Soissons et son théâtre romain : un élément majeur à redécouvrir ?

La première capitale franque fut d’abord une puissante cité gallo-romaine : Augusta Suessionum ou Noviodunum. Il subsiste un théâtre antique colossal, mais enfoui. Une association de passionnés du patrimoine, Anima Theatri, a été créée au lendemain des Journées du patrimoine 2012. Les bénévoles s’enthousiasment pour la revalorisation du site.

Le parc épouse la forme du théâtre antique.
Le parc épouse la forme du théâtre antique.

 

Le parc épouse la forme du théâtre antique.

Le parc épouse la forme du théâtre antique.

Ce groupe, dont le président et la vice-présidente sont par ailleurs guides-conférenciers pour la ville de Soissons, s’est mobilisé pour faire ressurgir du passé les vestiges du théâtre de l’ancienne cité gallo-romaine.

Des vestiges enfouis sous terre
La cité était conséquente, l’actuel quartier Saint-Crépin est quelquefois comparé à Pompéi tant le sous-sol est riche de vestiges de belles villas ! Situé dans le parc du lycée Camille- Claudel, en plein centre-ville, rue du Théâtre-Romain justement, son diamètre de 144 mètres en fait l’un des plus vastes de la Gaule romaine. Avec une capacité à l’époque de 20 000 spectateurs, il date de la dynastie des Antonins (96 à 192 après J.-C.). Le demi-cercle des gradins s’appuie sur la butte de ce qui allait devenir Saint- Jean-des-Vignes, 1 000 ans plus tard. Sous la verdure n’est apparent aujourd’hui que le relief des gradins (la “cavea”). Le mur de scène a été démantelé à la fin de l’Empire pour bâtir le “castrum” (enceinte militaire de la ville), en ces temps troubles d’invasions. Le temps passe… On oublie la présence du théâtre dont les vestiges sont enfouis sous la terre. A partir du XIIIe siècle, le terrain, propriété de l’évêque, sera cultivé en vignes (clos de l’évêque). Au XVIIe siècle, la construction du grand séminaire à proximité fera surgir des pierres qui ne seront pas identifiées.
Il faudra attendre les fouilles archéologiques du XIXe siècle menées par le directeur du séminaire et ses élèves pour enfin comprendre que les vestiges qui, peu à peu, sont mis à jour sont ceux du théâtre antique de Soissons. Le président de la société archéologique de l’époque, M. de La Prairie, publiera en 1848 dans son bulletin un rapport précis des fouilles qui furent réalisées. Le Génie a fouillé un peu, sans plus.

Attirer l’attention des décideurs
Depuis cette époque, aucun sondage archéologique n’a plus jamais été reprogrammé, et le théâtre romain est de nouveau retombé dans l’oubli. Le site, protégé depuis 1875, appartient à la ville depuis 1928, il y aurait un acte précisant à l’époque que l’ancien propriétaire, le conseil général, avait demandé de fouiller. Mais nous sommes en pleine reconstruction… Actuellement, le parc sert d’espace récréatif aux lycéens, il est en réalité sous-utilisé.
Les objectifs de l’association Anima Theatri sont d’attirer l’attention des décideurs et du public : des visites guidées comme celles des Journées du patrimoine, des animations en plein air portant sur les thèmes du théâtre romain et du passé gallo-romain d’Augusta Suessionum, ou encore l’étude d’un aménagement paysager permettant une mise en valeur. Qu’on se le dise, les gradins n’existent plus (ou très peu), mais des prospections géophysiques (sans remuement de terre) pourraient permettre d’évaluer les vestiges. Ensuite, sera déterminée une issue possible : une restauration ou, plus probablement, une évocation. L’endroit qui n’a jamais été construit après l’époque romaine, à mi-chemin entre la cathédrale et le parc technologique Gouraud, constituerait, s’il était un tant soit peu mis en valeur, un atout supplémentaire pour le tourisme.