Numérique responsable : adopter les bons réflexes
Alors que le ministère de la Transition écologique et l’ADEME ont lancé, en janvier, une campagne d’information, pour sensibiliser le grand public à l’impact des usages numériques sur l’environnement, les résultats d’une récente étude montrent à quel point la fabrication des terminaux (téléviseurs, smartphones, ordinateurs, tablettes…) est problématique.
Permettre à chacun d’être plus responsable dans ses usages du numérique. Tel était l’objectif de la campagne d’information, lancée en janvier, par le ministère de la Transition écologique et l’Agence de la transition écologique (ADEME), pour sensibiliser les Français aux impacts environnementaux du numérique. Adopter « des gestes simples qui font la différence », pour que « demain, usages du numérique et réflexe écologique aillent systématiquement de pair », a expliqué la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, lors d’une conférence de presse organisée à l’occasion du lancement de la campagne.
L’impact très lourd des terminaux électroniques
La toute première recommandation consiste à « allonger la durée de vie de ses appareils électroniques en les réparant plutôt que d’en racheter de nouveaux, et en achetant des appareils reconditionnés », car « la fabrication de tous les terminaux que nous utilisons – téléviseurs, ordinateurs, tablettes, téléphones… – représente la grande majorité des impacts environnementaux du numérique », a-t-elle poursuivi. Autres recommandations : « se connecter en wifi plutôt qu’à la 4G », « désactiver la sauvegarde automatique de ses données sur le cloud » et « ménager sa batterie en désactivant sa géolocalisation ».
« La collecte des données, le nerf de la guerre »
Pour accompagner cette politique publique, le Gouvernement a confié à l’ADEME et à l’Arcep, autorité de régulation des télécoms, la réalisation conjointe d’une étude sur l’évaluation de l’impact environnemental du numérique en France. « Cette étude est une première étape, la suivante sera une étude prospective à horizon 2030 et 2050 », a expliqué la présidente de l’Arcep, Laure de la Raudière. Pour réaliser ce type d’études sur l’empreinte carbone, l’épuisement des ressources fossiles et les consommations en métaux et minéraux, « la collecte de données est le nerf de la guerre », a-t-elle ajouté. Et c’est pourquoi « l’Arcep va utiliser le nouveau pouvoir [ndlr : qui lui a été confié par le législateur, en décembre dernier] pour collecter des données, non seulement auprès des opérateurs, mais auprès de l’ensemble des acteurs du numérique ». Et afin d’assurer la fiabilité de ces études, il faut également « asseoir une méthodologie rigoureuse et solide, à base de référentiels publics, permettant d’avoir des évaluations objectives de la situation ».
Terminaux, réseaux et centres de données : l’approche doit être globale
Selon les données de cette étude ADEME-Arcep menée sur une plus d’un an, l’empreinte carbone du numérique en France représente 2,5% du total de l’empreinte nationale. Elle provient à 79% des terminaux, à 16% des centres de données et à 5% des réseaux. La phase de fabrication des équipements (terminaux, serveurs, box…) représente à elle-seule 78% de l’empreinte carbone, loin devant l’utilisation (21%) ou la distribution (1%).
En prenant en compte l’empreinte carbone et l’épuisement des ressources naturelles que sont les métaux et les minéraux, les terminaux représentent 65 à 90% de l’impact environnemental du numérique, les centres de données de 4 à 20%, et les réseaux de 5 à 10%. Ces résultats mettent donc en exergue l’importance des mesures visant à allonger la durée d’usage des équipements, mais aussi le poids des serveurs (fabrication et usage) et celui des réseaux (principalement dans la phase d’utilisation).
Le reconditionnement des smartphones, un véritable levier d’action
Le reconditionnement fait partie des solutions qui permettent de réduire l’impact environnemental de la fabrication des produits. Ainsi, selon les résultats de l’étude, le fait d’acheter un smartphone reconditionné plutôt qu’un équipement neuf permet de réduire l’impact environnemental de 55 à 91 % sur un an, selon la façon dont l’appareil a été reconditionné (remplacement d’une ou plusieurs pièces) et le lieu où l’opération a été effectuée (à l’échelle locale ou à l’étranger). Cela permet, notamment, d’éviter l’extraction de 52 kilogrammes de matières première et l’émission de 25 kilogrammes de gaz à effet de serre.
Aussi l’ADEME encourage-t-elle les consommateurs à opter pour les smartphones reconditionnés en circuit court et les plateformes de distribution à organiser la reprise des téléphones et mettre en avant les produits reconditionnés en local. « Le renouvellement des smartphones est davantage un enjeu de mode que d’obsolescence programmée », a relevé le président-directeur général de l’ADEME, Arnaud Leroy.