Conjoncture

La dissolution a eu raison de l’emploi

Comment s’est porté le marché de l’emploi depuis le début de l’année ? Quel a été l’impact de l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale sur les recrutements ? Hellowork, plateforme française de l’emploi et du recrutement, a publié son baromètre de l’emploi du premier semestre 2024. Tendances.

(c) adobestock
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Des recrutements dynamiques en France au premier semestre, un ralentissement en juin. Les recrutements ont ainsi progressé de 12,3% ce premier semestre par rapport à la même période en 2023 – l’Insee a ainsi enregistré 75 100 créations d’emplois. Ce sont les mois de janvier, avril et mai qui ont été les plus dynamiques (respectivement 35%, 20% et 15% de progression).

Dans le détail, les recrutements dans le domaine de la santé et du social sont les plus importants ce semestre (+40%). Alors que le secteur figurait en quatrième position au premier semestre 2023, il est arrivé en tête. Les métiers de la comptabilité, gestion, finance et audit attestent quant à eux d’une baisse de 23% par rapport au six premiers mois de 2023.

Malgré une croissance au ralenti, le dynamisme en région s’est maintenu, notamment dans les régions Grand Est, Occitanie et Bourgogne-Franche-Comté, qui ont connu les plus belles progressions (+16%, +17% et +21%). A titre de comparaison, les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine ont connu des hausses de 13% et 14%. Du côté des villes, les métropoles d’Aix-Marseille-Provence, de Lyon, Toulouse et Strasbourg (14%, 12%, 12% et 10%) affichent les plus belles évolutions. Malgré une forte avancée sur le deuxième trimestre, la capitale connaît une croissance quasi-nulle sur l’entièreté du semestre (+1%).

Attentisme des entreprises

A contrario, la tendance s’est inversée au mois de juin 2024 : pour la première fois depuis les crises Covid, le nombre d’offres d’emploi a diminué de 5,5% entre juin 2024 et juin 2023. « L’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale peut expliquer qu’une forme d’attentisme se soit installée au sein des entreprises », explique le baromètre Hellowork. Ce que confirme David Beaurepaire, directeur délégué du groupe : « La situation politique actuelle a conduit les entreprises, lorsqu’elles en ont la possibilité, à adopter une attitude attentiste en matière de recrutement. Un certain nombre d'entre elles ont suspendu leurs embauches en attendant les résultats définitifs des élections législatives. L'instabilité politique actuelle se fait ressentir, et les entreprises ont besoin d’une meilleure visibilité sur l'orientation économique future du pays avant de se projeter vers de nouveaux recrutements».

L’effet JO

Certaines régions ont suivi l’effet inverse : c’est notamment le cas de l’Ile-de-France. Si la région tient le haut du pavé et concentre 16% des offres d’emploi diffusées sur Hellowork au premier trimestre 2024, les recrutements en CDI, CDD, alternance et intérim étaient plutôt en recul, de -4% en février et mars. En revanche, la région a enregistré à partir d’avril un changement de tendance et une hausse du volume d’offres. Les recrutements ont ainsi enregistré une augmentation de 8% en avril et de 17% en mai, imputable à la préparation des JO Paris 2024. Certains secteurs, dont le tourisme, restauration, hôtellerie (+51% en avril, +84% en mai et +14% en juin, contre -14% en janvier et -5% en février), ont même enregistré des pics de recrutement. L’effet sport a donc joué à plein volume dans ces métiers, et notamment dans ceux de la table et du service. Tous contrats confondus, les cuisiniers sont les plus recherchés, le volume d’offres pour ces métiers a augmenté de 12%. Les employés de restauration se rangent en seconde position des postes les plus demandés et progressent de 48% par rapport à l’année dernière. Viennent ensuite les serveurs (12%), chefs de rang (83%), et seconds de cuisine (40%).