La magie des Tourelles
Vouées à la destruction, Les Tourelles du Crotoy abritent depuis 1994 un hôtel et un restaurant. Face à la baie de Somme, c’est un endroit de rêve mené par une équipe aux petits soins pour ses clients. Pas étonnant que l’hôtel affiche un taux d’occupation de 85% et que chaque année, 44 000 convives y dégustent une cuisine raffinée.
Rouge flanqué de tours, l’hôtel-restaurant des Tourelles au Crotoy se repère de loin. Il est construit au bord de la seule plage du nord exposée au sud. Les extérieurs se veulent chaleureux. L’intérieur est un petit cocon de style Gustavien des bords de mer avec des tons gris et beige : « Nous avons voulu que la baie entre partout, explique Dominique Ferreira Da Silva, la directrice. Au départ, jamais nous n’aurions imaginé un tel succès. En 1992, quand nous avions visité la première fois, il y avait des trous partout. Nous étions une trentaine d’amis venus de Belgique avec des métiers différents : médecins, comptables… Je travaillais dans la communication dans le milieu de la mode. Seul mon mari, Gilles, était restaurateur. C’était un endroit magique à sauver. »
Une bâtisse à l’abandon
Un ami travaillant dans le cinéma les avait informés que la vaste bâtisse, qui a un temps abrité une école hôtelière, est à l’abandon et vouée à la destruction. Son cri de détresse fait mouche. La bande de copains achète la bâtisse pour y faire une maison d’amis pour les week-ends. Comme elle a toujours une licence IV, ils décident au final de créer un hôtel-restaurant. Dix chambres ouvrent en 1994. Le restaurant compte 30 places. À l’époque, steak, frites et spaghettis sont au menu. L’établissement emploie quatre salariés.
Vingt-trois ans plus tard, Les Tourelles fait partie des établissements incontournables de la baie de Somme. Il est classé trois étoiles. Il abrite 35 chambres, qui affichent 85% de taux de remplissage, et 130 places en restaurant sans la terrasse. 44 000 couverts sont servis sur onze mois.
Il occupe 30 salariés, en très grande majorité intégrés toute l’année. Les Tourelles, ce sont aussi 130 actionnaires, considérés comme des clients normaux. Les bénéfices sont réintroduits en séjours ou dans des actions caritatives.
« Les clients viennent de partout en France et de l’étranger, présente Dominique Ferreira Da Silva. C’est un lieu qui plaît car nous l’avons fait pour nous. C’est notre hôtel idéal, une maison de famille du bord de mer. Nous avons aménagé une salle de jeux pour les enfants. Il y a un dortoir matelot de dix lits où tous les enfants se retrouvent. Ils viennent manger en pyjama. Une bibliothèque est aménagée dans le salon. Nous avons voulu créer une dynamique humaine et artistique. Nous proposons quatre expositions de peinture et de photos par an. Nous organisons aussi des week-ends thématiques : yoga, cinéma, écriture… Le prochain en octobre sera consacré à la peinture. Les gens aiment car ils profitent d’une certaine liberté et de la baie. La prochaine exposition, Bestiaires, présentera dès le 10 septembre les photographies artistiques de Laurent Teisseire. »
Un écolabel européen
Détenteur depuis 2007 de l’écolabel européen, Les Tourelles sont très engagées en terme de respect de l’environnement.
Un engagement qui n’aurait pas été possible sans la formation et l’implication de tout le personnel : « C’est une aventure collective, précise Dominique Ferreira da Silva, par ailleurs co-présidente de l’association Baie de Somme Zéro Carbone, qui rassemble une quarantaine de professionnels du tourisme dont l’objectif est de préserver ce territoire unique qu’est la Baie de Somme. Sans l’humain, on ne peut rien faire. Nous avons été le premier hôtel indépendant à faire notre bilan carbone en 2008. Il avait révélé que des efforts étaient à faire dans les transports des clients, du personnel, des fournisseurs… »
Les Tourelles, qui misent sur le locavore (les producteurs locaux sont cités sur le menu), viennent de s’offrir les services d’un chef pâtissier et de Mattia Capittini, un chef italien.
Il propose notamment au menu ou à la carte : du braisé d’agneau de pays aux petits pois frais, écrasé de juliette des sables; du risotto au maroilles réduction au vin rouge et miel de la baie; des croquilles d’escargot du Marquenterre aux berbes de la baie ou encore des gnocchis maison à la purée de pommes de terre du coin et navarin de présalés. Quant aux poissons servis, ils proviennent d’une pêche durable et responsable. Les Tourelles adhérent au programme européen Mr Goodfish.