Dans l’Oise, le chanvre à la cote
Le 8 décembre dernier, à Rémy, un projet de filière chanvre en circuit court a été présenté. Notre rédaction fait le point.
Comment transformer une contrainte en opportunité de développement ? C’est ce challenge qu’a voulu relever un groupe d’agriculteurs et les communautés de communes de la Plaine d’Estrées (CCPE) et du Liancourtois - la Vallée dorée (CCLVD), en construisant une filière chanvre en circuit-court. Un projet présenté le 8 décembre dernier, à Rémy au cours d’une réunion d’information.
La démarche prend racine dans une réflexion autour de la préservation des ressources en eau. « Nos deux communautés de communes utilisent la même nappe phréatique, couverte à 75 % par des surfaces agricoles en grandes cultures », résume Dominique Delion, vice-président de la CCLVD. Des échanges s’engagent avec les agriculteurs concernés pour sécuriser la qualité de l’eau. « Marie Gillet, notre animatrice agricole, a identifié le chanvre comme une alternative intéressante », poursuit le vice-président de la CCLVD. En ligne de mire, les débouchés alimentaires, avec une graine riche en oméga-3, et le secteur du bâtiment, notamment sur le volet isolation.
Une unité de défibrage en 2025/ 2026 ?
Rustique, résistant à la sécheresse, peu gourmand en eau et en intrants, véritable piège à carbone, le chanvre a toutes les qualités requises pour protéger la nappe phréatique. De plus, « Il demande peu d’interventions jusqu’à sa récolte qui est, en revanche, plus intense » rebondi Dominique Delion. Si les deux collectivités y trouvent leur compte d’un point de vue environnemental, les agriculteurs ont également de quoi s’intéresser à cette culture qui offre une diversification et une valeur ajoutée séduisantes. « Nous voulons conforter le revenu des agriculteurs », complète Dominique Delion.
Aujourd’hui, sept agriculteurs s’engagent dans la démarche en semant une dizaine d’hectares au printemps prochain pour une récolte en septembre. Une dizaine d’autres exploitants devraient les rejoindre par la suite. « L’objectif est de doubler la surface tous les ans pour atteindre 150 hectares » souligne Dominique Delion. Les agriculteurs réfléchissent actuellement à construire une unité de défibrage en 2025/2026 pour traiter 100 à 150 hectares à l’horizon 2028, avec un seuil de rentabilité fixé à 80 ha.
Des débouchés dans un rayon de 50 km
« C’est un investissement estimé autour de 450 000 euros », complète Marie Gillet, animatrice agricole au sein de la CCPE. Il est encore trop tôt pour connaître les sources de financement, mais Dominique Delion tient à préciser « nous souhaitions qu’il y ait le moins de fonds publics, c’est la condition pour que ce projet soit duplicable ». En effet, si cette filière veut rester très locale, la création d’un réseau de plusieurs unités de ce type, au niveau régional, voire national permettrait de voir plus grand et de sécuriser les approvisionnements.
Pour l’élu, il s’agit également de créer une valeur ajoutée sur le territoire. « Nous souhaitons que les débouchés se situent dans un rayon de 50 km », précise Dominique Delion. Ce sont d’abord les entreprises locales qui doivent participer à cette filière et bénéficier des retombées économiques. Et c’est là que les deux communautés de communes interviennent concrètement. « Notre travail est de faire connaître le plus largement possible cette initiative pour la faciliter et de regrouper toutes les personnes et les entreprises intéressés autour de ce projet », rebondit Dominique Delion. Pour faire suite à cette première réunion d’information, des ateliers de réflexion devraient être lancés courant janvier. En attendant, les curieux peuvent contacter Marie Gillet (06 25 50 80 57/anim.agri@mailo.com) qui répondra à toutes leurs questions.