Environnement

Une nouvelle filière de recyclage pour les industriels

La chambre de commerce et d’industrie de l’Oise a mis en place une filière de recyclage pour les supports d’étiquettes. Une dizaine d’entreprises valoriseront ainsi 300 tonnes de déchets d’ici la fin de cette première année.

Pour Nikolas Petrovic et Mathieu Roxo, respectivement Directeur général et responsable commercial de Remondis France, le site d’Allonne « est un outil local au service des professionnels pour tous leurs déchets, dont les glassines. »
Pour Nikolas Petrovic et Mathieu Roxo, respectivement Directeur général et responsable commercial de Remondis France, le site d’Allonne « est un outil local au service des professionnels pour tous leurs déchets, dont les glassines. »

Il y a plus de deux ans que le Pôle Industrie-Développement durable de la CCI de l’Oise a commencé à réfléchir à la création d’une nouvelle filière de recyclage. Parmi plusieurs possibilités, ce sont les supports d’étiquettes autocollantes qui ont été retenus, également appelés glassines ou dorsales. Des partenariats se sont mis en place avec Chanel Parfums, puis Colgate, BASF, RS Components… Au total aujourd’hui une dizaine d’entreprises de toutes tailles se sont engagées dans la démarche, les plus importantes apportant les volumes faisant défaut aux plus petites. « L’enjeu était d’aboutir à un modèle économique viable, il faut que chaque acteur y trouve son intérêt », souligne Philippe Enjolras, le président de la CCI Oise que l’Ademe a désignée comme pilote de l’écologie industrielle et territoriale du département.

Enjeux environnementaux et économiques

Qui dit filière de recyclage dit collecteur et recycleur, qui doivent se situer au plus près du gisement pour limiter l’impact logistique : le groupe allemand Remondis, installé à Allonne près de Beauvais, récolte auprès des industriels les supports d’étiquettes à recycler. « Nous les trions, les pressons et les mettons en balles », explique le Directeur général de Remondis France, Nikolas Petrovic. Ils sont ensuite acheminés vers l’unité de recyclage de l’entreprise Wepa Greenfield, également allemande, basée à Château-Thierry dans l’Aisne. « La valorisation des supports d’étiquettes présente certaines difficultés techniques », reconnaît Luce Catté, responsable des achats de papier à recycler.

En recyclant leurs dorsales d’étiquettes, Jade et Christian Dauvillers de l’entreprise Surget diminuent le coût de traitement de leurs déchets.

Après le trempage pour séparer les différentes fibres et l’élimination des indésirables, les glassines sont transformées en papiers d’hygiène. « Au-delà de l’intérêt environnemental, la notion de rentabilité est indispensable », reprend Thierry Laurent, responsable Facility services chez Colgate-Palmolive, industriel à Compiègne, le plus gros pourvoyeur de matières premières de la filière avec environ un million d’étiquettes utilisées par jour. Car non seulement la matière qui ne part pas en enfouissement échappe à la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) mais en plus elle est rachetée à son producteur. « Jusqu’à présent, nos dorsales d’étiquettes partaient en valorisation énergétique », raconte Philippe Decaudain, coordinateur environnement chez BASF, le fabricant de peintures industrielles de Clermont. Elles représentaient plus de la moitié de nos déchets banaux et sont aujourd’hui valorisées à 80 %. » 

Pour bénéficier de cette filière, pas besoin d’être un gros producteur de déchets : Christian Dauvillers, dirigeant de la PME Surget de conditionnement à façon en pétrochimie, et sa fille Jade, responsable Qualité-sécurité-environnement, le confirment : « nous nous sommes aperçus que les dorsales d’étiquettes représentaient 60 tonnes de déchets par an. Cette initiative nous permet de nous débarrasser d’un problème coûteux, et toutes les économies sont bienvenues, à l’heure où les coûts de traitement des déchets ne cessent d’augmenter. » Il ne reste plus qu’à encourager d’autres entreprises à rejoindre l’opération. « La CCI Oise est en même temps militante et experte », affirme Philippe Enjolras, n’excluant pas la mise en œuvre d’autres filières d’économie circulaire.