Innovation
Les rollers électriques d'AtmosGear : du rêve à la réalité
Des rollers électriques ultra rapides, adolescent, Mohamed Soliman en a rêvé en regardant un manga. Aujourd’hui, il veut réaliser ce rêve grâce à sa start-up AtmosGear, basée à Compiègne.
« Quand j’étais collégien, j’ai vu un manga japonais dans lequel les personnages avaient des rollers électriques qui allaient si vite, qu’ils s’envolaient. Cela faisait rêver tous les jeunes de mon âge », se souvient, avec amusement, Mohamed Soliman, fondateur de la star-up AtmosGear, basée à Compiègne. Les années passent, et ce qui semblait complètement farfelu, devient envisageable avec le développement des vélos et des trottinettes électriques.
« Mais pas de version électrique pour les rollers !, sourit le jeune homme. Comme rien n’arrivait, je me suis dit que j’allais le faire moi-même. Pour cela, j’ai décidé de devenir ingénieur ». Et comme il n’est pas question de perdre plus de temps, le projet est lancé en 2018 alors que le jeune entrepreneur suit encore son cursus à l’université technologique de Compiègne. « Il nous aura fallu trois ans de recherche et développement pour mettre au point les premiers rollers électriques au monde » constate-t-il.
Jusqu’ à 30 km d’autonomie
Résultat : des rollers urbains disposant d'une autonomie jusqu’à 30 km, grâce à une recharge pendant l’utilisation, et une vitesse maximum de 35 km/heure, gérée par télécommande. « Mais nous bridons les moteurs selon la législation en vigueur dans le pays de commercialisation », précise l’entrepreneur. Il existe deux versions, la platine motorisée qui s’adapte aux boots de roller et le kit complet. « Nos rollers pèsent en moyenne 2,2 kg contre 1,6 kg pour les versions classiques ». Enfin, il est possible de patiner quand la batterie est déchargée.
Pour arriver à ce résultat, Atmosgear a dû faire face à des challenges techniques de taille. « Nous avons développé notre propre moteur, le plus petit et puissant au monde, intégré dans une des trois roues de 110 mm de diamètre », explique Mohamed Soliman. Autre challenge, concevoir un système qui permet à l’utilisateur de changer lui-même la gomme de la roue quand elle est usée.
Une batterie déportée
« Nous avons également beaucoup planché sur la batterie et nous avons décidé de la déporter dans une sacoche que l’utilisateur porte en bas du dos, ce qui représente 1,2 kg ». Deux câbles à ressort, courant le long des jambes, la relient aux roues motorisées. Un choix fait, pour préserver la maniabilité et l’esthétique. « Je ne voulais pas inventer un nouveau mode de déplacement mais vraiment conserver l’apparence des rollers actuels », souligne le start-upper. Et pour protéger ses innovations, la jeune entreprise, qui compte cinq personnes dont trois salariés en CDI, a déposé deux brevets. « Si nous avons fait le choix audacieux d’une batterie déportée, c’est grâce au tour de France que nous avons réalisé l’année dernière au cours duquel nous avons rencontré 1000 béta testeurs. Cela nous a fait gagner deux ans en R&D », estime-t-il.
La start-up a lancé les précommandes de 500 exemplaires qui devraient être livrés cet été. « Nous avons vendu un peu plus de 300 exemplaires à 600 euros, c’est le moment de commander les derniers ! Ensuite le prix passera à 750 euros », avertit celui qui est aussi un rider passionné. La conception et design se sont déroulés dans l’Oise, l’assemblage des rollers se fera à Clairoix, où la start-up vient de trouver un local. « Ce sera un produit 100% Hauts de France » se félicite le jeune homme.
À l’assaut des États-Unis
En 2024, l’entreprise vise la commercialisation de 3 000 paires en Europe et aux États-Unis, un marché colossal. Et elle veut atteindre 10 000 rollers en 2025. « Nous étions seuls quand nous nous sommes lancés, désormais nous sommes trois sur ce segment et je veux être le leader », affirme Mohamed Soliman. Pour cela l’entrepreneur peut potentiellement s’appuyer sur une quarantaine de distributeurs dans le monde qui se sont manifestés suite à sa participation au Consumer Electronics Show (CES) à Las Vegas en janvier. « Mais si l’on peut assurer nous même la commercialisation, ce sera encore mieux ». En attendant l’entreprise prépare une virée aux États-Unis pour un tour de la « west coast » l’année prochaine.