Reprise économique : les entrepreneurs pointent des difficultés à venir
Les représentants des chefs d'entreprises se déclarent globalement optimistes sur la croissance à venir. Mais ils s'inquiètent de phénomènes liés à la crise, comme les difficultés d'approvisionnements. Et ils pointent aussi les problèmes de main d’œuvre, plus structurels. Témoignages, lors d'une table ronde organisée par la Délégation aux entreprises du Sénat.
Oui, mais... Le 30 septembre, des représentants d'entreprises (CCI France, CMA France, MEDEF, U2P) témoignaient devant la Délégation aux entreprises du Sénat, dans le cadre d'une table ronde sur « Les conditions et les perspectives de la reprise économique » . Globalement, les représentants d'entreprises se sont déclarés satisfaits des mesures de politique publique prises face à la crise. « Le passage du ‘quoi qu'il en coûte’ au sur mesure est bien perçu par chefs d'entreprises (…) C'est tout à fait compris », explique, par exemple, Pierre Goguet, président de CCI France, évoquant un « satisfecit global » de ses adhérents. Aujourd'hui, plus de la moitié d'entre eux voient une « vraie perspective » pour leur activité. Et 77% des entrepreneurs interrogés par CMA France, la Chambre des métiers et de l'artisanat, considèrent que l'activité de leur société s'est stabilisée, voire s'améliore... Au global,donc, l'ambiance est plutôt à l'optimisme, mais avec des nuances. « Nous étions partis pour une relance forte. Toutefois, il existe des différences sectorielles et territoriales fortes », pointe Pierre Goguet, évoquant, par exemple, le tourisme d'affaires, toujours absent de Paris. Partant, les représentants d'entreprises pointent un certain nombre de difficultés liées à la conjoncture, ou aggravée par elle. En tête, les problèmes, largement partagés, de difficultés d'approvisionnement, ainsi que les risques liés à l'inflation et à la hausse des prix des intrants.
La main d’œuvre, grand sujet de préoccupation
« Ces phénomènes viennent ralentir très sérieusement la possibilité de se développer pour les entreprises du bâtiment et dans la production industrielle, en général », signale Joël Fourny, président de CMA France. Mais au delà de ces sujets spécifiquement liés à la crise, parmi ceux évoqués, celui du manque de main d’œuvre, avec sous-jacente, la question stratégique de la formation, préoccupe tout particulièrement les entrepreneurs. « La pénurie de main d 'œuvre est aggravée. Il est nécessaire de réaliser une analyse de notre appareil de formation. Mais le facteur temps est également très important. Il y a une urgence à gérer », pointe Pierre Goguet. « Nous avons tous constaté de véritables tensions sur le marché du travail. Mais nous savons qu'elles pré-existaient dans notre économie. Il existe une forte inadéquation entre le volume d'emplois non fournis et un fort taux de chômage », confirme Christophe Beaux, délégué général du Medef. À ce titre, les réformes de la formation professionnelle et d'encouragement à l'apprentissage constituent deux sujets clé aux yeux des entrepreneurs. En juillet dernier, les partenaires sociaux ont remis au ministère du Travail 49 propositions visant à poursuivre la réforme du système de formation professionnelle.