Un réel engouement pour l’agriculture
Terres de Jim, la plus grande fête agricole de plein air d’Europe, a posé ses valises dans l’Oise début septembre. L’événement a accueilli près de 100 000 visiteurs en trois jours, un véritable succès.
C’est la plus grande fête agricole de plein air d’Europe, qui depuis 60 ans, n’avait pas eu lieu en Picardie. Syndicat national apolitique et indépendant, JA regroupe 50 000 jeunes agriculteurs de moins de 35 ans avec comme ambition depuis sa création en 1957, de faire partager l’agriculture au plus grand nombre. Margny-les-Compiègne lui a confié un site éphémère de cent hectares, afin qu’ils puissent montrer et expliquer toutes les facettes de leur métier. Une occasion unique de démontrer que l’agriculture peut encore servir et avoir un rôle sociétal. Sept régions de France se sont déplacées. Ce salon a permis aussi d’exposer des machines agricoles équipées des dernières technologies comme ce tracteur de 534 chevaux sous le capot, pesant 18 tonnes avec des roues de 2,40 mètres de diamètre. Des collectionneurs avaient apporté des vieux modèles qui ont transporté les visiteurs dans le temps. Romain Swenen, agriculteur grandes cultures et éleveur de vaches, responsable des exposants, a détaillé le montage de ce salon : « Depuis un an, les jeunes agriculteurs de l’Oise travaillent bénévolement sur ce salon, au budget avoisinant le million d’euros. Je tiens à les en remercier. Nous n’avons aucune subvention. Douze partenaires dont quatre principaux assurent une partie de l’investissement. Nous avons une convention avec le conseil départemental et le conseil régional, qui est un échange de prestations, comme la publicité de Terres de Jim au dos des bus de l’Oise. »
Un savoir-faire et des produits régionaux
Montrer aux visiteurs de tous âges, comment, et d’où proviennent ce qui est dans leurs assiettes. 500 jeunes ont assuré l’accueil et les visites des différents pôles, végétal avec les différentes cultures de la région présentées à trois stades de maturité, les cultures maraichères, les équidés, bovidés, ovidés, caprins, porcs, gallinacés. Sans oublier, les trompes de chasse et les chiens de troupeaux montrant leur savoir-faire derrière des oies et des moutons ; du concret à tous les stades que 2 000 enfants des écoles ont regardé, le vendredi, les yeux écarquillés. Les finales nationales de labour avec des chevaux de trait et des tracteurs, ainsi qu’un concours de moiss-batt ont eu un grand succès le samedi et le dimanche. Le village proposait aux visiteurs des produits locaux à commencer par ceux de Terroirs de Picardie et Saveurs en Or, et aussi des fromages de la chèvrerie de l’Oise, la seule à faire du fromage de brebis dans le départe ment, une productrice de savon au lait d’ânesse, provenant de son élevage, du champagne de l’Aisne, et des produits du Nord et du Pas-de-Calais, comme le nougat de Lille ou encore de l’eau de vie de bière distillée à Béthune.
Des jeunes agriculteurs à l’offensive
Matthieu Lucas dirige avec son frère, la ferme du Metz à Bailleulle-Soc. Il vend ses tomates sans pesticides à un prix très compétitif car, dit-il : « On nous demande de nous aligner sur les prix de la production étrangère moins chère. Mon objectif est de demander au ministre qui vient, la nécessité d’instaurer un principe de priorité aux productions locales ». Thierry Dupont, céréalier, président de la coopérative isarienne Agora, compte aussi interpeller Stéphane Travert. « Le blé est payé actuellement 130 euros la tonne. Soit de 15 à 20 euros en dessous du coût de revient, donc à perte. Pour aider nos adhérents à retrouver de la compétitivité, nous avons recruté des experts, pour les conseiller afin de faire monter leur valeur ajoutée et baisser leurs coûts ». Agora vient d’investir aussi dans une start-up, Wefarmup, spécialisée dans le partage de matériel agricole. Une forme de BlaBlaCar du tracteur, un vrai changement de culture. Sophie Wieme, éleveuse de vaches laitières dans le Beauvaisis, commercialise son lait sous la marque Faire-France, vendu dans nombre de grandes surfaces. Elle aussi s’adressera au ministre : « Nous aussi, on veut se prendre en main, chaque litre vendu nous rapporte 10 centimes, alors que le consommateur le paye 99 centimes ! Heureusement, les ventes augmentent. Nous en sommes à 15 millions de litres vendus depuis 2012. »
Jérémy Decerle, agriculteur en Saône et Loire, président des Jeunes Agriculteurs, compte beaucoup sur les États généraux de l’alimentation : « Nous espérons qu’un grand nombre de jeunes entrent dans le métier. Nous avons commencé deux chantiers moteurs : l’un autour de la valeur et du prix, l’autre sur la qualité. Vivre de son métier dans toutes les filières est une priorité. Il faut gérer les relations avec la grande distribution, car c’est elle qui fixe les prix. Il faut revoir les lois dont celle sur la transparence des prix et des promotions qui tirent les prix par le bas. On veut un pacte alimentaire, décliné en local et régional en relation avec les conseils régionaux, départementaux et les cantines scolaires. L’acte citoyen est de consommer français. » Les premières conclusions des États généraux seront connues mi-octobre, et début 2018, des mesures concrètes verront le jour. Souhaitons que la cohésion reste d’actualité.