Éducation
Un centre pour lutter contre l’illettrisme à Compiègne
Le Centre ressource lecture de Compiègne - créé en 2006, à l’initiative de Thierry Méresse, par ailleurs président du Rotary Club, et Solange Dumay - est dirigé par Anne Sophie Brasseur. Il porte toute son attention sur les personnes en demande de savoir... et lutte contre l’illettrisme, un fléau en Picardie.
L’équipe de ce centre est constituée de cinq permanents - dont quatre formateurs -, de vacataires, d’une douzaine de bénévoles et de jeunes en Service Civique - pour une durée de huit mois - et deux volontaires en permanence. Les locaux, situés dans le quartier de Royallieu, sont prêtés par la mairie... un écosystème est donc bien mise en place. Venir en aide à ces personnes était le souhait de Thierry Méresse, qui a toujours par ailleurs soutenu et accompagné, aussi bien des jeunes dirigeants d’entreprises, des boutiques à l’essai que des personnes en difficulté. « Dans mon métier d’assureur, j’ai rencontré des personnes en situation d’illettrisme qui me demandaient de remplir un chèque, sous le prétexte d’avoir oublié leurs lunettes ! Nous mettons toute notre énergie à bien accueillir ces apprenants, afin qu’ils se sentent bien et reconnus. Il y en a parmi eux qui travaillent, certains viennent se perfectionner dans la langue française afin de pouvoir décrocher un job. Certains diplômés dans leur pays doivent apprendre le français pour avoir un avenir dans leur nouveau pays. Depuis la pandémie de la Covid-19, le taux d’assiduité est très élevé. Nous avons aussi fait un accompagnement scolaire à leurs enfants pendant le premier confinement. » Les personnes viennent quatre fois par semaine pour un parcours qui dure de six mois à un an.
Et l'enjeu est de taille : 125 000 illettrés en Picardie ont été recensés en 2020, soit 11% de la population, alors qu’au niveau national le taux est de 7%. Dans l’Aisne, le niveau est haut, 17,9%, 8% dans l’Oise dont 15,2% de jeunes, tout comme dans la Somme qui recense 12% d’illettrés. Les pouvoirs publics locaux et des associations, étant donné l’ampleur du problème, ont pris les choses en main depuis de nombreuses années, bien que le taux n'enregistre pas une baisse significative.
Des méthodes originales et adaptées
L’enseignement s’appuie sur la pédagogie de la vie courante. Le président détaille : « on leur apprend dans leur quotidien, on banalise les choses qui leur sont réellement utiles. Par exemple, prendre le bus, savoir où est la caisse de sécurité sociale. L’année 2021 va permettre à une douzaine de personnes de se présenter au code de la route. La mobilité est un enjeu majeur pour trouver un job. L’une d’entre elles est prête à le passer, celui-ci est financé par la politique de la Ville. Nous faisons aussi des sorties au théâtre. Le centre est le tremplin pour une nouvelle vie. » En 2020, le Centre ressource lecture de Compiègne a accueilli 221 personnes et depuis janvier 2021, 158 nouvelles personnes sont arrivées... tout en ayant un turn over tous les six mois. Du côté des profils, les apprenants habitent à Compiègne ou à proximité, ils ont entre 16 et 65 ans. Ils rentrent en contact avec le centre grâce à Pôle Emploi, la mission locale, le CCAS et le Département pour les bénéficiaires du RSA.
Le centre est aidé par ds financements publics. Le département, l’État - dans son rôle de soutien à la politique de la Ville- et la Région Hauts-de-France financent ce projet. Mais aussi des entreprises privées comme la polyclinique Saint Côme à Compiègne, le Rotary club, un assureur, un restaurant de restauration rapide et bien d’autres. La BNP est aussi mécène via sa Fondation qui lance des appels à projets dans toute la France. L’illettrisme est au cœur de ceux-ci, afin que les personnes puissent se réinsérer dans la vie professionnelle. La fondation a financé le renouvellement de tout le matériel pédagogique du centre en 2020, ainsi que l’achat de nouveaux... Le Centre ressource lecture de Compiègne a encore de belles actions à réaliser.