Une SCOP pour sauver Goodyear ?
La CGT Goodyear organisait mardi dernier une journée d’action à Amiens pour protester une nouvelle fois contre le projet de fermeture de l’usine. Dans la matinée, l’avocat et le leader du syndicat ont annoncé le projet d’une SCOP pour tenter de sauver les emplois menacés.
Mardi matin, 10 h 30, sur le site Goodyear d’Amiens- Nord. Fiodor Rilov, avocat de la CGT Goodyear, prend la parole. Il annonce que la création d’une SCOP est désormais envisagée pour tenter de sauver les 1200 emplois menacés par la fermeture du site. Il précise toutefois que ce projet ne peut se réaliser que si les employés acceptent de le porter. « Je suis prêt à tout pour sauver mon emploi et celui de mes collègues, explique Laurent Lemaire, changeur de moule depuis douze ans dans l’entreprise. J’ai une famille à faire vivre, je me battrai donc jusqu’au bout. Avec de la bonne volonté, on peut faire des miracles. » Même enthousiasme chez son collègue Christian Hareux, ouvrier depuis vingt-trois ans chez Goodyear. « Bien sûr qu’une SCOP représente un investissement personnel important. Mais cela fait six ans que nous nous battons. Ce projet ne nous fait donc pas peur », confie-t-il.
Un fonds européen
Sur le parvis de la mairie d’Amiens, où s’étaient ensuite rassemblés 250 salariés environ, Mickaël Wamen, leader de la CGT Goodyear s’est entretenu avec Philippe Boulland. Le député européen (Parti Populaire européen) était à Amiens pour rencontrer le préfet. « Je lui ai fait part des fonds existant au niveau européen pour venir en aide aux entreprises qui vont mal. La France est l’un des plus grands contributeurs mais n’a fait appel qu’une fois l’un de ces dispositifs. Ces fonds restent méconnus. Or, dans une région comme la Picardie, ils peuvent se révéler très utiles », explique Philippe Boulland, qui faisait principalement allusion au fonds européen d’ajustement à la mondialisation (FEM). Ce dispositif vise à soutenir les travailleurs licenciés, principalement dans les régions et secteurs défavorisés par l’ouverture à l’économie mondiale. Chaque année, 500 millions d’euros sont injectés pour favoriser la réinsertion professionnelle des travailleurs. « Le FEM est à l’origine destiné aux salariés. Mais il peut certainement s’étendre à une SCOP dans un contexte comme celui-ci », poursuit le député européen. Philippe Boulland a proposé à Mickaël Wamen de le guider dans cette voie : « Il a mes coordonnées. J’ai proposé une aide légale pour éclairer le personnel sur les conditions d’éligibilité, sur les délais etc. » Le député européen regrette toutefois de ne pas pouvoir faire plus. « C’est à l’Etat de soumettre la demande. C’est lui qui est décisionnaire », précise-t-il.
D’autres actions
Le leader de la CGT Goodyear se montre optimiste. « Avec la collaboration d’experts et d’avocats, nous allons pouvoir exposer de manière sérieuse ce projet aux salariés de l’entreprise. Nous savons déjà que cette solution est viable. Le marché des pneus agricoles est très lucratif. Il nous faut cependant l’accord des juges pour pouvoir continuer de travailler sous la marque Goodyear, et ça c’est une autre paire de manches », détaille Michaël Wamen. En attendant des précisions sur l’avancée de ce projet, les salariés de la CGT prévoient des actions en justice en France, en Europe et aux Etats-Unis pour tenter de faire valoir leurs droits. Ils annoncent par ailleurs une nouvelle journée d’action le 7 mars au siège de Goodyear à Rueil-Malmaison.