TchaoMegot : les mégots revalorisés de façon écologique
Durant son stage de fin d’étude et son master en ingénierie, Julien Paque a inventé un process permettant de recycler les mégots de cigarette grâce à une innovation unique en France : l’extraction sans eau. Actuellement en test en laboratoire, ce process pourrait s’étendre en France à plus grande échelle.
C’est dans son garage, à Beauvais, que ce jeune entrepreneur de 22 ans, un master en Conception mécanique en poche depuis six mois, a inventé un process de revalorisation des mégots de cigarette à l’aide d’une extraction sans eau. « Durant mon stage de fin d’étude, il fallait trouver un projet et j’ai décidé de me lancer dans ce projet fou de trouver un système écologique pour recycler les mégots, raconte, enthousiaste, Julien Paque. Au bout de quatre mois, seul dans mon garage, j’ai trouvé la méthode. Ensuite, tout est allé très vite, actuellement des tests en laboratoire sont effectués sur des petites quantités pour prouver que les matières ne sont plus toxiques, une fois le test validé, la prochaine étape est de valider les substances récoltées en plus grande quantité pour valider une production industrielle et donc une production à plus grande échelle. » Julien Paque a récolté 500 Ml de liquide toxique, soit 200 à 300 mégots, pour ce test en laboratoire. Son but ? Revaloriser un quart des mégots en France, soit 500 à 1 000 tonnes de mégots de cigarette grâce à la concrétisation de son projet, baptisé TchaoMegot.
Une ambition qui a un prix : aujourd’hui, ce jeune entrepreneur, qui est incubé à ITerra de Beauvais, a recueilli 30 000 euros grâce à plusieurs sponsors, une aide de la Région Hauts-de-France et une cagnotte en ligne mais aussi 5 000 euros grâce au concours remporté récemment, “Des racines et des pousses”, qui va lui permettre de lancer ses prochains tests. Pour continuer son projet innovant et éco-responsable, Julien Paque compte sur des futurs partenaires pour le propulser encore plus loin et créer son entreprise, un site Internet lui étant déjà consacré (www.tchaomegot.fr).
Un projet vertueux
L’innovation et la force de son process sont uniques car elles le rendent 100% écologique, ce que d’autres procédés ne permettent pas. « J’ai développé un process qui n’utilise pas d’eau pour éviter d’avoir de l’eau polluée en grande quantité non traitable et donc des déchets toxiques tout aussi polluants, explique-t-il. Avec mon système, je n’utilise pas d’eau et je récupère uniquement les liquides toxiques en petite quantité et la fibre est dépollué et sans odeur. »
Au total, pour 30 litres de fibre, Julien Paque ne récolte que 100 Ml de liquide toxique qui peuvent aussi être revalorisés. Une avancée dans le recyclage de ce déchet que l’on retrouve quotidiennement dans toutes les rues et les toutes les poubelles. « Mon ambition est de devenir un acteur majeur français dans le recyclage de mégots de cigarette », assure-t-il.
Un projet éco-citoyen
Sa démarche fait réfléchir : « Chaque année en France, l’équivalent d’une Tour Eiffel et demie de mégots est jeté par an, un mégot est égal à 500 litres d’eau polluée et on y trouve 2 500 à 4 000 substances toxiques, il met 36 heures à tuer un poisson et 15 ans à se désintégrer », note-t-il. Avec la fibre dépolluée qu’il récupère, Julien Paque ambitionne de la transformer en isolant. « J’ai déjà conçu une doudoune avec cette fibre qui possède les mêmes caractéristiques que les autres isolants, confie-t-il. On peut fabriquer un isolant à plus grande échelle pour les toitures de maison ou des plaques d’isolation au vu des quantités récoltées. » Sa démarche est aussi éco-citoyenne : les citoyens peuvent contribuer à faire fructifier son entreprise grâce à des dons ou toute autre démarche environnementale, comme la collecte des mégots. « L’idée est aussi de sensibiliser les fumeurs et tous les gens dans le traitement de ce déchet », ambitionne-t-il.
La suite ? Son process est en cours de brevetage à l’Inpi. Au-delà du process, Julien Paque devra réfléchir à un système de collecte des mégots et un système de recyclage de la fibre à grande échelle, avec, là aussi, des éventuelles collaborations avec des entreprises intéressées par cette démarche responsable.