Interview de Valérie Tellier
Glass Vallée, 20 ans de transformation
Après 20 ans de présidence, Valérie Tellier, 60 ans, cédera sa place le 2 juillet. Pour le moment, seul, Stéphane Franconville, troisième vice-président de la Glass Vallée et président de MG Group est candidat. Avant son départ, elle dresse son bilan à travers une interview, tout en évoquant les grandes évolutions du secteur que ce soit au niveau communication, responsabilité sociétale des entreprises ou recrutement.
Glass
Vallée est très implantée en Picardie, quelle est sa
particularité ?
Valérie Tellier: C’est
un cluster de 65 entreprises et de 12 000 emplois. La Glass Vallée
produit plus de 70% de la production mondiale de flacons de luxe pour
la parfumerie, les spiritueux et la cosmétique. Cela va des
moulistes aux verriers en passant par les sociétés de tri, de
cartonnage, les décorateurs, les logisticiens. Une grande majorité
se trouve dans la vallée de la Bresle, entre Picardie et Normandie,
Somme et Seine-Maritime. C’est une industrie qui s’est installée
depuis le Moyen Age près la forêt d’Eu qui approvisionnait les
usines en bois pour faire chauffer les fours. Nous comptons aussi des
membres près de Paris, dans le centre de la France.
Quel
bilan tirez vous de ces 20 dernières années ?
Je
me réjouis d’avoir pu compter sur un conseil d’administration de
20 membres et un bureau de huit entreprises motivé et participatif.
Les entreprises sont représentatives de tous les métiers du verre
et ont appris à travailler ensemble sur des thématiques telles que
la notoriété avec la mise en place d’une signalétique dédiée,
le recrutement par la réalisation notamment de vidéos présentant
les métiers et cela paie, des échanges avec les lycées et les
grandes écoles. Il y a eu des changements de génération qui ont
apporté de l’ouverture, des échanges, moins de crainte de la
concurrence, de la complémentarité. En résumé, nous allons tous
dans le même sens. Durant la période de la pandémie, le secteur a
beaucoup souffert avec parfois des baisses d’activité de 30%. J’ai
été très active car nous avions besoin de nous retrouver,
d’échanger entre nous.
Il a fallu gérer aussi l’après Covid…
On savait que ça allait redémarrer mais pas à ce niveau là. Encore maintenant, nous avons de gros problèmes de recrutements, de formations. Cela ne touche pas seulement notre secteur. C’est global dans notre pays.
Côté industrie pure, qu’est ce qui a le plus évolué ?
C’est
un secteur qui se modernise beaucoup grâce à la digitalisation, à
l’automatisation ce qui réduit la pénibilité des postes de
travail. De grandes avancées sont faites sur les économies
d’énergie. Je pense notamment à la récupération de la chaleur
fatale, à la construction de fours électriques. Plus généralement,
il y a beaucoup d’évolution dans tous les métiers. Les
entreprises sont de plus en plus nombreuses à s’engager dans une
démarche de RSE. À 50 km à la ronde, elles peuvent trouver
moulistes, cartonnages, décorateurs.
Et verre est une matière remontant à la nuit des temps
En
effet, pour notre part, c’est une tradition locale qui se
renouvelle sans cesse grâce aux compétences uniques que nous
abritons. Le verre est une matière basique et magique à la fois.
Elle est surtout hyper-technique. Par exemple, les poids de verre des
flacons de parfums sont de plus en plus légers. Nos clients nous
demandent de réduire la matière, d’utiliser du verre recyclé.
Ils nous obligent toujours à nous dépasser, à aller le plus loin
possible. Pour ma part, je pense que cela peut être infini.
Quels sont vos projets ?
Je resterai membre du conseil d’administration. Je pars sereine car je sais que la personne qui me succédera sera dans ma continuité. Je vais toujours m’occuper des trois entreprises de parachèvement dont je suis propriétaire à Ouville-la-Rivière et Rouxmesnil-Bouteille, près de Dieppe, occupant 250 personnes. Je recherche d’ailleurs une quinzaine de salariés supplémentaires. Je le redis. Nous avons besoin de communiquer sans cesse. On ne peut plus s’en passer surtout auprès des jeunes.