Décarbonation du numérique : le secteur a présenté sa feuille de route
Terminaux, réseaux, data centers et cloud, objets connectés… Les acteurs du numérique ont récemment dévoilé leurs propositions pour accélérer la transition écologique de leurs activités.
Officiellement présentée le 4 juillet dernier par le gouvernement, la feuille de route de décarbonation du numérique est le fruit de travaux démarrés en 2022 et qui ont impliqué l’ensemble des acteurs du secteur en France, au sein de groupes de travail thématiques : terminaux, data centers et cloud, réseaux, sobriété et usages, et contribution du numérique à la décarbonation des autres secteurs.
Rendre le secteur plus écoresponsable
Le secteur du numérique n’est pas visé par l’article 301 de la loi Climat et Résilience de 2021 qui prévoit que les représentants des filières des secteurs très émetteurs de gaz à effet de serre établissent une feuille de route de « décarbonation ». Mais le gouvernement a néanmoins demandé aux acteurs du secteur de faire des propositions en ce sens, en raison de la forte croissance de ces activités, de leur consommation électrique (10% de la consommation nationale en 2022-2023, selon l’Ademe) et de leur empreinte carbone (2,5%). La feuille de route contient donc toute une série d’actions et de leviers à activer pour rendre le secteur du numérique plus écoresponsable. Elle sera intégrée dans la prochaine « stratégie nationale bas carbone », qui sera publiée en 2024.
Un grand nombre d’actions et de leviers à activer
En ce qui concerne les terminaux (ordinateurs, smartphones…), les acteurs du secteur proposent, notamment, d’augmenter la part de matière première recyclée dans leur fabrication, de faire évoluer la conception de leurs emballages, d’informer les utilisateurs sur les moyens d’augmenter leur durée de vie, d’optimiser leur consommation énergétique, d’accéder à une réparation de qualité et de participer au développement du réemploi et du reconditionnement. En parallèle, ils vont s’efforcer d’améliorer la collecte, la réutilisation et le recyclage des terminaux numériques.
En matière d’Internet des objets (IoT), ils envisagent de développer l’écoconception des objets connectés et de mieux évaluer leur empreinte environnementale. Pour les data centers, les acteurs s’engagent, notamment, à mettre en œuvre des systèmes de refroidissement adaptés et à limiter l’utilisation de gaz frigorigènes, à améliorer l’urbanisation des salles serveurs, réutiliser des friches industrielles, utiliser du béton bas-carbone et allonger la durée d’usage des équipements, à développer le recours aux énergies renouvelables et favoriser la production sur site en autoconsommation.
Du côté des réseaux, la stratégie comprend l’écoconception des équipements de nouvelle génération, des modems, des câbles et accessoires, la réduction de la consommation des opérations mobiles grâce à l’intelligence artificielle, une plus grande efficacité énergétique des nouvelles antennes, la mise en veille de certaines fréquences du réseau mobile, si elles ne sont pas utilisées, et prévoit davantage de sobriété dans le déploiement des installations mobiles et des transferts de données numériques.
En termes d’usages, tout un volet des propositions visent à encourager la sobriété : en sensibilisant tous les usagers à l’impact environnemental du numérique, en affichant l’empreinte environnementale des services numériques, en régulant les systèmes de captation de l’attention utilisés par les plateformes numériques. Ou encore, en adaptant la résolution des vidéos en ligne en fonction du terminal utilisé, mesurant l’impact de la publicité vidéo, et en luttant contre l’obsolescence culturelle et technique…
Contribuer à la décarbonation des autres secteurs
Un dernier lot de propositions concerne les possibilités pour le numérique de contribuer à la décarbonation des autres secteurs. Pour l’agriculture, par exemple, il s’agit de capteurs installés sur des parcelles, pour pouvoir établir un diagnostic en temps réel, et d’autres outils techniques et de robotisation. Pour la gestion des déchets, il s’agit de solutions permettant d’optimiser la collecte ou d’améliorer le traitement, grâce à des robots de tri intelligents et à l’optimisation de la consommation énergétique des centres de traitement, par exemple. D’autres propositions concernent le bâtiment, le transport et la mobilité.
Appel à projets pour développer l’écoresponsabilité
Lors de la présentation de cette feuille de route, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, et le ministre délégué chargé de la Transition numérique, Jean-Noël Barrot, ont annoncé le lancement de l’appel à projets « EcoNum », pour « financer l’innovation et soutenir le développement d’une économie numérique innovante, circulaire et à moindre impact environnemental ».
Piloté par l’Agence de la Transition écologique (Ademe), cet appel à projets vise « à développer l’écoresponsabilité du secteur numérique, tout en soutenant la création d’une offre plus sobre et compétitive de solutions numériques durables ». Il s’articule autour de trois grands thèmes : l’écoconception des produits numériques, la réparation, le réemploi et le reconditionnement du matériel informatique, et les modèles de production responsable. Il est doté d’un budget de 50 millions d’euros, qui pourra éventuellement être augmenté en fonction du succès du dispositif.
Autre annonce faite à cette même occasion : 15 nouvelles collectivités territoriales vont pouvoir bénéficier d’un accompagnement sur mesure de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), pour élaborer et déployer leur stratégie en matière de numérique écoresponsable.