Le lin tisse sa toile
La coopérative Lin 2 000 à Grandvilliers ne connait pas la crise. Chaque année, les planteurs et les hectares sont plus nombreux pour satisfaire ses principaux clients : des filateurs chinois.
Deux nouvelles chaines rutilantes viennent d’être installées à la coopérative Lin 2 000 de Grandvilliers. Un investissement de 2,7 millions d’euros nécessaire pour mettre en oeuvre le teillage, qui a pour objectif de séparer les différents composants des tiges de lin. « Cela va permettre de pérenniser les 48 emplois, avec les intérimaires, précise Nicolas Defransure, directeur de la coopérative. Pour le reste, le process industriel n’a pas changé depuis 150 ans. Le matériel est juste plus performant et plus robuste. »
Produire de bonne qualité
De 301 producteurs cette année, Lin 2 000 pourrait passer à près de 350 l’année prochaine. Ils se trouvent dans l’Oise autour de Grandvillers, Marseille-en-Beauvaisis, Crèvecoeur-le-Grand, Senlis et dans la Somme près de Poix-de-Picardie et d’Hornoy-le-Bourg. Les hectares cultivés devraient être de 3 700 en 2020 contre 3 000 cette année. Bien que sensible, la culture du lin est deux fois plus rentable que celle du blé. Des semis en passant par la coupe et le pressage en ballots via une coopérative d’utilisation de matériel agricole, Lin 2 000 épaule les agriculteurs qui franchissent le pas : « Les surfaces par planteur sont en moyenne de 12 hectares, précise Nicolas Defransure. Nous ne cherchons pas à produire plus mais à produire de bonne qualité car il y a toujours un risque avec le lin. C’est pour cela que nous utilisons le moins possible de produits phytosanitaires et d’engrais. Nous ne voulons pas épuiser la terre.
Nous avons même commencé à cultiver bio cette année mais c’est encore moins évident. Je travaille dans ce secteur depuis 2002 et je peux vous assurer qu’avec le lin, on ne sait jamais car c’est une culture qui décide à notre place et qui rend humble. » L’alternance de pluie et de soleil est nécessaire au lin une fois coupé pour qu’il rouisse et qu’une fois arrivé sur le site, la fibre et la tige soient décollées. Les fibres longues partent vers le port du Havre avant de prendre la direction de la Chine. La coopérative ne passe pas par des négociants mais vend directement aux filateurs. Les fibres courtes sont vendues en Belgique et deviennent de la mélasse car mélangées avec du coton. Seules, elles permettent de fabriquer du papier à cigarettes. Les anas sont notamment utilisés pour alimenter le réseau de chaleur de la ville de Grandvilliers long de 3,8 km et chauffer par exemple la piscine, la maison de retraite, 240 HLM…, chauffer une entreprise industrielle de Rantigny ou devenir de la litière pour chevaux. Les grains partent en Belgique pour produire de l’huile.