Retour sur la visite d'Agnès Pannier-Runacher à Arras

Hauts-de-France : les producteurs d’endives inquiets

Le 16 mai dernier, Agnès Pannier-Runacher, ministre délégué auprès du ministre de l'Agriculture et de la souveraineté alimentaire, était à la station d’expérimentation de l’Association des producteurs d’endives de France à Arras. Retour sur cette visite.

Agnès Pannier-Runacher était en visite à la station d’expérimentation de l’Association des Producteurs d’Endives de France à Arras, le 16 mai dernier. © Aletheia Press/L.Péron
Agnès Pannier-Runacher était en visite à la station d’expérimentation de l’Association des Producteurs d’Endives de France à Arras, le 16 mai dernier. © Aletheia Press/L.Péron

Les 300 producteurs d’endives des Hauts-de-France sont inquiets. D’ici la fin d’année 2025, trois substances actives que sont le Bonalan, le Safari et le Movento, ne pourront plus être utilisées. «Cela fait suite à des décisions de retrait de l’autorisation de mise sur le marché au niveau européen. Nous sommes inquiets, car ces trois molécules sont essentielles au désherbage de nos champs et dans notre lutte contre l’invasion de pucerons. Et, pour le moment, aucune solution alternative viable n’existe», a introduit le 17 mai dernier à Arras Philippe Bréhon, président de l’Association des producteurs d’endives de France (APEF).

Sauver la filière

Alors, lors de la venue d’Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l'Agriculture, à la station d’expérimentation de APEF, à Arras, nombreux étaient ceux qui espéraient un sursis. «Je vous le dis tout de suite, il n’y aura pas de dérogation pour ces molécules, car c’est un enjeu de santé publique et parce que les décisions se passent au niveau européen», a prévenu la ministre.

Les producteurs ont montré à Agnès Pannier-Runacher comment sont produits les endives. © Aletheia Press/L.Péron

Toutefois, une enveloppe d’un milliard d’euros sur trois ans, pour venir en aide aux filières grandes cultures, est ouverte. L’idée étant de multiplier les essais afin de trouver des alternatives et de scruter les procédés et techniques utilisés chez nos voisins. Des premiers essais ont été menés au sein de la station d’expérimentation de l’APEF sur des alternatives efficaces. «Les recherches sont financées à hauteur de 80% par les producteurs et à hauteur de 10% par la Région, qui nous octroie 109 000 euros par an. De plus, pour la première fois cette année, nous avons reçu une enveloppe de 96 000 euros de la part de l’État, dans le cadre du plan national d'’expérimentation», détaille Philippe Bréhon.

Des essais décevants

La ministre déléguée a d’ailleurs tenu à observer les résultats… malheureusement décevants pour le moment. «Pour gagner quelques mois, nous avons commencé par faire des semis en mars, sous serre, sur lesquels nous avons testé deux herbicides : le viballa et le pendiméthaline. Les résultats ne sont pas probants et il est difficile d’en tirer des conclusions, car nous ne produisons jamais nos racines d’endives sous serre», précise Jean-Michel Delannoy, vice-président de l’APEF. C’est pourquoi, en mai, des semis ont été réalisées sur un champ de trois hectares dans la Somme, pour tester ces mêmes molécules. «Le désherbage fonctionne, mais les racines d’endives sont exterminées par la même occasion», précise Jean-Michel Delannoy.

Concernant les pucerons, l’APEF a planté des bandes fleuries, dans lesquelles il est possible de retrouver, entre autres, de l’aneth et de la coriandre. «Ces plantes attirent les insectes prédateurs du puceron, afin de l’éliminer. Le problème, c’est que c’est assez difficile à contrôler. Durant nos essais, le puceron a envahi nos parcelles avant même que ses prédateurs ne soient installés dans les bandes fleuris», relate le vice-président de l’APEF. Bien sûr, d’autres essais seront menés pour affiner ces résultats et d’autres pistes vont être explorées.

« Du temps, nous n'en avons pas »

Un travail qui requiert de la patience. «Mais du temps, nous n’en avons pas», a scandé Hugues Moilet, président de Perle du Nord. Sans le Bonalan, le Safari, le Movento ou des alternatives viables, il y a aura une baisse drastique de nos productions, une augmentation du prix des endives et des licenciements. La filière endive en Hauts-de-France, ce sont 4 000 emplois directs, et je vous le dis, nous allons tout faire pour que ce soit l’État qui paye les pots cassés» Si l’inquiétude est si grande, c’est que les producteurs doivent signer leurs contrats racines pour 2025, en août. Agnès Pannier-Runacher a promis qu’elle allait se retrousser les manches pour sauver la filière.