Télétravail : ce qu’en pensent les dirigeants de PME
L’usage du télétravail s’est imposé avec la pandémie de la Covid-19. 82% des employeurs déclarent y avoir eu recours durant ces derniers mois. Si 29% des chefs de TPE-PME avaient déjà l’habitude de le pratiquer, 53% d’entre eux ne l’ont adopté que depuis le début de la crise sanitaire.
Salariés et employeurs se disent prêts à accélérer le mouvement. Selon l’enquête de la CPME, réalisé auprès d’un échantillon de 532 patrons du 1er au 12 juillet 2020, 39% des salariés demandent à travailler davantage de leur domicile, soit autant que de dirigeants qui souhaitent étendre la pratique du travail à distance dans leurs entreprises. Parmi ces derniers, 20% prévoient de réduire la surface des bureaux ou des locaux professionnels, afin de réaliser des économies sur le coût immobilier pour l’entreprise.
Une mise en œuvre plutôt unilatérale
Initié dans l’urgence, le télétravail a été mis en place de manière unilatérale par l’employeur dans 73% des entreprises, contre 17% via un accord collectif et 10% suite à l’établissement d’une charte. D’autre part, seulement 12% des entreprises ont formalisé cette méthode de travail en signant un avenant avec le salarié.
Perception mitigée
Sur la perception de la pratique, les avis sont contrastés. Selon le sondage de la Cpme, la majorité des chefs d’entreprise ayant déjà opté pour cette organisation du travail, de façon régulière, l’évaluent de manière plus positive, que ceux qui l’ont utilisée pour la première fois lors du confinement. Dans ce sens, près de la moitié des patrons (49%) de la première catégorie estiment que le télétravail augmente la productivité, contre 26% pour la deuxième. Cet écart devient plus significatif lorsqu’on se penche sur le volet du recrutement de nouvelles compétences. En effet, 72% des dirigeants ayant déjà pratiqué le télétravail le considèrent comme un atout, contre 36% seulement pour ceux qui s’y sont lancés depuis le début de la crise virale.
Quant à la contribution de cette forme de travail à l’équilibre de la vie professionnelle et privée des salariés, 75% des patrons qui y avaient déjà recours trouvent que le travail à distance favorise cet équilibre, contre seulement 40% pour ceux qui l’ont expérimenté durant le confinement. Toutefois, les deux catégories de dirigeants d’entreprises se rapprochent pour juger qu’il constitue une solution alternative aux problèmes liés aux logements et aux déplacements, avec, respectivement, 78% et 62% d’avis favorables.
Un frein à la cohésion entre salariés
Mais les dirigeants ont conscience des limites qui existent. Sur l’ensemble des chefs d’entreprise interrogés, pour la Cpme, la grande majorité (84%) trouve que le télétravail peut empêcher « la cohésion des équipes et risque d’isoler les salariés ». 68% craignent le risque de fracture entre « les cols blancs » et « les cols bleus », dont les métiers obligent un présentiel en entreprise. Et 65% estiment que ce mode de travail pourrait limiter la créativité de leurs employés. Plus de la moitié d’entre eux (55%) évoquent aussi des difficultés pour contrôler la bonne exécution du travail.
Malgré la crise sanitaire, et grâce au travail à distance, plusieurs entreprises ont pu éviter le pire et réussi à maintenir leurs activités à un niveau satisfaisant. L’usage de cette pratique gagne du terrain et cette tendance pourrait s’accélérer dans les mois à venir. Toutefois, les employeurs qui souhaitent y avoir recours auront à surmonter divers challenges. Ils doivent ainsi réfléchir à des solutions efficaces pour lutter contre l’isolement ou la perte de lien social, et définir des indicateurs de performance à suivre pour évaluer la productivité de leurs collaborateurs.
À noter : dans 38% des entreprises ayant instauré le travail à distance, le rythme actuel adopté est de deux jours au moins, par semaine.
Jihane MANDLI et B.L