TPE- PME : les projets d’investissements revus à la baisse
La santé financière des PME/TPE qui s’était améliorée en mai dernier s’est dégradée ce troisième trimestre 2024, selon la dernière étude de conjoncture Bpifrance Le lab /Rexecode. Les tensions politiques depuis juin et les perspectives de la demande nourrissent l’inquiétude des dirigeants.
Dans l’expectative, sans visibilité aucune sur la politique économique et les arbitrages budgétaires qui seront menés. L’incertitude politique des derniers mois qui s’est prolongée au-delà de la rentrée, ajoutée à une croissance modérée, perturbe les patrons. Les résultats du baromètre de Bpifrance Le Lab et Rexecode, publié le 17 septembre, confirme l’attentisme des dirigeants de PME/TPE, (interrogés entre le 22 août et le 3 septembre, soit avant la nomination du nouveau Premier ministre et de son gouvernement), voire leur inquiétude. Notamment, sur la faiblesse de la demande qui leur est adressée, tant actuelle que future : c’est le principal obstacle au développement des PME/TPE, citée par 55% d’entre elles, devant les difficultés de recrutement, 49%, ( elles diminuent d’un point sur un mois, mais demeurent présentes). Et le niveau de la concurrence, plus exacerbée, gagne du terrain, identifiée comme troisième frein à la croissance (31%) de ces entreprises. Les coûts de production pèsent moins, mais restent aussi une préoccupation pour 27% des entrepreneurs.
Des investissements au ralenti
Autre préoccupation, les chefs d’entreprises se disent pessimistes quant à l’évolution récente et actuelle de leur trésorerie. Les perspectives à court terme s’assombrissent, (- 7 points par rapport au trimestre précédent), avec 27% des dirigeants anticipant une détérioration de leur situation financière, contre seulement 11% qui s’attendent à une amélioration.
Dans ce contexte dégradé et incertain, les entrepreneurs se montrent aussi de plus en plus prudents quant à leurs décisions d’investissement et lèvent le pied :46 % d’entre eux ont investi ou comptent le faire cette année, (-4 points sur le trimestre), contre 57 % qui prévoyaient des opérations pour 2023, il y a un an. Le solde d’opinion sur l’évolution des montants dédiés atteint son plus bas niveau historique « hors année 2020 », précise le baromètre. Et parmi les entreprises qui investissent, 36% envisagent de réduire leur budget, seules 21% d’entre elles comptent l’augmenter.
Les projets environnementaux (économies d’énergie, recyclage, ...) seraient les premiers pénalisés par la réduction des dépenses d’investissement, « alors qu’ils progressaient régulièrement depuis trois ans ». Ce motif n’est plus avancé que par 36% des dirigeants de TPE/PME, contre 41 % en mai dernier et 47% en février. La modernisation et le renouvellement des équipements demeurent prioritaires ( et stables) pour 65% et 75% d’entre eux, respectivement. Selon le baromètre, les entreprises se tournent aussi vers le lancement de nouveaux produits et services (36%), l’extension des capacités de production (32%) et la mise aux normes (29%). De leur côté, les projets de nouvelles implantations accusent une forte baisse (15%).
Prudence face à l’avenir
En matière de politique salariale, les entreprises pourraient aussi réduire la voilure : elles se montrent moins enclines à augmenter les rémunérations, seulement 58% projettent de le faire contre 64% en janvier dernier. De plus, l’augmentation salariale moyenne fléchit par rapport aux années précédentes passant de 3,9% en 2022 à 2,1% en 2024.
Quant aux effets plus précis de l’incertitude politique, née des législatives anticipées, plus de la moitié (51%) des entreprises interrogées jugent son impact sur leur activité fortement négatif , 34% le trouve « modéré » et 18% ne ressentent pas de conséquence spécifique. Environ 21% d’entre elles signalent qu’elles ont été contraintes d’annuler leurs projets d’investissements et/ou d’embauches en raison du climat politique, 38 et 28 % de les reporter.
A.B et B.L