Le coronavirus précipite l’économie mondiale dans l’abîme

La pandémie de coronavirus a conduit la plupart des pays à prendre des mesures drastiques de confinement des populations. La crise économique qui en découle pourrait être pire que celle de 2008…

Le coronavirus précipite l’économie mondiale dans l’abîme

Tant que le coronavirus se limitait à la ville chinoise de Wuhan (province du Hubei), les Européens regardaient d’un air médusé les mesures sans précédent mises en œuvre par le gouvernement chinois pour tenter désespérément de lutter contre l’épidémie ! Mais très rapidement, le coronavirus a atteint l’Union européenne et désormais l’épidémie progresse de manière exponentielle, charriant avec elle craintes, incertitudes et psychoses, qui ne peuvent que conduire à une crise (économique) majeure.

Le conflit sino-américain se poursuit dans le domaine sanitaire

Donald Trump, qui ne manque jamais une occasion de renverser le jeu de quilles, a annoncé le 11 mars la suspension de tous les voyages en provenance d’Europe, afin de lutter contre l’épidémie qui sévit aux États-Unis. Depuis, le président, qui avait pourtant minimisé l’importance du phénomène, en est venu à déclarer l’état d’urgence dans le pays et à augmenter les réserves stratégiques de pétrole à leur maximum. Mais en évoquant un « virus chinois », le président des États-Unis à susciter l’ire des diplomates chinois, qui ont affirmé voir dans cette épidémie une attaque de l’armée américaine ! Toujours est-il que cette pandémie aura mis à l’arrêt l’économie chinoise et fait désormais vaciller la puissance américaine…

L’économie italienne sous assistance

L’Italie, foyer majeur de l’épidémie en Europe, est dans une situation sanitaire épouvantable, puisque malgré le confinement de la totalité des habitants du pays (60 millions d’habitants) le virus continue à se propager. Ce faisant, les régions les plus productives du pays sont quasiment paralysées tant sur le plan humain, culturel qu’économique. L’OMS a d’ailleurs qualifié de « véritables sacrifices » les mesures prises en Italie pour endiguer l’épidémie.

Face à une économie italienne confrontée, depuis des années, à l’absence de gains de productivité et au vieillissement de sa population, et qui ne doit sa solvabilité budgétaire qu’à la politique monétaire ultra-expansionniste menée par la Banque centrale européenne (BCE), le gouvernement ne pouvait rester l’arme au pied. Il a ainsi annoncé une enveloppe de 25 milliards d’euros pour lutter contre les conséquences de l’épidémie, soit 1,5% du PIB, et ce malgré une dette publique supérieure à 130% du PIB.

 La France confinée

Les ravages du coronavirus sur l’économie italienne ont conduit le gouvernement français à prendre rapidement des mesures cumulatives de confinement, rebaptisées « distanciation sociale » : fermeture du système scolaire et universitaire, fermeture de tous « les lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays » (restaurants, bars, cinémas, commerce…) et, depuis le 16 mars, confinement général de la population.

En plus des dégâts causés par l’épidémie elle-même, ces mesures drastiques auront des conséquences très fortes sur la vie économique du pays. Alors que le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, évoquait le 9 mars un « impact sévère » du coronavirus sur l’économie française chiffré à « plusieurs dixièmes de points » de croissance pour 2020, il ne fait plus aucun doute qu’une récession se profile (-1% du PIB). Pour y faire face, des mesures immédiates de soutien aux entreprises et aux salariés à hauteur de 45 milliards d’euros ont été annoncées : délais de paiement des échéances fiscales et sociales, rééchelonnement des crédits bancaires, mobilisation de Bpifrance pour garantir des lignes de trésorerie, chômage partiel simplifié et pris en charge à 100% par l’État, fonds de solidarité pour les indépendants, etc.

 Une relance européenne désordonnée

Hélas, les 27 États membres de l’Union européenne semblent, pour l’instant, dans l’incapacité de mutualiser la réponse à ce choc comme s’ils ignoraient encore qu’ils sont sur le même navire. Tout au plus ont-ils décidé d’un commun accord de barricader l’UE et l’espace Schengen, sans efficacité avérée du reste… Chaque gouvernement crée dans son coin son enveloppe destinée à garantir les prêts des entreprises ou à soutenir leur trésorerie. Même l’Allemagne semble avoir remisé pour un temps sa sacro-sainte orthodoxie budgétaire pour venir en aide à ses entreprises ! En France comme en Allemagne, les ministres des Finances évoquent même de possibles « nationalisations d’entreprises » dans les secteurs stratégiques, pour éviter leur rachat en cas de difficultés.

Il est vrai que le budget de l’Union, qui ne pèse qu’environ 1% du revenu national brut des 27 États membres, n’a ni l’envergure ni la flexibilité nécessaire pour répondre à une telle crise, qui devrait faire plonger l’UE en récession. Pour lutter contre cette épidémie, la Commission européenne propose dès lors d’assouplir les règles en matière d’aides d’État et de déficit public dans le cadre d’une clause de circonstance exceptionnelle, et de créer une enveloppe de 37 milliards d’euros. Cette dernière n’est hélas pas à la hauteur de la situation, dans la mesure où il s’agit essentiellement de fonds déjà versés aux États membres mais non utilisés.

La BCE cherche désespérément à éteindre l’incendie

Les craintes suscitées par le ralentissement violent de l’activité économique a inévitablement conduit les investisseurs à se réfugier vers les placements jugés sûrs, délaissant les marchés d’actions qui ont dévissé en quelques séances. Les banques, quant à elles, craignent que le ralentissement économique ne débouche sur une hausse des prêts non remboursés.

Dès lors, face à une possible crise financière ou bancaire, la BCE cherche désespérément à éteindre l’incendie à coups d’augmentation des rachats d’actifs et de prêts aux banques à taux privilégiés. Au même moment, en raison de la baisse de l’activité mondiale, le cours du baril s’effondre, ce qui pourrait créer de graves problèmes dans les pays exportateurs de pétrole. Au reste, même les cryptomonnaies comme le Bitcoin ou l’Ether semblent cette fois y laisser des plumes. À bien y regarder, cette crise pourrait être bien pire que celle de 2008.

(Le 20 mars dernier, la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen a proposé aux États membres qui partagent l’euro de suspendre les règles de discipline budgétaire).