Semaine européenne dans les Hauts-de-France
À quoi servent les fonds européens et comment sont-ils répartis pour améliorer le quotidien des habitants des Hauts-de-France et contribuer au développement du territoire ? Pour répondre à ces questions, la Région a organisé du 11 au 15 octobre une Semaine européenne, qui a débuté par un séminaire durant lesquels les différents intervenants ont détaillé l’utilisation de ces fonds pour la période 2014-2020.
« Entre 2014 et 2020, la Région a eu l’opportunité pour la première fois d’être autorité de gestion des fonds européens », a rappelé en introduction Daniel Leca, vice-président du Conseil régional en charge de l’Enseignement supérieur, de la recherche, de l’innovation et de l’Europe. Une autorité de gestion des fonds européens qui a permis à l’exécutif régional d’accompagner les porteurs de projet, avec un but précis : « Réduire les fractures entre les territoires, qu’ils puissent se développer et gagner en compétitivité et en innovation », a expliqué Daniel Leca.
Comment concrètement l’Union européenne et la Région ont soutenu les projets des acteurs locaux ? Pour mémoire, il existe trois types de fonds européens : ceux directement gérés par la Région (le Fonds européen de développement régionale - Feder - et le Fonds social européen - FSE), les programmes Interreg (voir encadré), fondés sur la coopération territoriale européenne et les programmes sectoriels gérés par la Commission européenne, sur la base d’appels à projets.
Pour ces derniers, la Région accompagne les acteurs locaux dans leur candidature via le dispositif Fonds régional d’aide aux porteurs de projets européens (Frappe) dont a bénéficié plus de 140 porteurs de projet sur la période 2014-2020 et dont le budget va augmenter de 10% pour 2021-2027. « La Région a pour mission d’accompagner, orienter et conseiller les porteurs de projets pour qu’ils tirent le meilleur partie de l’ensemble de ces dispositifs en simplifiant les démarches », a rappelé Daniel Leca.
« L’Europe est un véritable levier d’actions pour notre territoire »
En six ans, de nombreux dossiers ont pu être soutenus par ces fonds européens, à hauteur de quasiment 1,3 milliard d’euros, avec une montée en puissante constante. Pour la seule année 2020, 235 dossiers (166 641 012 euros) au titre du Feder, FSE et Initiative pour l'emploi des jeunes (IEJ) ont été programmés, 1 273 dossiers (soit 31 166 380 euros) pour le Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader) et 39 (2 400 000 euros) pour le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) . « C’est une vraie réussite, a commenté Daniel Leca. Notre région est l’une des mieux dotées et des plus performantes en matière d’utilisation des fonds européens. Les enveloppes allouées sont colossales, l’Europe est un véritable levier d’actions pour notre territoire pour mettre sur pied des projets essentiels et qui préparent les grandes mutations à venir. »
Le niveau de programmation « très élevé » a pu être maintenu durant la crise sanitaire, ce qui prouve selon le vice-président l’engagement des services de l’exécutif régional au service des porteurs de projet.
Illustration à Amiens, avec Amiens Énergie, en charge du développement du réseau de chaleur de la ville (composé à plus de 60% d’énergies renouvelables), avec un but précis : le rendre accessible au plus grand nombre - 15 000 équivalents logements raccordés et 40 kilomètres de réseau.
L'exemple très concret d'Amiens Énergie
« Depuis la création d’Amiens Énergie en 2017, nous avons développé par trois le nombre d’abonnés au réseau de chaleur, et investi plus de 90 millions d’euros pour développer le réseau, les moyens de production et les énergies renouvelables et locales », a présenté Richard Malot, responsable technique de la Société d’économie mixte à opération unique (Semop), accompagnée dans ce projet par la Région et des financements européens.
« Sans ces aides, les énergies renouvelables ne seraient pas compétitives, il faut cette mise de départ pour développer le réseau de chaleur et livrer l’énergie à des prix attractifs aux habitants », a expliqué Richard Malot. Un projet qui a également généré une quinzaine d’emplois pérennes pour la partie exploitation et quelque 150 pour les travaux.
