La legaltech française a renoué avec la croissance en 2021
Après le ralentissement provoqué par la crise en 2020, la legaltech française a trouvé un nouvel élan en 2021. C’est le constat général dressé par la 5e édition du Baromètre des legaltechs françaises, qui analyse le chemin parcouru par ces start-up depuis cinq ans.
2021 aura été une année plutôt favorable pour les legaltechs en France. « De plus en plus d’entreprises génèrent désormais un chiffre d’affaires annuel significatif, supérieur à 10 millions d’euros. Plus d’un quart déclarent une croissance annuelle supérieure à 100%. Les levées de fonds établissent un nouveau record tous les ans. » Telles sont les conclusions de la 5e édition du Baromètre des legaltechs françaises, réalisé par le magazine Maddyness, en partenariat avec l’éditeur Wolters Kluwer et La Banque des Territoires.
Mais si le bilan 2021 semble a priori encourageant, « il reste néanmoins des pistes d’amélioration », souligne l’étude : « les investissements restent encore timides au regard de ce qui se pratique dans d’autres secteurs » et « la legaltech ne recense aucune licorne – ces entreprises valorisées plus d’un milliard de dollars par leurs investisseurs – alors qu’elles se multiplient » dans d’autres secteurs.
Une offre qui vise avant tout les professionnels du droit
L’offre de services de ces start-up juridiques est très orientée vers la digitalisation des processus métiers. Selon l’étude, 40% d’entre elles proposent ce type des prestations. Viennent ensuite les plateformes de mise en relation avec des professionnels du droit, les services numériques liés à la création et la gestion d’entreprise, ainsi qu’à la création d’actes (juridiques, administratifs), ou encore à la protection et la gestion des données, la protection des actifs immatériels.
Cette offre vise majoritairement les entreprises : 82% des start-up du secteur proposent en effet des services destinés aux professionnels, aussi bien aux TPE-PME qu’aux ETI et grands groupes. Leur toute première cible est la profession d’avocat (les deux tiers des services leur sont plus particulièrement destinés), devant les notaires et les huissiers. Environ un tiers des start-up s’adressent également aux particuliers.
Financement : des levées de fonds qui restent très modestes
Alors que l’année 2020 avait été marquée par une forte chute des investissements, la legaltech française a renoué avec un niveau record de levées de fonds en 2021, avec 57,8 millions d’euros enregistrés à la mi-novembre. On reste néanmoins encore très loin des niveaux d’investissement d’autres secteurs, tels que la fintech ou la biotech, par exemple : les investissements dans la legaltech ont représenté moins de 1% du total des fonds investis dans les start-up en 2021 tous domaines confondus. De plus, seule une poignée d’entre elles a véritablement bénéficié de ces fonds : Yousign a ainsi levé 30 millions d’euros à elle-seule, et Jus Mundi huit millions d’euros.
De sérieux concurrents dans la course aux talents
Les trois quarts (77%) des entrepreneurs de la legaltech ont un profil juridique, et la moitié d’entre eux disposent également d’un bagage technique (école d’ingénieurs ou d’informatique, cursus scientifique). 70% des start-up du droit sont basées en Île-de-France et les autres se répartissent un peu partout en France.
Côté effectifs, 52% des legaltechs comptent moins de cinq salariés, et 14,5% n’en emploient aucun. Et si la part des entreprises de 11 à 50 salariés a diminué en 2021, celle des entreprises de plus de 50 salariés a en revanche enregistré une forte hausse (+113%). À défaut de licornes, le secteur commence donc à compter quelques poids lourds. Et la dynamique retrouvée du secteur se traduit sur le terrain du recrutement : 87% de ces jeunes entreprises innovantes envisagent de recruter dans les mois qui viennent. Mais elles sont confrontées à une forte concurrence de start-up d’autres secteurs, plus réputées et mieux dotées financièrement, et qui attirent les profils les plus recherchés.
Des ambitions internationales
Soixante pour cent des legaltechs ne s’adressent qu’au marché français et n’ont pas élaboré de stratégie de développement à l’international. En parallèle, une legaltech française sur dix dispose aujourd’hui d’un bureau à l’étranger. Ce sont celles qui ont levé le plus de fonds qui cherchent à développer leur activité hors de l’Hexagone et à recruter des profils internationaux. Parmi celles qui s’adressent à une clientèle internationale, trois sur quatre visent en priorité l’Europe, avant l’Afrique ou l’Amérique du Nord.