Soldes, ventes privées et liquidations, différences et paradoxes
Alexandre BARLOT
Boîte mail. Boîte aux lettres. SMS. Vous ne pouvez pas y échapper. Les soldes, ventes privées, opérations de liquidations ou déstockage sont présents partout. D’autant plus en cette période de soldes débutée le 7 janvier et se clôturant le 17 février. Mais ces différents types de ventes, qui peuvent parfois faire saliver à la vue des pourcentages de réduction offerts, ne sont pas tous logés à la même enseigne en termes de réglementation.
Les pratiques commerciales réglementées
« Les mots soldes et liquidations font partie des ventes réglementées », explique d’emblée Christophe Martinet comme pour fixer le cadre. C’est plus exactement la loi de modernisation de l’économie du 4 août 2008 qui fixe le cadre légal de ces deux périodes de soldes revenues à six semaines depuis la loi de juillet 2014. « La loi de 2008 permettait deux fois cinq semaines durant les périodes dites “classiques” et les commerçant avaient le droit à deux semaines supplémentaires de soldes flottants qu’ils pouvaient utiliser comme ils le souhaitaient. Mais ils ont été supprimés car si les commerçant y ont trouvé un intérêt au départ, il s’est avéré par la suite que cela n’avait pas un effet particulier sur les ventes », décortique le directeur départemental de la protection des populations de la Somme. Ces deux périodes, bien définies, sont bien souvent précédées ou accompagnées de publicités. Celles-là même qui viennent remplir vos différentes boîtes aux lettres. C’est le moment de saliver devant les rabais et ristournes annoncés. Là encore, il faut se méfier à écouter Christophe Martinet : « Il est souvent annoncé “jusqu’à -80%, jusqu’à -70%” par exemple, on va mettre en avant des pourcentages très importants mais il faut que ces baisses représentent quasiment une majorité d’articles, le texte de loi parle de “fortes proportions”. S’il y en a seulement une partie et que le reste se trouve à -30% par exemple, c’est une pratique commerciale qui amène à induire en erreur le consommateur. C’est bien là que se trouve la subtilité du “jusqu’à” car l’on sait bien que ce n’est pas tous et ça évite aux vendeurs d’éviter la répression. » Ces techniques commerciales sont utilisées dans un but simple : favoriser un écoulement accéléré des marchandises proposées.
Mais pour que ces dernières puissent rentrer dans les termes de soldes, « il faut que les articles soient proposés depuis un mois au minimum et qu’ils soient déjà payés. Normalement, le consommateur doit pouvoir voir le prix de départ et le prix après réduction », poursuit le directeur de l’agence samarienne. C’est également le cas des ventes en liquidations.
Ces dernières, tout comme les produits manufacturés vendus durant les périodes de soldes peuvent être vendues à perte. Mais les ventes en liquidation se démarquent de par leurs motivations.
« Un commerçant fait des liquidations parce qu’il arrête définitivement son activité, qu’il fait de gros travaux et que son magasin va être fermé pendant un long moment ou alors parce qu’il change de ligne de produits », énumère Christophe Martinet.
Ces deux types de ventes réglementées sont bien celles qui offrent le plus de rabais sur les marchandises proposées mais ce ne sont pas les seules utilisées par les commerces.
Les ventes non réglementées
« Les ventes privées ne sont pas reconnues comme une vente réglementée. Ce sont des ventes à caractère promotionnel qui s’adressent à une clientèle limitée et définie. Il existe également les opérations de déstockage qui elles peuvent proposer des produits rachetés après des liquidations judiciaires, il arrive même parfois qu’ils viennent de l’étranger. Mais il faut toujours que les biens mis en vente comportent les mentions en français. La loi indique que les informations à l’attention du consommateur doivent être en français. Parfois elles font l’objet d’un surétiquetage », développe Christophe Martinet. Au final, ce qu’il faut retenir, selon Christophe Martinet, c’est que « les mots soldes et liquidations font partie des pratiques commerciales réglementées. Après l’imagination est au pouvoir pour utiliser d’autres termes tant que le consommateur ne s’en retrouve pas lésé. Si un sentiment de fraude existe chez le client, nous on prend le relais. Il peut nous avertir via courriel ou se déplacer à l’agence où nous les accueillerons. À Amiens, nous sommes ouverts au public le lundi et le mercredi après-midi. » Ensuite c’est à vous de juger…
Les ventes privées du côté de chez vous
Repérage. Excitation. Top départ, les soldes sont lancés. Depuis le 7 janvier, 8 heures, les rues habituellement squattés par les badauds et passants à laisser place aux personnes en recherches de bonnes affaires. C’est le cas dans bien des villes isariennes et axonaises. Mais cette période, où les rabais font parfois tourner la tête, est bien souvent précédée de ventes privées. Mais est-ce que cela fonctionne bien ? À Creil, chez Okaïdi, « on a commencé cinq jours avant les soldes. À l’échelle nationale, les magasins faisaient des ventes privées du 2 au 6 janvier. Cette opération a plutôt bien marché. On peut même dire aussi bien que le début des soldes. Si l’on compare avec l’année précédente, on a mieux travaillé », explique la gérante du magasin. Un sentiment qui ne se retrouve pas vraiment chez la responsable de Texto à Saint-Quentin : « Dans les magasins de la marque, on a fait pendant 15 jours des ventes privées prenant fin le 24 décembre. Elles se sont bien passées mais il faut reconnaître qu’en termes d’impact de ventes c’est plus faible que les soldes. On ne fait pas les mêmes réductions et surtout il y a beaucoup de personnes qui viennent faire du repérage à ce moment-là. » Si un constat devait être établi, il y a fort à parier que les ventes privées précédant les périodes de soldes ne sont pas les plus prolifiques mais elles permettent aux clients fidèles de profiter avant tout le monde des mêmes rabais que ceux appliqués lors des premières semaines de soldes.