« L’important dans le montage de ce type de dossiers, c’est d’avoir une bonne coordination, a estimé Richard Malot. La ville d’Amiens a dès le début travaillé en étroite collaboration avec la Région. » Pour Daniel Leca, ce travail de partenariat vertueux est nécessaire « pour le développement des territoires », et pour inciter d’autres collectivités à s’engager dans cette voie.
Les fonds européens ne servent pas uniquement à aider des projets portés par des collectivités ou entreprises. La preuve avec MEET, mené par UniLaSalle Beauvais, soutenu par l’Europe à hauteur de 10 millions d’euros et la Région (via le dispositif Frappe) et qui vise à développer la géothermie pour une électricité à faible coût.
« Ce projet va permettre de développer à l’échelle européenne les énergies renouvelables en matière de géothermie profonde. Ce qui passe notamment par l’amélioration des rendements des centrales existantes, en ajoutant des turbines nouvelle génération et l’extraction de chaleur liée à l’exploitation pétrolière. Avec ce procédé, nous sommes par exemple aujourd’hui capables de chauffer des éco-quartiers, des serres et de produire de l’électricité », a détaillé Ghislain Trullenque, enseignant-chercheur en géologie structurale.
« Nous sommes une région innovante, avec de fortes capacités, notamment celle d’être compétitive à l’échelle européenne, et de créer un écosystème favorable pour les acteurs du territoire, il faut le faire savoir », a insisté Daniel Leca.
Des opportunités encore plus nombreuses pour 2021-2027
La prochaine programmation européenne (2021-2027) sera tout aussi dense, avec en plus des fonds habituels l’enveloppe React EU (271 millions d’euros), réponse à la crise sanitaire. « Cette réponse à la crise du Covid-19 va devoir être très rapide [ndlr, le programme s’achève en 2023] et concrète, nous avons ciblé quatre thématiques : la santé, le soutien aux entreprises, la transition énergétique et verte et le numérique, de très nombreux projets régionaux vont déjà être très prochainement proposés », a observé Anne Wetzel, à la tête de la direction Europe de la Région.
« Les opportunités vont être encore plus nombreuses que lors de la précédente programmation, avec une enveloppe régionale de 1,36 milliard d’euros, dont pratiquement 900 millions d’euros sur le Feder, et des objectifs stratégiques forts, pour une Europe plus proche des citoyens, via des actions portées par les territoires, mais aussi plus intelligente avec la recherche, l’innovation et l’accompagnement des transitions industrielles et numériques, et plus verte », a noté Daniel Leca rappelant qu’en la matière la Région a dépassé les objectifs fixés par la Commission européenne.
Focus sur les programmes Interreg
« Interreg repose sur un principe simple : on est plus forts ensemble pour répondre de façon plus globale à des problèmes locaux », résume Daniel Leca. Entre 2014 et 2020, la Région a ainsi géré plus d’un milliard d’euros de Feder, à travers trois volets : transfrontalier, transnational (grands espaces européens régionaux) et interrégional (toute l’Europe). « Le bilan est très significatif, avec 129 millions d’euros de financement Feder alloués à 125 porteurs de projets de la région, avec des retombées très concrètes sur notre territoire. C’est une des fiertés de la Région d’avoir su utiliser ces fonds à bon escient et positionner les porteurs de projet sur ceux qui leur convenaient », estime le vice-président.
Sur la période 2021-2027, certains programmes Interreg vont disparaître, Brexit oblige. D’autres vont en revanche voir le jour, comme le programme Mer du Nord, qui va permettre de travailler en coopération avec les pays scandinaves – une première pour les Hauts-de-France, qui a par ailleurs candidaté pour être reconduits comme autorité nationale afin de coordonner et animer le partenariat français sur le programme Interreg France-Wallonie-Flandres.
Côté budget, le programme Interreg Europe augmente de 20% comparé à la précédente période, pour atteindre les 379 482 670 euros. Interreg North-West Europe, qui promet d’être très vert, innovant et axé sur une société plus inclusive, disposera lui d’une enveloppe d’environ 310 millions d’euros (en raison du retrait britannique). Celle d’Interreg France-Wallonie-Flandres devrait considérablement augmenter, avec un budget estimé à 270 000 000 euros (soit +58%).