Vis ma vie… de chef d’entreprise
Le temps d’une journée, Jean- François Mancel, député de l’Oise, a mis la casquette d’un chef d’entreprise, celle d’Olivier Lenormant, PDG du groupe Lenormant à Beauvais, pour comprendre le quotidien d’un chef d’entreprise.
La vie d’un chef d’entreprise n’est actuellement pas simple. Les élus s’en rendentils comptent ? Pour le montrer, la CGPME Oise et le CJD (Centre des jeunes dirigeants d’entreprise) de Beauvais ont repris une initiative nationale : “Moi parlementaire, une semaine dans les pas d’un dirigeant” et l’ont adaptée une journée sous le nom de “Vis ma vie de chef d’entreprise”. La semaine dernière, cette expérience a plongé le député de l’Oise, Jean-François Mancel, dans la peau d’Olivier Lenormant, à la tête d’une entreprise familiale, spécialisée en réparation et distribution agréé Renault Truck depuis 1920, le groupe Lenormant. « J’ai été très enthousiaste à cette idée et après cette journée, on se rend bien compte de l’activité générale d’une entreprise, des inquiétudes et des poids de certains domaines dans une entreprise comme l’administration », confie le député.
Alors que les entreprises se font de plus en plus assommées par la législation, notamment avec la future réforme du code du travail ou encore avec la mise en place de commissions paritaires interprofessionnelles régionales, elles ne cessent d’essayer de se faire entendre. « Nous avons l’impression, nous chefs d’entreprise, de ne pas être écoutés, note Olivier Lenormant. Nous perdons du temps et de l’argent dans la bureaucratie et nous n’avons plus le temps d’être sur le terrain et d’être au cœur de notre métier. Nous avons l’impression que ceux qui écrivent les lois n’ont aucune idée de notre travail ». A-t-il trouvé une oreille attentive ? « C’est vrai que le problème du système français ne s’est pas adapté aux modes qui changent. On entrave les entreprises avec des boulets de sur cotisation-sociale », note Jean-François Mansel.
Visite de l’entreprise
Le parlementaire s’est donc retrouvé au cœur d’une entreprise, seul, comme peuvent l’être de nombreux chefs d’entreprise. Le matin, avec le PDG, il a visité l’envers du décor. Aujourd’hui, le groupe Lenormant possède 800 salariés en France, il faut donc être un maitre en matière de gestion. « C’est un rouage très spécial. J’ai été dans la peau d’un observateur et je mesure toute l’organisation du travail nécessaire », constate-il.
Jean-François Mansel, libéral dans l’âme, ne cache pas son ressenti en matière de flexibilité : « Si j’étais un chef, j’aimerais embaucher et licencier librement. » Aujourd’hui la tendance est différente : les entreprises sont frileuses à l’idée de recruter de peur de se retrouver devant les prud’hommes en cas de rupture de contrat.
À l’initiative de ce “Vis ma vie”, la CGPME Oise se satisfait de cette journée cruciale pour le monde de l’entreprenariat. « Notre objectif est le maintien et la création de l’emploi sur notre territoire mais aussi d’en favoriser les conditions, explique Charles Locquet, président de la CGPME Oise. Nous avons l’impression de ne pas se faire bien comprendre alors nous mettons en place des actions pour renforcer le lien entre les chefs d’entreprises et les élus afin qu’ils arrivent à se comprendre ».
Alors, quand ces deux mondes se rencontrent, les discussions se libèrent. Fiscalité, administration, trésorerie, rémunération… les problèmes sautent aux yeux. « J’avais envie de montrer au député toute l’activité d’une telle entreprise et tous les impératifs, il n’y a que comme cela qu’on peut s’en rendre compte », explique Olivier Lenormant.
Place au concret
Et pour s’en rendre compte, le chef d’entreprise n’a pas totalement épargné le député : l’après-midi, ils se sont rendus ensemble à des rendez-vous professionnels durant lesquels il a fallu…négocier. « En tant que chef d’entreprise, on doit être tenace. On voit l’acharnement et les compétences dont on doit faire preuve », confie librement Jean-François Mancel. « C’est bien que le député ait pu voir notre métier réellement et sans se faire de fausses idées sur la question. Nous avons signé un contrat sur deux, il a vu toutes les facettes ! », sourit Olivier Lenormant, très satisfait de cette expérience.
« Le but de cette action est aussi d’aider le parlementaire à mieux légiférer ou prendre des décisions politiques en accord avec les réalités du territoire », note le président de la CGPME Oise.
Et la suite ? Olivier Lenormant va devenir, le temps d’une journée, député de l’Oise et va pouvoir comprendre également tous les rouages de la politique. « Parfois, on nous reproche que les lois ou les décisions sont trop longues mais Olivier Lenormant va constater le travail que l’on mène et les poids que nous, parlementaires, avons également », lance Jean- François Mancel. Lequel des deux sera le plus convaincu ?