À Estrées-Saint-Denis, l'écurie active est le modèle du bien-être du cheval
Ils sont 22 chevaux, vivent dehors en groupe, sans box, et ont un parcours à effectuer pour s'alimenter. Les Écuries des Platanes optimisent le bien-être des chevaux en répondant à leurs besoins fondamentaux... Concept venu d'Allemagne (mis en place depuis 20 ans) et d'Autriche, l'écurie active fait partie des ambitions du Plan Cheval de la région Hauts-de-France qui aspire à la restructuration de la filière équine tout en recentrant sur le bien-être animal.
Quand on entre au centre équestre Les Écuries des Platanes, à Estrées-Saint-Denis, la tranquillité et la sérénité règnent. À l'écurie, les chevaux jouent, mangent, se reposent et s'avancent amicalement à l'approche des visiteurs. « Ici, les chevaux ne sont pas stressés et sont épanouis, vivent comme à l'état naturel, c'est-à-dire dehors en troupeau, sans être enfermés dans des box et ils font entre 10 et 15 km par jour », explique Daniela Strube, qui a ouvert l'écurie active à côté de son centre équestre, il y a trois ans.
Et le concept de l’écurie active représente toute une philosophie autour du bien-être du cheval, qui, selon la propriétaire des lieux, n'est pas pris en compte quand le cheval est enfermé dans une box durant des mois, sans réelle interaction. « Le cheval est toujours en activité, même la nuit, le fait qu'il reste sans activité pendant des heures n'est pas naturel pour lui et il doit interagir avec les autres », précise-t-elle.
Si
certains propriétaires de cheval ne sont pas convaincus par ce
concept, qui chamboule effectivement les habitudes, il est difficile
de ne pas constater le bien-être de l'animal et sentir l'énergie positive du cheval à l'air libre et de ne pas s'émouvoir devant un cheval enfermé.« Ici,
quand un propriétaire vient chercher son cheval, il doit l'appeler
et le chercher, il doit souvent le nettoyer aussi,
explique Daniela Strube, qui entend ne jamais retourner au système
des box. C'est
une écurie complétement différente et il faut du temps pour les
changements mais de plus en plus de propriétaires sautent le pas »,
continue-t-elle, avouant toutefois que ce concept met du temps à
séduire. Elle met aussi à disposition des box avec terrasse.
Un hébergement naturel
Aux Écuries des Platanes, il y un hangar ouvert pour la pluie et le temps du repos et un parcours avec des grilles connectées proposant une alimentation en continue. Et pour se nourrir, le cheval doit marcher. « Il y a trois distributeurs de foin et un autre de grains et le cheval peut choisir où manger et avec qui, précise Daniel Strube. Ils vivent en liberté tout en étant contrôlés, le bracelet connecté permet de gérer les quantités de nourriture par exemple pour les chevaux diabétiques. »
Dans l'idée, cet hébergement 100% en groupe recrée donc l'environnement naturel du cheval, animal grégaire dont les besoins correspondant à une vie dans la steppe, visant à rechercher sa nourriture et à couvrir de grandes distances tout en ayant besoin d'interactions sociales. Pour certains experts même, bien que la domestication du cheval ait eu des effets significatifs sur son apparence, son comportement naturel et ses besoins sont restés identiques depuis ces quelques milliers d’années.
Mais
si ce concept n'est pas une évidence pour certains propriétaires, il n'en est pas une non plus pour beaucoup de chevaux, habitués
à vivre en box. Changement de repère et de routine, le cheval doit
totalement se réhabituer et, pour certains d'entre eux, le changement ne se fera
jamais. « Il y a un gros temps adaptation, c'est une
observation et une aide de tous les jours, explique encore Daniela
Strube.
Mais finalement, une fois adapté, le cheval change de comportement,
il est plus épanoui. Il n'a pas les mêmes pathologies également,
ici pas de colique et on les soigne à l'homéopathie ou à
l'acuponcture. » Autre
habitude contrariée, les chevaux sont déferrés. «
Dans la médecine chinoise, les toxines sont évacuées par les pieds
et moi j'y crois »,
précise la propriétaire de l'écurie.
Un Plan Cheval pour dynamiser la filière
Mais l'épanouissement du cheval à un prix. Daniela Strube à investi 200 000 euros pour la mise en place de son écurie active, qui reste très rare dans la région. L'investissement a été accéléré grâce à la Région, allouant une aide de 40 000 euros à travers son Plan cheval, lancé en 2019. En visite aux Écuries des Platanes, Denis Pype, conseiller régional, Président de la Commission agriculture et agroalimentaire et agriculteur dans l'Oise, a d'ailleurs été séduit par le concept : « C'est un concept qui rentre totalement dans l'avenir de la filière. Nous sommes une région équine et il faut la structurer et c'est ce que fait la région depuis 2019 avec son Plan Cheval en ayant investi cinq millions d'euros. »
Le but de ce plan ? Structurer, aider à l'investissement, moderniser ou encore améliorer la génétique « Il concerne les écuries, les hippodromes, le monde de la course, la sauvegarde des races. Il faut soutenir la filière équine qui représente 8 000 emplois dans la région et 3 000 structures. L'objectif est d'amener la filière vers l'excellence avec, au centre, le bien-être animal et la transition écologique », précise Denis Pype, tirant un bilan positif des actions et annonçant qu'un autre Plan Cheval sera signé pour 2023/ 2026.
Une dynamique que ne compte pas arrêter Daniela Strube : une écurie active pour les poneys de son club est en cours de construction.