Rencontre avec Alain Vasselle, président de l’UMO
Baisse des dotations étatiques, perte des services de proximité dans les communes rurales : le président de l’Union des maires de l’Oise (UMO) Alain Vasselle revient pour Picardie la Gazette sur les deux principales préoccupations des édiles du département.
Picardie la Gazette : Quelles sont les conséquences de la baisse des dotations de l’État pour les communes de l’Oise ?
Alain Vasselle : Il faut d’abord rappeler que le département se singularise par son tissu essentiellement rural. Sur 690 communes, plus de 600 comptent moins de 2 000 habitants. Conséquence de ce particularisme, les maires n’ont pas les mêmes préoccupations que leurs homologues urbains. Pour en revenir à la diminution des dotations, elle impacte les communes dans leur capacité d’investissement, avec une baisse de l’autofinancement et une moindre capacité à emprunter. C’est un cercle vicieux… 70% des investissements publics sont opérés par les collectivités, s’il y a blocage faute de financements ce sont les entreprises du BTP qui se retrouvent en difficulté, voire au bord du dépôt de bilan. Il s’agit à mon sens d’un mauvais calcul de l’État, les collectivités n’ont que peu de solutions pour faire face à cette nouvelle donne : réduire leurs dépenses de fonctionnement, en ne renouvelant pas par exemple les contrats de personnel, diminuer les dépenses ou faire le choix de les maintenir mais avec une hausse de l’endettement ou de la fiscalité.
P.L.G. : On assiste également à une raréfaction des services aux habitants des zones rurales…
A.V. : Oui, cette perte des services de proximité constitue un réel problème, avec le transfert des compétences acté dans la loi NOTRe, on a déshabillé les communes, et je n’ai pas vraiment le sentiment que les candidats à la Présidentielle se soient penchés sur le sujet de façon approfondie et prennent en considération les difficultés du monde rural. Personnellement je conseille à mes adhérents (ndlr : l’ensemble des communes de l’Oise) de se plier au principe de subsidiarité, si les communes ont des moyens limités, elles doivent opter pour la mutualisation pour une gestion que je qualifierai de plus “acceptable”. Très peu de nos communes ont opté pour une fusion et ont fait le choix de l’intercommunalité – une conception technocratique… -, c’est une sage décision : en fusionnant, elles perdent une partie de leur identité, et ne peuvent offrir à leurs administrés la même qualité de services de proximité, qui deviennent de fait trop éclatés.
P.L.G. : Vous restez malgré tout optimiste ?
A.V. : Évidemment. Je siège au Sénat à la commission des Lois, et la loi NOTRe n’est pas irréversible, des propositions de lois sont très régulièrement émises pour revenir sur certaines dispositions de la loi NOTRe. Le Sénat a notamment voté à l’unanimité le caractère facultatif d’allouer aux intercommunalités les compétences eau et assainissement. Il n’est donc pas illusoire d’imaginer un retour sur certains autres points de la loi. Optimiste, il faut le rester, et faire comprendre aux technocrates qu’une révolution culturelle peut s’opérer, que tout n’est pas concentré dans les agglomérations ou les métropoles, comment voulez-vous que les habitants se revendiquent une identité dans des intercommunalités de 30 à 40 000 habitants ? Et certains imaginent doubler ce nombre, mais où va-t-on ?