsable de la communication chez Rejoué, association spécialisée dans le réemploi des jouets.
Gazette Oise : Pourquoi donner une seconde vie aux jouets ?
Gabrielle Pinho : Rejoué est née en 2010, à l'initiative de Claire Tournefier. Cette professionnelle de la communication, aussi maman et bénévole à la Croix Rouge, avait posé un constat à la fois social et écologique au sujet des jouets. Tout d'abord, chaque année, 100 000 tonnes de ces produits sont jetés. Les enfants les utilisent sur une durée très limitée...
Or, les jouets sont très peu recyclés, d'autant qu'ils sont souvent réalisés avec plusieurs types de plastiques, et ne rentrent donc pas dans une filière de recyclage. Par ailleurs, pour les enfants qui sont privés de jouets, il faut être en mesure de proposer une offre de seconde main qui réponde à des normes d'hygiène et de sécurité très élevées, par rapport aux autres objets que l'on peut trouver dans une recyclerie.
Dernier constat, enfin, Claire Tournefier s'est aperçue qu'il n'existait pas de chantier d'insertion adapté aux femmes en charge de famille. Chez Rejoué, l'atelier est ouvert de 9 heures à 17 heures, et fermé le mercredi.
Quel est l'itinéraire des 61 700 jouets que vous avez déjà remis en état, cette année ?
Aujourd'hui, l'association compte une vingtaine d'employés permanents et une quarantaine de salariés en insertion accompagnés. Cette année, dans notre atelier situé à Vitry-sur-Seine, en région parisienne, nous avons déjà remis en état 61 700 jouets.
L'an dernier, c'était 55 000. Nous traitons tous types de produits. Peluches, jouets en bois, véhicules... la seule condition impérative – est qu'ils respectent la norme CE. Tous sont issus de dons. Nous les collectons auprès de particuliers, ou via des opérations organisées pour les salariés d'entreprises, ou en partenariat avec des enseignes comme Monoprix.
Pour la distribution, dans nos deux boutiques physiques où nous proposons les jouets à 50% du prix du neuf, nous accueillons deux types de clients. Certains sont animés par la volonté de réaliser un achat responsable éco-solidaire. D'autres sont contraints par leurs petits revenus. Par ailleurs, nous offrons aussi des jouets à des associations qui les redistribuent : cette année, 9 000 enfants vont recevoir un jouet Rejoué.
En quoi 2022 pourrait-il constituer un tournant, en matière de réemploi des jouets ?
De manière générale, citoyens, entreprises et fondations sont de plus en plus conscients de la nécessité d'une transition écologique et sociétale. Nous l'observons, dans le soutien que reçoit notre association Rejoué.
Par ailleurs, cela fait déjà plusieurs années que nous voyons un développement de la tendance qui consiste à donner une deuxième vie aux jouets. De nouvelles structures se sont créées qui poursuivent cet objectif, et ce, dans une démarche d'économie circulaire et inclusive.
Nous avons d'ailleurs accompagné le développement de certaines d'entre elles, comme Joujou, situé à Nantes. Et cette année, à six, nous nous sommes structurés dans un réseau Rejouons Solidaire, afin d'être en mesure d'apporter des réponses collectives.
Aujourd'hui, nous sommes les seuls spécialistes du réemploi de ces produits. Or, en 2022, théoriquement, la filière Responsabilité élargie du producteur (REP) qui organise la collecte et le traitement des déchets en impliquant les producteurs, devrait être mise en place pour le jouet.