Les TPE-PME encore en proie à de grosses difficultés de recrutement
Une enquête de conjoncture de la CPME révèle que les TPE-PME sont étouffées par « des difficultés de recrutement et un turn-over sans précédent ». L’organisation patronale s’alarme de cette « situation inédite sur le front de l’emploi ». État des lieux.
Pas moins de 94% des dirigeants qui cherchent à recruter avouent rencontrer des difficultés pour trouver le bon profil, selon la dernière enquête de conjoncture de la CPME*. Pourtant, ils sont plus de la moitié à chercher à embaucher. Première raison avancée, l’absence de candidats (74%), largement devant le manque de compétences (47 %). Dans le même temps, un dirigeant sur quatre confie être confronté à un turn-over important. En cause, le souhait des salariés de « se consacrer à autre chose qu’à leur vie professionnelle » (53 %). Autre raison invoquée, leur envie de changer de secteur d’activité (51 %). Un phénomène nouveau, « à la fois surprenant et inquiétant », pour des employeurs juge la CPME.
Lors de la précédente enquête de l’organisation patronale en mars dernier, la problématique des embauches semblait pourtant arriver loin derrière l’inflation, avec seulement 16 % des patrons qui la citaient comme leur principale difficulté, contre 58% pour l’inflation. Si d’un côté, le marché de l’emploi connaît une euphorie inédite - l’Urssaf a enregistré 6,97 millions de déclarations d’embauche (hors intérim), dont près de 2,5 millions de contrats longs au deuxième trimestre, soit un net rebond de 4,5 % en trois mois - de l’autre, des TPE-PME semblent bien en peine pour recruter.
Hausse des salaires et partage de la valeur
Face à cette situation inédite, 84 % des chefs d’entreprise estiment qu’il est nécessaire de réformer le système actuel d’indemnisation des chômeurs, via l’assurance-chômage. S'avouant impuissants, et même « désemparés » face aux comportements des candidats, voire de leurs propres salariés, les dirigeants multiplient pourtant les opérations séduction pour les retenir. Ainsi, la majorité (65%) indique avoir augmenté les salaires de ses équipes en 2022, pour motiver et fidéliser les collaborateurs. Et 58% d’entre eux, qu’ils l’aient déjà fait ou pas, prévoient d’accorder des hausses d’ici la fin de l’année. Ils ont également largement recours aux instruments de partage de la valeur, avec deux dirigeants sur trois qui ont versé récemment des primes à leurs salariés (49% des primes individuelles et 41 % des primes PEPA dites Macron). En revanche, la majorité des chefs d’entreprise (71 %) ne sont pas favorables à la mise en place d'un dividende salarié qui prévoirait un mécanisme obligatoire de partage de la valeur, y compris dans les plus petites entreprises.
Face à une inflation galopante
Autre difficulté de taille à laquelle ils doivent faire face, l’inflation. 93% des chefs d’entreprise sont impactés par la hausse des prix de la part de leurs fournisseurs, énergie comprise. L’enquête révèle que 77% d’entre eux ont le sentiment que leurs fournisseurs profitent de la situation pour augmenter leurs prix sans justification. En conséquence, un tiers des entreprises touchées voient l’inflation augmenter leur prix de revient de plus de 10 %. Pourtant, principalement par crainte de la réaction de leurs clients, 30% des dirigeants ne reportent pas cette hausse sur leurs prix de vente.
Concernant l’évolution de la situation globale de leur entreprise, au second semestre, seuls 27% d’entre eux anticipent une amélioration par rapport aux six mois précédents. En cause, un recul du chiffre d’affaires pour 31% des entreprises et une baisse du taux de marge pour 44% d’entre elles. A contrario, au premier semestre, l’avis des dirigeants de TPE-PME était plutôt favorable avec 37% qui constataient une amélioration par rapport au semestre précédent. Et la moitié des chefs d’entreprise interrogés disent ne pas avoir investi au premier semestre et ne pas souhaiter le faire d’ici la fin de l’année.
Pour finir sur une note plus optimiste, plus des deux tiers estiment pouvoir « adapter leur modèle économique avec une inflation durable de 5% par an » et 84% considèrent avoir la capacité d’honorer les échéances de remboursement de leurs PGE (Prêt garanti par l’État).
*Enquête menée auprès de 2 362 dirigeants de TPE-PME entre le 16 juin et le 12 juillet 2022, par l’envoi d’un questionnaire en ligne, pour ausculter la santé économique et la situation de l’emploi dans les entreprises.